Comment distinguer plaisirs et douleurs d'ordre physique et d'ordre moral ?

« Définition des termes du sujet: ORDRE: (n.

m., étym.

: latin ordo : file, disposition régulière) 1.

— Arrangement, disposition ; principe de disposition ; en part., logique : « L'ordre consiste en cela seulement que les choses qui sont proposées les premières doivent être connues sans l'aide des suivantes » (DESCARTES) ; « Le coeur a son ordre, l'esprit a le sien qui est par principe et démonstration » (PASCAL).

Bon ordre : arrangement conforme à la raison.

2.

— Catégorie, classe à laquelle appartiennent des personnes ou des choses hiérarchisées : l'ordre des médecins ; biol : groupe morphologique intermédiaire entre la classe et la famille.

3.

— Rang ; degré dans une hiérarchie : infiniment petit du second ordre, un philosophe de premier ordre.

4.

— Harmonie « Dieu ne fait rien hors de l'ordre » (LEIBNIZ).

5.

— Régularité, constance des phénomènes : « L'ordre et la régularité dans les phénomènes que nous appelons Nature» (KANT).

6.

— (Pol.) Organisation sociale ; stabilité, fait que les institutions et les décisions des autorités légales soient respectées.

7.

— Commandement, prescription.

8.

— Relation d'ordre (math.) : relation réflexive antisymétrique, transitive (ordre large) ; quand la relation n'est pas réflexive, on la qualifie d'ordre strict. Physique * Adjectif : qui relève du domaine de l'expérience sensible (par opposition à métaphysique). * Qui se rapporte au corps, à la constitution organique de l'homme (par opposition à moral). * Nom : science expérimentale étudiant les propriétés de la matière et les lois qui la gouvernent. Le bon sens établit une différence de nature entre plaisir et douleur d'ordre physique et plaisirs et douleurs moraux, c'est-à-dire d'ordre psychique pur, sans rien d'organique. I.

Plaisirs et douleurs moraux : 1° ils ont des expressions organiques discrètes; 2° ils impliquent une conscience réfléchie; 3° ils expriment des sentiments (amour, générosité, conscience d'une séparation). Les sentiments sont sources d'émotions, donc de plaisirs et de douleurs moraux puisque ceux-ci sont des émotions. 4° Plaisirs et douleurs moraux sont des émotions intellectualisées et socialisées. Intellectualisées : effets de conscience réfléchie.

La prise de conscience qui retourne la situation, mesure les conséquences, etc.

précède et déclenche l'émotion. Socialisées : l'expression des émotions est socialisée; il n'y a pas de plaisirs et douleurs moraux sans référence à autrui comme conscience et personne. II.

Le plaisir esthétique : 1° éléments intellectuels et sociaux viennent aussi se joindre à l'élément affectif; 2° projection d'états qui nous étouffent (purgation des passions ou « catharsis » d'Aristote); ou bien oubli des douleurs personnelles (Schopenhauer) : dans les deux cas, coup d'arrêt à la vie animale ou à la recherche de la survie; — échappée hors du présent; — révélation de quelque chose d'irréel, qui satisfait une aspiration profonde : soit une aspiration négative : se débarrasser de quelque chose qui nous trouble (plaisir esthétique de la laideur); soit une aspiration positive (communier avec un ordre idéal, une puissance paisible, une force héroïque : plaisir de l'harmonieux, du grandiose, du sublime). Donc, sympathie avec quelque chose qui se matérialise hors de nous, communion entre nous et avec le symbolisme de l'oeuvre.. »