Comment désirer avec bonheur ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
DÉSIR : Tension vers un objet que l'on se représente comme source possible de satisfaction ou de plaisir.
Comme
objet, c'est ce à quoi nous aspirons; comme acte, c'est cette aspiration même.
Le désir se distingue de la volonté, qui n'est pas un simple mouvement mais une organisation réfléchie de moyens en
vue d'une fin.
Le désir peut aller sans ou contre la volonté (un désir, par exemple, que je sais interdit et que je ne
veux pas réaliser); la volonté peut aller sans le désir (la volonté d'ingurgiter un médicament quand, pourtant, je ne
le désire pas).
Finalement, on peut dire que vouloir, c'est désirer au point d'agir effectivement pour atteindre ce qu'on désire.
Ce
qu'on veut, c'est toujours ce qu'on fait, de même que ce qu'on fait, c'est toujours ce qu'on veut.
On peut
finalement considérer la volonté comme une espèce de désir, c'est-à-dire comme le désir dont la satisfaction
dépend de nous.
BONHEUR: De bon et heur (terme dérivé du latin augurium, présage, chance).
État de complète satisfaction de
tous les penchants humains.
• Le bonheur se distingue du plaisir et de la joie, qui sont des émotions éphémères et toujours liées à un objet
particulier.
• Dans les morales eudémonistes, le bonheur est la fin de l'action humaine.
Pour Kant, en revanche, c'est
le respect de la loi morale qui doit orienter la volonté, et non la recherche du bonheur.
Car cette recherche est
toujours déjà intéressée, égoïste donc contraire à la morale.
Halte au désir ?
Le désir peut apparaître comme une menace qui se développe en nous : il peut contrarier notre volonté et notre
raison, et s'imposer à nous comme une force irrésistible.
Il met alors à mal la maîtrise de nous-mêmes.
De même, il
semble enfermer l'homme dans le cercle infini de l'insatisfaction : à peine un désir vient-il d'être satisfait qu'un autre
naît.
Si le désir est violent, irrationnel, et infini, faut-il chercher à le limiter, à le réprimer ? Mais si c'est par le désir
que l'homme imagine son plaisir et, plus largement, son bonheur, la répression du désir ne semble pas souhaitable.
Existe-t-il donc un objet du désir ou une manière de désirer qui ne menace ni n'aliène l'homme ?
La réponse de Épictète
Désire seulement ce qui dépend de toi !
" Il ne faut pas demander que les événements arrivent comme tu le veux,
mais il faut les vouloir comme ils arrivent ; ainsi ta vie sera heureuse.
"
Épictète, Manuel (Ier s.), VIII.
La liberté n'est pas la licence
L'opinion commune identifie la liberté à la libre spontanéité.
Or d'emblée
Épictète disqualifie une telle conception en l'attribuant à un « fou », c'est-àdire à un être déraisonnable.
L'homme libre, en effet, n'est pas celui à qui
tout advient selon sa volonté.
Est-ce que je puis transgresser les lois
physiques? Si personne ne peut m'empêcher de faire ceci ou cela, puis-je
encore vivre en communauté? Vouloir au hasard qu'adviennent les choses
qu'un hasard nous fait
croire bonnes, voilà qui n'est ni une « belle » chose ni une chose « très
raisonnable ».
Un tel vouloir apparente la liberté à une chimère.
Par
opposition, Épictète définit la liberté comme « une chose non seulement très
belle mais très raisonnable » et il nous donne plusieurs exemples de conduites
raisonnables.
D'abord comment procédons-nous dans l'écriture des lettres?
Est-ce que je veux écrire à ma fantaisie le nom de Dion? Non pas ; on
m'apprend à vouloir l'écrire comme il doit être.
De même que faisons-nous, en
général, dès qu'il y a un art (technique) ou une science? La même chose.
Comme l'écriture, les arts et les sciences obéissent à un ensemble de règles,
de principes supérieurs et extérieurs à l'individu.
Donc, par analogie, la liberté aussi.
L'homme libre veut que les choses arrivent comme elles arrivent.
Mais s'il est vrai que la liberté n'est pas la fantaisie, ne peut-on pas, parfois, faire en sorte que les choses arrivent
comme nous le voulons? Si je désire la santé, ne puis-je pas, par un régime approprié, la conserver? C'est oublier
que, pour Épictète et le stoïcisme, une Providence sage a tout organisé selon des lois inexorables.
Et lorsque
Épictète affirme que « la liberté consiste à vouloir que les choses arrivent comme elles arrivent », cela signifie que la
liberté est la conformité à la nécessité ou qu'être libre, c'est être capable de comprendre et vouloir l'ordre rationnel
du cosmos.
S'il est donné à l'homme de « vouloir que les choses arrivent comme elles arrivent », il lui est surtout
donné de faire que tout événement lui apparaisse comme il le veut.
La connaissance et la volonté libre n'oriententelles pas l'homme à l'intérieur de lui-même vers la sagesse, dans l'indifférence à ce qui se passe à l'extérieur?.
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