Comment doit-on envisager les rapports entre justice et vengeance ?
Extrait du document
«
Introduction
On confond souvent justice et vengeance (comme lorsqu'on utilise l'expression contradictoire : « se faire justice soimême »).
Mais il est plus difficile d'être animé par l'esprit de justice que par l'esprit de vengeance.
Essayons
d'apprécier ce qui rapproche et ce qui oppose les deux choses.
I - La vengeance, réaction spontanée à une affaire personnelle.
a) Spontanéité de la vengeance.
On dit parfois que la vengeance est un plat qui se mange froid, parce qu'on peut
remettre à plus tard son accomplissement dans un but d'efficacité.
Cependant, le recours à la vengeance est
fondamentalement spontané : l'individu qui se croit victime d'un tort cède au désir immédiat de faire en contrepartie
du tort à l'individu jugé responsable.
Il s'agit d'une logique passionnelle, pour une affaire principalement personnelle.
b) A l'inverse, l'esprit de justice incite à se tourner vers l'institution judiciaire.
Celle-ci est organisée d'avance en vue
d'examiner des plaintes, et elle procède avec lenteur parce qu'elle examine les faits, les torts, les responsabilités,
sur la base de la loi établie par le pouvoir législatif.
II - Agent de la vengeance et autorité judiciaire.
a) La vengeance est une réaction de la victime supposée d'un tort.
La justice est rendue par un organisme social
indépendant, qui répare les torts occasionnés aux particuliers, mais défend aussi les intérêts collectifs de la société.
b) Dans la vengeance, le même individu est juge et partie.
Dans l'administration de la justice, le juge est un tiers,
distinct du plaignant et de l'accusé, ce qui favorise l'impartialité.
c) Dans la vengeance, l'individu en reste à l'appréciation subjective du tort supposé commis, et de la punition qu'il
appelle.
L'exercice de la justice se fonde sur des règles préalables, universelles, connues, et respecte des
procédures définies à l'avance, qui donnent un fondement objectif aux verdicts.
d) La victime supposée exerce elle-même la vengeance, tandis que le juge fait appel au pouvoir exécutif.
La vengeance se distingue de la punition en ce que l'une est une
réparation obtenue par un acte de la partie lésée, tandis que l'autre est
l'oeuvre d'un juge.
C'est pourquoi il faut que la réparation soit
effectuée à titre de punition, car, dans la vengeance, la passion joue
son rôle et le droit se trouve ainsi troublé.
De plus, la vengeance n'a
pas la forme du droit, mais celle de l'arbitraire, car la partie lésée agit
toujours par sentiment ou selon un mobile subjectif.
Aussi bien le droit
qui prend la forme de la vengeance constitue à son tour une nouvelle
offense, n'est senti que comme conduite individuelle et provoque,
inexpiablement, à l'infini, de nouvelles vengeances.
1) Quelle est la thèse de Hegel et comment le texte est-il construit ?
2) Expliquez:
a) "un acte de la partie lésée"
b) "le droit se trouve ainsi troublé"
c) "un mobile subjectif"
3) La punition peut-elle ne rien devoir à la vengeance ?
1.
Énoncé de la thèse de Hegel: En tant qu'acte de droit, la punition s'oppose rigoureusement à la logique purement
passionnelle de la vengeance..
»
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