Bonheur comme dignité
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«
Définition des termes du sujet:
BONHEUR: De bon et heur (terme dérivé du latin augurium, présage, chance).
État de complète
satisfaction de tous les penchants humains.
• Le bonheur se distingue du plaisir et de la joie, qui sont des émotions éphémères et toujours liées à un
objet particulier.
• Dans les morales eudémonistes, le bonheur est la fin de l'action humaine.
Pour Kant, en
revanche, c'est le respect de la loi morale qui doit orienter la volonté, et non la recherche du bonheur.
Car
cette recherche est toujours déjà intéressée, égoïste donc contraire à la morale.
Dignité
Du latin dignitas, «qualité de celui qui est digne», «mérite» (de dignus, « digne »).
• Chez Kant, valeur particulière que possède l'humanité de l'homme, et qui mérite le respect.
• Parce que la personne humaine est une fin en soi, elle n'a pas de prix (elle ne peut être remplacée par quelque
autre chose de valeur équivalente).
Or, « ce qui est supérieur à tout prix, ce qui par suite n'admet pas d'équivalent,
écrit Kant, c'est ce qui a une dignité ».Seule est absolument bonne la bonne volonté.
Ces dispositions intérieures de l'âme comme la juste mesure, la maîtrise de soi, aussi favorables qu'elles paraissent
souvent à la moralité, n'ont pas, cependant, cette valeur absolue que leur attribuait Aristote.
Elles peuvent même
se prêter à un mauvais emploi : le courage d'un criminel ne le rend-il donc pas plus odieux ? Seul peut être
véritablement bon ce qui l'est par soi, ce qui l'est absolument.
Par suite, comme le souligne Kant, dans Fondements
de la métaphysique des moeurs, il n'est rien qui puisse être tenu pour absolument bon, si ce n'est seulement une
bonne volonté.
La bonne volonté, c'est celle qui se détermine à agir par pur respect du devoir.
Le devoir d'abord
Or il est bien connu qu'on peut être vertueux tout en étant malheureux, et être heureux sans être vertueux.
On
peut même dire que faire son devoir n'est pas le moyen le plus sûr d'être heureux : agir par devoir, c'est souvent
aller contre ses inclinations, ses désirs.
Certes agir moralement n'implique pas l'ascétisme, et on peut considérer que
c'est aussi indirectement un devoir de travailler à son bonheur car un minimum de bien-être est la condition de la
vertu.
Mais, pour Kant, la recherche du bonheur est seconde par rapport au devoir.
Si, au fond, il y a une certaine
opposition entre le bonheur et la vertu, c'est parce que le bonheur obéit à des motivations empiriques rebelles par
nature à toute universalisation, alors que le devoir commande universellement.
Ce que les hommes nomment le
bonheur n'est souvent que l'objet temporaire et accidentel de leur désir.
Il n'est, en fait, pas possible de déterminer
avec une certitude complète ce qui pourrait rendre heureux.
Le bonheur, selon l'expression de Kant, est « un idéal,
non de la raison, mais de l'imagination ».
Le philosophe allemand KANT a déjà rédigé son premier grand livre de
métaphysique (ou plus exactement de critique de la métaphysique),
« Critique de la raison pure » (1781), lorsqu'il entreprend une première
approche de la morale avec les « Fondements de la métaphysique des
moeurs » (1785) qui précéderont de trois ans son grand ouvrage sur la
morale : « Critique de la raison pratique » (1788).
On connaît le résultat de cette critique de la métaphysique : sur les
questions de l'âme (le sujet profond de notre expérience interne), du monde
(le tout complet de la réalité, objet de notre expérience externe), et de Dieu
(considéré comme fondement suprême de la totalité des êtres), nous ne
pouvons que nous livrer à des spéculations métaphysiques qui dépassent les
limites de l'expérience effective possible.
Un savoir métaphysique
transcendant, portant sur la réalité non sensible (les noumènes), est
impossible.
Voilà ce que révèle la démarche critique, qui s'interroge sur les
conditions a priori de possibilité de la connaissance.
Une fois ce travail
accompli, KANT cherche à appliquer cette même méthode critique à la
morale, en s'interrogeant cette fois sur les conditions de possibilité de l'action
morale.
C'est cette investigation qui fait le contenu des « Fondements de la
métaphysique ».
Et passant en revue les thèmes traditionnels de la
philosophie morale, KANT ne manque pas de rencontrer la question du bonheur et, dans la deuxième section de
l'ouvrage (« Passage de la philosophie morale populaire à la métaphysique des moeurs »), de mettre
fortement en question cette notion en la rattachant non à la raison , mais seulement à l'imagination : « Il n'y a pas
à cet égard d'impératif qui puisse commander, au sens strict du mot, de faire ce qui rend heureux, parce que le
bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des principes empiriques, dont on
attendrait vainement qu'ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteinte la totalité d'une série de
conséquences en réalité infinie.
»
« Un impératif qui puisse commander...
» Ceci ne prend pleinement sens qu'à l'intérieur du système de KANT.
On
sait que pour lui, dans la nature, toute chose agit d'après des lois.
Mais notre monde humain n'est pas seulement.
»
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