Cicéron, La monarchie: le meilleur et le pire des gouvernements

« Indications générales Cicéron (106-43 avant J.-C.) est d'abord connu comme orateur, mais c'est aussi un philosophe à part entière, qui a transposé dans la langue latine l'enseignement des Grecs.

Il se rattache au courant philosophique du stoïcisme qui, avec l'épicurisme, domina le monde antique du IIIe siècle avant J.-C.

jusqu'au IIe siècle de notre ère.

[Voir les autres auteurs stoïciens: Sénèque, Épictète, Marc Aurèle.] Citation «En lui-même en effet, le gouvernement royal non seulement n'a rien qui appelle la réprobation, mais ce pourrait, si je pouvais me satisfaire d'une forme simple, être celui que de beaucoup je préférerais aux autres formes simples, à condition qu'il observât son caractère véritable, c'est-à-dire que par le pouvoir perpétuel d'un seul, par son esprit de justice et sa sagesse, le salut, l'égalité et le repos des citoyens fussent assurés.

[ ..] Voyez-vous maintenant comment un roi est devenu un despote et comment, par la faute d'un seul, la meilleure forme de gouvernement est devenue la pire.

[ ..] Sitôt en effet que ce roi s'est écarté de la justice dans la domination qu'il exerce, il devient un tyran, et l'on ne peut concevoir d'animal plus affreux, plus hideux, plus odieux aux hommes et aux dieux ».

(De la République [51 avant J.-C.], livre II, § 23-26.) Explication L'intérêt de ce texte, c'est qu'il donne un aperçu de ce que peut être une pensée politique chez un philosophe stoïcien.

Cicéron, à la suite de Platon, pense la cité humaine par analogie avec l'âme: de même que dans celle-ci, la raison doit dominer les autres facultés pour que l'homme atteigne l'ataraxie (ou absence de trouble), de même, la cité doit être dominée par un homme rationnel et aimant la liberté, seul capable d'organiser la cité de telle sorte que la liberté de chacun soit compatible avec la vie collective.

Cicéron adapte ainsi la théorie platonicienne des «philosophesrois».

C'est dans ces conditions que la monarchie est le meilleur gouvernement, le plus pur, qui ressemble à la théorie stoïcienne de l'organisation du cosmos par le logos (la raison).

Mais Cicéron n'ignore pas non plus le risque que fait peser sur la liberté de tous le gouvernement d'un seul. Exemple d'utilisation Ce texte de Cicéron peut être inséré dans une discussion sur le meilleur gouvernement.

Il prône plus le despotisme éclairé que la démocratie, ce qui le rend, pour nous, assez provocant.

Ce que Cicéron analyse, c'est moins la monarchie en elle-même que la manière dont tout régime (monarchie, aristocratie, démocratie) peut être excellent, mais peut dégénérer en son inverse (tyrannie, domination des plus riches, anarchie démagogique). SUJET TYPE: Pour limiter les pouvoirs de l'État, peut-on s'en remettre à l'État? DÉMAGOGUE : Du grec, démagôgos, meneur du peuple; en un sens négatif, celui qui excite les passions pour obtenir une réussite électorale. Contresens à ne pas commettre Ne pas faire de Cicéron un «royaliste» (ce serait anachronique), ni même, en fait un monarchiste: Cicéron dit bien que la monarchie court le risque, à chaque instant, de verser dans le despotisme arbitraire.

C'est pourquoi il dit aussi: «la meilleure constitution est celle qui réunit en de justes proportions les trois modes de gouvernement le monarchique, le gouvernement de l'élite et le populaire» (Il, § 25).

La meilleure république est donc celle dont les institutions permettent un partage du pouvoir entre les différentes classes, ce que Cicéron appelle la «concordance des ordres».

Mais qui assurera cette concordance?. »