Ce qui est vrai le restera-t-il toujours ?
Extrait du document
«
[La raison est cet instrument infaillible, nous permettant d'évitant l'erreur.
Seules la prévention et la
précipitation nous conduisent à des erreurs de jugement.
Une méthode de type géométrique peut nous
conduire immanquablement à la vérité.]
Des règles de méthode permettent d'éviter l'erreur
Descartes affirme que : « Ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien.
»
L'essentiel réside donc dans la méthode.
« Méthode » est un mot qui vient du grec et qui signifie à l'origine «
chemin » : c'est la voie qu'on emprunte pour mener sa pensée, pour ne pas s'égarer.
Si tous les hommes ont
une raison égale, savent également marcher, il semble clair à Descartes que certains s'égarent, se perdent,
dissipent leurs forces.
Il y a une sorte d'obsession cartésienne à ne pas se perdre, de ne pas errer, de ne pas
se tromper.
Pour un savant ou un philosophe qui, comme lui, sort des sentiers battus et balisés de la tradition,
rien ne saurait être plus important que de ne pas s'égarer dans les terres inconnues à découvrir.
On trouve chez Descartes une magnifique définition de la méthode :
« Par méthode, j'entends des règles certaines et faciles, grâce auxquelles tous ceux qui les observent
exactement ne supposeront jamais vrai ce qui est faux, et parviendront sans se fatiguer en efforts inutiles,
mais en accroissant progressivement leur science, à la connaissance vraie de tout ce qu'ils peuvent atteindre.
»
« Règles pour la direction de l'esprit » (IV).
La méthode garantit donc :
La certitude (l'élimination de l'erreur) ;
La facilité et l'économie d'efforts ;
La fécondité et l'augmentation progressive des connaissances ;
La sagesse, en ce sens que l'homme qui s'y soumet atteindra la connaissance de tout ce qu'on peut
humainement savoir.
Resterait à dire pourquoi Descartes ressent le besoin de créer une méthode, applicable à tous les objets de
connaissance, après vingt-trois siècle de science et de philosophie.
La première partie du « Discours » en
fournit l'explication, qui se présente comme une biographie intellectuelle.
Descartes y expose ce qui l'a poussé
à sortir des sentiers battus, c'est une véritable crise de l'éducation qui est le signe d'une crise de civilisation.
Bon élève dans un excellent collège, Descartes découvre avec consternation que tout ce qu'on lui propose,
quelles que soient son utilité et sa richesse, n'est bâti « que sur du sable et de la boue ».
Le doute s'immisce
dans son esprit : alors qu'il a été éduqué par les meilleurs maîtres, sa recherche d'une certitude échoue.
Il
cherchait, et l'éducation lui promettait « la connaissance claire et assurée de tout ce qui est utile à la vie »,
mais il se trouve « embarrassé de tant de doutes et d'erreurs, qu'il me semblait n'avoir fait aucun profit, en
tâchant de m'instruire, sinon que j'avais découvert de plus en plus mon ignorance ».
L'échec de la tradition pousse donc Descartes à trouver par lui-même et une connaissance vraie, et la
méthode qui y conduit.
Ce faisant, Descartes réduit à néant les autorités traditionnelles, ce système de
pensée qu'on nomme la scolastique et qui est l'héritage d'Aristote repensé par le christianisme.
Le
cartésianisme récuse donc une autorité fondée sur le respect de la tradition, pour y substituer les droits de la
raison.
Toute vérité doit être prouvée
Descartes parle surtout des vérités formelles.
Pour ce qui est des vérités factuelles, c'est-à-dire se
rapportant à la réalité, la démonstration par l'expérience permet d'éviter l'erreur.
On peut ainsi démontrer la
vérité ou fausseté d'affirmations telles que «Dieu existe» ou «L'eau bout à cent degrés» simplement en les
comparant à l'expérience.
On accordera à Popper que dans le domaine des sciences physiques ou plus généralement des sciences de la
nature, démontrer une théorie, c'est tenter de la falsifier, autrement dit, élaborer les conditions de la
découverte des faits capables de l'infirmer.
L'histoire de ces sciences nous montre qu'aucune théorie, même
parfaitement établie dans la communauté scientifique, n'est jamais définitive.
Les progrès se font par erreurs,
par conjectures et réfutations.
On ne peut jamais souscrire à une théorie que provisoirement, c'est-à-dire
tant qu'elle survit aux tests destinés à l'invalider.
On constate aussi qu'une nouvelle théorie n'annule pas
toujours complètement l'ancienne.
Elle peut, tout en la contredisant, la contenir comme bonne approximation,
lorsqu'un paramètre tend vers une valeur limite.
Par exemple, la théorie de l'attraction universelle de Newton.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Ce qui est vrai le restera-t-il toujours ?
- Ne doit-on tenir pour vrai que ce qui est scientifiquement prouvé ?
- Est-il vrai que tout a une raison?
- Descartes: Suffit-il d'être certain pour être dans le vrai ?
- Bergson: Pouvons-nous concevoir un rapport entre le beau et le vrai ?