Comment concevoir la conscience ?
Publié le 15/10/2022
Extrait du document
«
La conscience, l’inconscient L’homme, dans la mesure où il est conscient, c’est-àdire capable de se prendre luimême pour objet de pensée, n’est plus simplement
dans le monde comme une chose ou un simple être vivant, mais il est au
contraire devant le monde : la conscience, c’est la distance qui existe entre moi
et moi-même et entre moi et le monde
Comment concevoir la conscience ? Que je sois certain que j’existe ne me dit pas
encore qui je suis.
Descartes répond que je suis « une substance pensante »
absolument distincte du corps.
Pourtant, en faisant ainsi de la conscience une «
chose » existant indépendamment du corps et repliée sur ellemême, Descartes
ne manquet-il pas la nature même de la conscience, comme ouverture sur le
monde et sur soi ? C’est ce que Husserl essaie de montrer : loin d’être une chose
ou une substance, la conscience est une activité de projection vers les choses.
Elle est toujours au-delà d’elle-même, qu’elle se projette vers le monde, vers ses
souvenirs vers ou l’avenir, à chaque fois dans une relation – ou visée – que
Husserl nomme « intentionnelle ».
La conscience que j’ai d’exister peut-elle être
remise en doute ? Je peux me tromper dans la connaissance que je crois avoir de
moi (celui qui croyait être courageux peut s’avérer n’être qu’un lâche, par
exemple), mais la pure conscience d’être, elle, est nécessairement vraie.
Ainsi,
Descartes, au terme de la démarche du doute méthodique, découvre le caractère
absolument certain de l’existence du sujet : « je pense, donc je suis ».
Cette
certitude demeure, et rien ne peut la remettre en cause.
Descartes fait alors du
phénomène de la conscience de soi le fondement inébranlable de la vérité, sur
lequel toute connaissance doit prendre modèle pour s’édifier.
L’intentionnalité de
la conscience Que la conscience ne soit pas une substance mais une relation,
cela signifie que c’est par l’activité de la conscience que le monde m’est présent.
Husserl tente, tout au long de son œuvre, de dégager les structures
fondamentales de cette relation, à commencer par la perception.
Il montre ainsi
que celle-ci est toujours prise dans un réseau de significations : je ne peux
percevoir que ce qui pour moi a un sens.
Suis-je totalement transparent à moimême ? La conscience n’est pas pure transparence à soi : le sens véritable des
motifs qui me poussent à agir m’échappe souvent.
C’est ce que Freud affirme en
posant l’existence d’un inconscient qui me détermine à mon insu.
Le sujet se
trouve ainsi dépossédé de sa souveraineté et la conscience de soi ne peut plus
être prise comme le modèle de toute vérité.
La conscience, l’inconscient
L’homme, dans la mesure où il est conscient, c’est-à-dire capable de se prendre
luimême pour objet de pensée, n’est plus simplement dans le monde comme une
chose ou un simple être vivant, mais il est au contraire devant le monde : la
conscience, c’est la distance qui existe entre moi et moi-même et entre moi et le
monde.
Le Caravage, Narcisse, vers 1597-1599.
ÂME Du grec « psyché », l’âme
est le terme longtemps utilisé pour désigner la conscience.
Cependant, il faut
prendre garde aux différents sens du mot âme qui peut parfois recouvrir des
réalités différentes et qui est souvent employé dans un sens religieux ou
théologique.
COGITO Ce terme signifie « je pense » en latin.
Formulé par
Descartes, le cogito est un terme qui désigne la conscience humaine en tant que
sa caractéristique première est d’être pensante et d’être le propre d’une
subjectivité.
Le cogito est donc la certitude première de toute conscience et le
fond sur lequel tout acte de conscience prend naissance.
Descartes le formule
ainsi clairement dans le Discours de la méthode (1637) : cogito ergo sum, « je
pense, donc je suis ».
CONSCIENCE Il faut distinguer la conscience d’objet de la
conscience de soi, comme le montrent bien en français les deux expressions
suivantes : « avoir conscience (de quelque chose) », qui signifie être dans un
rapport direct à un objet, et « être conscient », qui signifie que nous sommes à
nous-mêmes notre propre objet de conscience.
