Caractérisez psychologiquement le travail, le jeu et leurs rapports ?
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Caractérisez psychologiquement le travail, le jeu et leurs rapports.
CONSEILS
L'enseignement traditionnel ne traite guère, au moins expressément, du travail considéré sous l'angle psychologique
Mais il est clair que cette importante notion se relie a celles d efforts, de volonté, d'attention.
Introduction.
On oppose l'expansion joyeuse du moi dans le jeu aux contraintes souvent fastidieuses du travail.
Mais on prétend
aussi régler les loisirs, diriger le jeu ; comme on souhaite que l'individu prenne intérêt à son travail et même travaille
dans la joie, comme si le travail pouvait être un jeu.
Ainsi, travail et jeu font antithèse et doivent pourtant
s'apparenter.
Leur analyse permettra de dégager leurs rapports.
I.
— Analyse du jeu.
a) Sa structure générale.
— Le jeu est une activité libre ce qui doit s entendre en trois sens.
Le jeu est libre en
un sens intellectuel : l'esprit n'est pas asservi à la situation objective ; il crée ou reconstruit à sa guise le monde
dans lequel se déploie le jeu.
Celui-ci est libre en un sens biologique : le jeu ne répond pas à une nécessité vitale.
Chasse et pêche cessent d'être des jeux si elles sont indispensables à mon entretien (consommation ou vente du
poisson ou du gibier).
Enfin, le jeu est libre en un sens moral et social : il n'est ni commandé ni obligé.
Ce n'est plus
jouer que jouer par ordre ou par devoir.
Mais cette activité libre est réglée.
On ne joue pas à faire n'importe quoi.
L'intérêt propre du jeu résulte de ce qu'on
s'achemine à un certain but par des procédés définis à l'avance, dans le cadre de conventions préalables.
Tricher
n'est plus jouer.
Le plaisir du tricheur (plaisir du gain ou autre) n'est plus le plaisir spécifique du jeu.
b) Son contenu.
— Le jeu emprunte son matériel à la conduite utilitaire.
Mais il diffère de l'activité sérieuse, qu'il
imite, en ce qu'il abrège et simplifie les actes utiles de l'adulte, et les feint plus qu'il ne les accomplit.
On évite, dans
les jeux de combat, d'aller jusqu'aux blessures.
On fait abstraction des accidents et des hasards qui, dans la vie
réelle, « faussent le jeu », comme le secours prêté par un tiers au lutteur plus faible.
L'instrument du jeu lui aussi
est sommaire, parfois symbolique : une pièce de bois grossière peut représenter une arme, une maison, une voiture.
c) Son aspect subjectif.
— La conscience enfantine distingue graduellement le jeu et la vie sérieuse.
Mais le jeu
comporte toujours, avec la séparation plus ou moins nette de ces deux activités, un transfert, grand ou petit, dans
son domaine propre, de l'intérêt qui s'attache à la conduite utilitaire.
Le jeu n'est attachant que parce qu'il est pris
au sérieux, comme le montrent les querelles des joueurs.
d) Ses conditions.
— Le jeu a des conditions physiques.
Il exige des forces en excès.
On dépense dans le jeu
l'énergie qui n'est pas usée dans le travail, et, d'abord, dans le simple fonctionnement vital ; l'enfant malade ne joue
pas.
Le jeu exige la maturation du système nerveux, qui permet d'ajuster et de coordonner les mouvements.
Le jeu a des conditions mentales diverses.
L'enfant doit se libérer du syncrétisme, se distinguer, notamment, de
l'instrument du jeu, à la manipulation duquel il prendra un intérêt croissant.
C'est par l'imitation, assez tardive et
laborieuse, qu'il s'initiera à la plupart des jeux.
Enfin, tout jeu social suppose une convention, qui fixe les devoirs et
les droits communs des joueurs.
Mais l'enfant très jeune comprend mal et supporte impatiemment cette règle, parce
que son égocentrisme l'empêche de se placer au point de vue des autres, de situer ses adversaires sur le même plan
que lui-même.
II.
— Analyse du travail.
On insiste plus volontiers sur l'aspect économique ou moral du travail que sur son mécanisme mental.
Mais, si le
travail entendu au sens social et le travail entendu au sens psychologique se recouvrent pour l'essentiel, ils ne
coïncident pas exactement.
Le travail, comme l'a montré Pierre Janet, est une conduite élevée, relativement exceptionnelle, dont sont plus ou
moins incapables, outre les animaux* les enfants très jeunes, les aliénés, et beaucoup d'hommes adultes
apparemment normaux.
Quel est donc son caractère propre ?
L'action, sous sa forme élémentaire, suit du déclenchement de la tendance, par l'effet d'un stimulant approprié.
Le
désir alimentaire détermine l'enfant, qui voit le gâteau, à le prendre et à le manger.
Le boeuf, sous la menace de
l'aiguillon du bouvier, avance et tire la charrue.
Le paradoxe du travail est qu'ici l'action ne répond directement à
aucune tendance assez forte pour la déclencher.
L'homme qui travaille fait ce qu'il n'a pourtant pas envie de faire.
Cependant le travail, ou, ce qui revient au même, l'effort, est possible, si la tendance, faible en soi, à accomplir une
certaine tâche, mobilise à son profit des tendances différentes dont elle est solidaire.
Ainsi le désir de réussir à
l'examen active, chez l'élève, la tendance à accomplir une tâche scolaire plus ou moins fastidieuse.
Le coureur
cycliste soutient sa course malgré le faible intérêt de ce déplacement monotone et épuisant, parce que sa tendance
à courir, pauvre par elle-même, bénéficie d'un apport d'énergie, s'enrichit de celle dont sont chargées d'autres
tendances plus fortes : appât de la prime, désir de la gloire, etc.
Le paresseux est l'homme incapable d'opérer ce «
drainage d'énergie » (P.
Janet), capable seulement d'une action qui réponde directement à son désir..
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