Aide en Philo

Comment comprendre qu'une oeuvre d'art survive à l'époque qui lui a donné naissance ?

Extrait du document

« INTRODUCTION • De l'ensemble des oeuvres que nous rassemblons sous l'appellation « art », la majeure partie provient d'époques lointaines, qui n'ont plus grand chose de commun avec la nôtre, tant du point de vue intellectuel ou affectif que du point de vue social ou politique.

Toutefois, ces oeuvres nous intéressent encore, elles continuent à nous émouvoir ou à nous séduire, alors que les aspects plus « ordinaires » de la société qui les a produites ne concerneraient qu'un historien, sinon un archéologue.

Comment l'oeuvre d'art peut-elle ainsi survivre au temps de son élaboration ? I.

L'art appartient à une époque • L'artiste ne vit pas en dehors de l'histoire ou de la société.

Il est donc influencé par de multiples caractères de son époque : — connaissances techniques et scientifiques ; — croyances religieuses ; — système politique ; — mentalité globale ; — jusqu'à la définition de son statut, du beau, et de l'art lui-même (historiquement variables). • D'où l'interrogation de Marx : alors qu'il conçoit l'art comme faisant partie des superstructures, donc déterminé par l'infrastructure économique de la société où il apparaît, il constate que, au XIXe siècle, l'art grec sert encore de référence dominante, alors que l'infrastructure qui l'a rendu possible (le système esclavagiste) a évidemment disparu. ...

En ce qui concerne l'art on sait que certaines époques de floraison artistique ne sont nullement en rapport avec l'évolution générale de la société, ni donc avec le développement de la base matérielle qui est comme l'ossature de son organisation.

Par exemple les Grecs comparés aux modernes, ou encore Shakespeare.

Pour certaines formes de l'art, l'épopée par exemple, on va jusqu'à reconnaître qu'elles ne peuvent jamais être produites dans la forme classique où elles font époque.

Dès que la production de l'art fait son apparition en tant que telle; on admet par là, que dans la propre sphère de l'art, telles de ses créations insignes ne sont possibles qu'à un stade peu développé de l'évolution de l'art.

Si cela est vrai du rapport des divers genres d'art à l'intérieur du domaine de l'art lui-même, on s'étonnera déjà moins que cela soit également vrai du rapport de la sphère artistique dans son ensemble à l'évolution générale de la société.

La seule difficulté c'est de formuler une conception générale de ces contradictions. Prenons par exemple l'art grec...

dans son rapport à notre temps.

Il est bien connu que la mythologie grecque fut non seulement l'arsenal de l'art grec mais aussi sa terre nourricière.

L'idée de la nature et des rapports sociaux qui alimente l'imagination grecque...

est-elle compatible avec les métiers à filer automatiques, les locomotives et le télégraphe électrique? Qu'est-ce que Vulcain auprès de Roberts et Cie, Jupiter auprès du paratonnerre?...

Toute mythologie dompte, domine, façonne les forces de la nature, dans l'imagination et par l'imagination; elle disparaît donc au moment où ces forces sont dominées réellement...

D'autre part, Achille est-il possible à l'âge de la poudre et du plomb?...

Les conditions nécessaires de la poésie épique ne s'évanouissent-elles pas? Mais la difficulté n'est pas de comprendre que l'art grec et l'épopée sont liées à certaines formes du développement social, la difficulté, la voici : ils nous procurent encore une jouissance artistique et à certains égards ils servent de norme, ils nous sont un modèle inaccessible... ...

Un homme ne peut redevenir enfant sans être puéril.

Mais ne se réjouit-il pas de la naïveté de l'enfant et ne doit-il pas lui-même s'efforcer à un niveau plus élevé de reproduire sa vérité ? Est-ce que, dans la nature enfantine, ne revit pas le caractère de chaque époque, dans sa vérité naturelle ? Pourquoi l'enfance historique de l'humanité au plus beau de son épanouissement n'exercerait-elle pas l'attrait éternel du moment qui ne reviendra plus ? MARX Ce fragment sur le problème de l'art appartient à un texte de 1857 Introduction générale à la Critique de l'économie politique que Marx ne fit pas publier.

Marx écrira deux ans après dans l'Avant-propos de la Critique de l'économie politique.

« J'avais ébauché une introduction générale, mais je la supprime.

Réflexion faite, il serait gênant d'anticiper sur des résultats non encore établis.

» Le texte a été publié pour la première fois par Kautsky en 1903.

Le problème de l'art est, nous allons dire pourquoi, un des plus épineux qui puissent se poser à un marxiste.

Les marxistes contemporains qui s'y sont attaqués (Georg Lukacs, professeur d'esthétique à Budapest, Henri Lefebvre en France, Contribution à l'esthétique, Ed.

Sociales) ne l'ont pas eux-mêmes pleinement résolu. Pour aborder ce texte sur l'art il faut d'abord rappeler le principe général de la philosophie marxiste, c'est-à-dire du matérialisme historique.

Les forces productives (l'état des techniques et des moyens de production économiques, à. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles