Bonheur: plaisirs et moralité ?
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Définition des termes du sujet:
BONHEUR: De bon et heur (terme dérivé du latin augurium, présage, chance).
État de complète satisfaction de tous les penchants
humains.
• Le bonheur se distingue du plaisir et de la joie, qui sont des émotions éphémères et toujours liées à un objet particulier.
• Dans les
morales eudémonistes, le bonheur est la fin de l'action humaine.
Pour Kant, en revanche, c'est le respect de la loi morale qui doit orienter
la volonté, et non la recherche du bonheur.
Car cette recherche est toujours déjà intéressée, égoïste donc contraire à la morale.
Plaisir
Du latin placere, être agréable à ..
a) Sensation ou émotion agréable, liée à la satisfaction d'un besoin, d'un désir.
b) Principe de plaisir : chez Freud, principe primaire en
vertu duquel nous cherchons d'abord à nous procurer du plaisir et à fuir le déplaisir.
Comme satisfaction sensible, le plaisir est le plus souvent conçu négativement comme un tyran qui éloigne l'homme de la raison et de la
sagesse.
Le bonheur (heur, du latin augurium, augure) semble être un état où la chance est déterminante.
L'homme heureux l'est parce que la
fortune lui sourit.
En ce cas, il reçoit en lui un état de contentement de manière passive.
Ainsi se définit un bonheur simplement possible,
jamais certain, puisque tributaire d'une intervention providentielle de la chance.
Cela peut-il satisfaire notre désir et notre exigence de
bonheur ? Si le bonheur ne dépendait que du sort, il ne possèderait pas de valeur par lui-même.
Or tous les hommes le désirent comme
un bien.
Peut-on faire de la chance une condition du bien ? Si le bien est ce dont l'homme doit pouvoir se rendre responsable, n'est-il pas
nécessaire de dire que le bonheur dépend avant tout de notre activité ? Toute pensée du bonheur comme fin serait donc une réflexion sur
les moyens possibles par lesquels nous espérons l'atteindre.
Dès lors, comment concilier ce qui a priori semble s'exclure, d'une part l'attente passive d'une imprévisible chance, d'autre part l'action
mise en oeuvre pour atteindre ce qui, sans elle, pourrait ne jamais arriver ?
Bonheur et plaisir
Si tous les hommes recherchent le bonheur, on peut le considérer comme une fin universelle.
Il est
un bien, recherché pour lui-même.
Or, la nature donne aux « êtres vivants », dit Épicure, un critère :
le plaisir.
Si l'on ne peut concevoir de bonheur sans accompagnement d'un état de plaisir, c'est donc
que bonheur et plaisir sont liés.
En tant que sentiment d'une harmonie liée à notre nature, le plaisir
constitue en lui-même un bien que les hommes recherchent.
Et le désir, qui signe le manque d'un
plaisir et la tendance qui nous pousse à l'atteindre, est essentiel dans la compréhension de cette
quête universelle du bonheur par l'homme.
Cependant, il ne faut pas confondre bonheur et plaisir.
Il faut distinguer le plaisir en soi et les plaisirs multiples et variés qui peuvent s'offrir dans notre
existence.
Ils s'adressent aussi bien à notre corps qu'à notre âme.
Mais tout plaisir n'est pas un bien
pour nous, et toute douleur n'est pas un mal : manger un « bon » plat n'est pas forcément « bon »
pour la santé, et la privation déplaisante peut être bénéfique et amener un plaisir plus grand, après
coup.
De même, si l'absence de trouble de l'âme, ou ataraxie, est un bien en soi, il peut être bon
d'affronter une angoisse, de la supporter et la dépasser, pour atteindre un plus grande quiétude.
C'est le cas lors de crises existentielles qui mettent en jeu notre avenir et exigent de nous une
décision conditionnant notre bonheur futur, par exemple.
Nous devons donc nécessairement choisir, parmi les plaisirs, ceux qui peuvent effectivement nous
rendre heureux.
Penser son bonheur revient donc à savoir ce qui est un bien pour nous, et donc
intervenir activement dans sa réalisation.
Le bonheur dépend, en ce sens, de la connaissance de
notre nature et de celle des choses.
Nous apprenons, par exemple, à éviter la démesure dans le
plaisir, source certaine de douleurs futures.
La chance ou la malchance jouent donc un rôle à relativiser.
Bonheur et action
Le bonheur qui ne dépend que du sort appelle deux réflexions.
D'une part, « l'occasion » d'être heureux révèle ceux qui savent la saisir
activement : la prudence est une vertu nécessaire pour cueillir ce que la fortune offre.
D'autre part, sans mérite, le bonheur du chanceux
s'oppose à l'image d'un vrai bonheur qui serait l'oeuvre de celui qui le vit.
L'homme ne commence jamais par être heureux : il peut espérer le devenir.
Il faut donc que nous ayons l'idée d'un bonheur possible et
réalisable.
Si l'homme se sent appelé par le bonheur, comme par une vocation, c'est dans ses actions volontaires que son bonheur
commence à se réaliser.
Cela suppose travail et difficulté vaincue.
Il devient ainsi conquête sur soi et sur le réel, accompagnée d'un plaisir
de vaincre et de se vaincre.
Il y a un dépassement, une transcendance à l'égard de sa propre nature sensible et des difficultés de
l'existence.
Le bonheur n'est pas alors seulement la récompense ou le prix de notre action : notre action est déjà un bonheur en soi.
Moyens et fin forment ici une totalité qui constitue la vie heureuse.
Toutefois, si le bonheur est victoire sur soi-même, cela ne définit
encore qu'un bonheur personnel : n'est-il pas nécessaire de poser une limite et des conditions à la recherche d'un tel bonheur ?
Liberté réelle et liberté pensée
Si notre pensée résiste à l'idée du déterminisme comme explication de tout ce qui est, c'est sans doute parce qu'il exclut le possible.
L'homme ne pense pas ce qui est nécessaire mais encore ce qui est possible.
C'est pourquoi l'idée d'une liberté purement contingente lui
semble une définition plus juste de sa liberté.
L'homme se fait ainsi la source absolue de ses décisions et de ses actions.
Sa liberté est
pouvoir absolu de négation de tous les déterminismes.
Reconnaître à l'homme un tel pouvoir n'est cependant pas suffisant.
La liberté se met à l'épreuve dans son rapport au déterminisme.
Elle n'est, par conséquent, qu'en vertu de l'existence même du
déterminisme.
Il n'y a de problème de la liberté que pour une conscience qui s'engage et se voit contrainte.
Séparer les deux notions
revient donc, finalement, à penser des chimères.
Nous pouvons toujours penser la liberté comme un pur commencement d'agir ou de penser.
Mais nous n'avons encore rien dit d'une
liberté réelle, qui n'existe que par sa confrontation avec ce qui tend à la nier.
Être libre, par conséquent, ce n'est pas nier la réalité du
déterminisme, ce qui n'est pas en notre pouvoir.
C'est bien plutôt savoir ce que nous faisons avec le déterminisme, comme pôle
indispensable pour orienter notre liberté..
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