La conscience de soi peut être
définie comme le savoir intérieur immédiat que l’homme possède de ses propres
pensées, sentiments et actes.
Enfin, rappelons que le mot « conscience » est un
terme moderne, qui n’existe pas en tant que tel dans l’Antiquité : on parlait alors
d’âme pour désigner cette présence du sujet à lui-même et aux choses.
CONSCIENCE INTENTIONNELLE L’intentionnalité, du latin intentio, est un terme
utilisé en phénoménologie par Husserl pour désigner l’acte par lequel la
conscience se rapporte à l’objet qu’elle vise.
En affirmant que « la conscience est
toujours conscience de quelque chose », © rue des écoles & Le Monde, 2020.
Reproduction, diffusion et communication strictement interdites.
L'ESSENTIEL DU
COURS Le sujet 7 L'inconscient n'est pas le non conscient : mes souvenirs ne
sont pas tous actuellement présents à ma conscience, mais ils sont disponibles
(c'est le préconscient).
L'inconscient forme un système indépendant qui ne peut
pas devenir conscient sur une simple injonction du sujet parce qu'il a été refoulé.
C'est une force psychique active, pulsionnelle, résultat d'un conflit intérieur entre
des désirs qui cherchent à se satisfaire et une personnalité qui leur oppose une
résistance.
Il se produit en nous des phénomènes psychiques dont nous n’avons
pas conscience, mais qui déterminent certains de nos actes conscients.
Ainsi,
nous pensons nous connaître, mais nous ignorons pourquoi nous avons de
l’attrait ou de la répulsion à l’égard de certains objets.
Cela peut être la part
inconsciente de notre personnalité qui entre en jeu.
Selon Freud, toute névrose
provient d’une rupture d’équilibre entre le surmoi, le ça et le moi, qui se
manifeste par un sentiment d’angoisse : – le « ça » est totalement inconscient ;
il correspond à la part pulsionnelle (libido et pulsion de mort) ; – le « moi » est
conscient ; la part inconsciente est chargée de se défendre contre toutes les
pulsions du « ça » et les exigences du « surmoi » ; – le « surmoi » désigne
l’instance psychique inconsciente, exprimant la puissance des interdits
intériorisés (interdit parental, interdits sociaux) qui sont à l’origine du
refoulement et du sentiment de culpabilité.
Le « surmoi » est celui qui interdit ou
autorise les actes du « moi ».
Je ne suis donc pas « maître dans ma propre
maison », et le conflit entre ces trois instances psychiques se manifeste par la
névrose.
La cure psychanalytique consiste à retrouver un équilibre vivable entres
les contraintes sociales et nos désirs.
L'inconscient ne pourra s'exprimer
qu'indirectement dans les rêves, les lapsus et les symptômes névrotiques.
Seule
l'intervention d'un tiers, le psychanalyste, peut me délivrer de ce conflit entre
moi et moi-même, conflit que Freud suppose en tout homme.
La conscience faitelle la grandeur ou la misère de l’homme ? Pascal répond qu’elle fait à la fois
l’une et l’autre.
Parce qu’elle rend l’homme responsable de ses actes, la
conscience définit l’essence de l’homme et en fait sa dignité.
J’ai conscience de
ce que je fais et peux en répondre devant le tribunal de ma conscience et celui
des hommes : seul l’homme a accès à la dimension de la spiritualité et de la
moralité.
Pourtant, parce que la conscience l’arrache à l’innocence du monde,
l’homme connaît aussi par elle sa misère, sa disproportion à l’égard de l’univers
et, surtout, le fait qu’il devra mourir.
Cependant, avoir conscience de soi, ce n’est
pas lire en soi comme dans un livre ouvert; savoir que j’existe,....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Comment concevoir la conscience ?
- Philosophie : Conscience/ Inconscient
- la conscience nous condamne a l'inquiétude ?
- Montrez les différents éléments de l’argumentation qui permettent d’établir que Kant a une conception de la conscience qui se trouve être encore ici d’inspiration cartésienne
- la conscience peut-elle faire obstacle au bonheur ?