Comment communiquer avec autrui ?
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Le langage est, sans doute, le moyen de communication le plus usuel avec autrui, mais il traduit surtout des données objectives, générales et semble impropre à l'expression du singulier, des sentiments. D'où l'idée qu'il n'y aurait de véritable communication que dans la communion des personnes et des sentiments. De ce point de vue, Gaston Berger affirme que « l'homme est condamné, par sa condition même, à ne jamais satisfaire un désir de communication auquel il ne saurait renoncer. »
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Le langage est, sans doute, le moyen de communication le plus usuel avec autrui, mais il traduit surtout des
données objectives, générales et semble impropre à l'expression du singulier, des sentiments.
D'où l'idée qu'il n'y
aurait de véritable communication que dans la communion des personnes et des sentiments.
De ce point de vue,
Gaston Berger affirme que « l'homme est condamné, par sa condition même, à ne jamais satisfaire un désir de
communication auquel il ne saurait renoncer.
»
Chacun est enfermé dans la souffrance, isolé dans le plaisir, solitaire jusque dans la mort.
Mon ami souffre, je peux
bien souffrir de le voir souffrir, autant que lui, plus peut-être, mais je souffre autrement que lui : je ne suis jamais
tout à fait avec lui.
On pourrait certes objecter que, dans ce cas, s'il y a séparation entre moi et mon ami, c'est
parce qu'il y a une distance entre les expériences vécues.
Je ne souffre pas pour la même raison que mon ami.
Qu'en est-il dans le cas où deux êtres qui s'aiment sont confrontés à une même épreuve ? Dans l'amour ou l'amitié,
est-ce que je ne connais pas suffisamment l'autre pour éprouver de l'intérieur une souffrance identique ? On peut
toujours répondre que chacun ne souffre jamais que pour soi en fonction de son vécu passé, de sa personnalité,
qu'on peut partager ce que l'on a mais non ce que l'on est, et conclure avec Gaston Berger que « l'univers des
autres m'est aussi exactement interdit que le mien leur est fermé ».
Seule la subjectivité est, en effet, une existence véritable.
En d'autres termes, le fait d'être est ce qu'il y a de plus
privé.
Mon existence est la seule chose que je ne puisse communiquer.
Je peux la raconter mais je ne peux la
partager.
Vision pessimiste ? Non, car la sympathie est tout autre chose que la fusion des sentiments et des
personnes.
Elle est compréhension affective d'autrui.
Je peux saisir ses sentiments, sans pour autant les éprouver
moi-même.
Je peux ainsi sympathiser avec des sentiments que je n'ai jamais éprouvés et des situations que je n'ai
jamais vécues.
De plus, l'idée d'une fusion avec autrui qui serait une confusion entre deux êtres est, comme le
souligne Lévinas, « une fausse idée romantique ».
Le pathétique de la relation à autrui, de l'amour, consiste
précisément dans « le fait d'être deux », et que « l'autre y est absolument autre ».
Poser autrui comme autre,
comme liberté, ce n'est pas reconnaître l'échec de la communication, mais l'échec « du mouvement qui tend à saisir
ou à posséder une liberté »..
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