Blaise Pascal, Pensée et parcours
Publié le 10/10/2023
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PASCAL (1623-1662)
PENSÉES (1670)
Édition Philippe Sellier 1991
Les éditions des Pensées
Trois solutions
• Présenter les papiers dans l’état où on les a trouvés à la mort de Pascal.
• Essayer de reconstituer l’ouvrage que Pascal voulait composer.
37-46
573
• Proposer un classement thématique des Pensées [voir certains titres]
457 Pyrrhonisme
J’écrirai ici mes pensées sans ordre et non pas peut-être dans une
confusion sans dessein.
C’est le véritable ordre, et qui marquera toujours
mon objet par le désordre même.
Je ferais trop d’honneur à mon sujet, si
je le traitais avec ordre, puisque je veux montrer qu’il en est incapable.
Une œuvre autoréférentielle, qui parle d’elle-même
Pascal se montre attentif non seulement à la composition [ex: 740] du
discours mais à l’effet que le discours produit sur son destinataire.
645 Les sens.
Un même sens change selon les paroles qui l’expriment.
Les sens reçoivent des paroles leur dignité au lieu de la leur donner.
671 La vraie éloquence se moque de l’éloquence.
Voir 636
554 Quand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi, car on
attendait de voir un auteur, et on trouve un homme.
Ainsi Pascal se présente lui-même comme le premier lecteur de son œuvre.
55 Si on considère son ouvrage incontinent après l’avoir fait, on en est
encore tout prévenu, si trop longtemps après, on n’y entre plus.
Voir 465
La lecture des Pensées
Les Pensées guident la lecture dont elles font l’objet.
75 Quand on lit trop vite ou trop doucement, on n’entend rien.
« Le lecteur des Pensées est un lecteur contesté : les convictions sur
lesquelles il se repose tour à tour lui sont rendues intenables par un
impitoyable ami – l’auteur – qui s’applique à le contredire toujours ; mais
ce lecteur contesté est avant tout un lecteur guidé : la traversée des
contraires ne saurait être sans ordre ni fin.
»
Gérard Ferreyrolles, Introduction à l’édition des Pensées
Une « œuvre ouverte »
D’après Umberto Eco, L’Œuvre Ouverte et Lector in Fabula, un texte
ouvert attend de son destinataire qu’il le fasse fonctionner.
Il le forme afin
qu’il soit en mesure de remplir la fonction qu’il lui assigne.
UE qualifie
d’ouverte une œuvre qui se prête à une multiplicité d’interprétation (par
analogie avec l’interprétation musicale).
Un exemple paradigmatique pour
illustrer le fonctionnement de l’œuvre ouverte est le trompe-l’œil.
55 Si on est trop jeune, on ne juge pas bien trop vieux, de même.
Si on y songe trop, si on n’y songe pas assez […].
Ainsi les tableaux, vus de trop loin et de trop près.
Et il n’y a qu’un point
indivisible qui soit le véritable lieu.
Les autres sont trop près, trop loin, trop
haut ou trop bas.
La perspective l’assigne dans l’art de la peinture.
Mais
dans la vérité et dans la morale qui l’assignera ?
L’égarement de l’homme
19 L’homme ne sait à quel rang se mettre.
Il est visiblement égaré et
tombé de son vrai lieu sans pouvoir le retrouver.
Il le cherche partout avec
inquiétude et sans succès dans des ténèbres impénétrables.
229 […] l’homme […] comme égaré dans ce recoin de l’univers […]
L’homme écartelé entre deux infinis
L’infiniment grand et l’infiniment petit
Dans l’espace
230 Qu’est-ce qu’un homme, dans l’infini ?
Dans le temps
80 Nous ne tenons jamais au temps présent.
102 vie étroite
195, 196, 230 thème du cachot
Bassesse et Grandeur [149, 150,151, 506]
Deux états de l’homme
• un état d’innocence originelle, dont il lui reste des vestiges de grandeur ;
• un état de bassesse, depuis la chute qui l’a précipité dans la misère.
557 L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire
l’ange fait la bête.
181 Tous les hommes recherchent d’être heureux.
[…] Qu’est-ce donc que
nous crie cette avidité et cette impuissance, sinon qu’il y a eu autrefois
dans l’homme un véritable bonheur, dont il ne lui reste maintenant que la
marque et la trace toute vide et qu’il essaie inutilement de remplir […] ce
gouffre infini ne peut être rempli que par un objet infini et immuable.
Les philosophies invalidées par l’analyse des contradictions de l’homme.
La réflexion sur cette ambivalence est au fondement de la critique des
philosophies morales, renvoyées dos-à-dos, les unes (stoïcisme) ne retenant
que la grandeur, les autres (épicurisme) que la bassesse [17, 26].
29 Cette guerre intérieure de la raison contre les passions a fait que
ceux qui ont voulu avoir la paix se sont partagés en deux sectes.
Les uns
ont voulu renoncer aux passions et devenir dieux, les autres ont voulu
renoncer à la raison et devenir bêtes brutes.
Des Barreaux.
Mais ils ne l’ont
pu ni les uns ni les autres, et la raison demeure toujours qui accuse la
bassesse des passions et qui trouble le repos de ceux qui s’y abandonnent et
les passions sont toujours vivantes dans ceux qui veulent y renoncer.
514 Guerre intestine de l’homme entre la raison et les passions.
Pascal établit un parallèle entre les philosophies spéculatives et morales
20 Nous souhaitons la vérité et ne trouvons en nous qu’incertitude.
Nous
recherchons le bonheur et ne trouvons que misère et mort.
Nous sommes
incapables de ne pas souhaiter la vérité et le bonheur et sommes incapables
ni de certitude ni de bonheur.
Ce désir nous est laissé tant pour nous punir
que pour nous faire sentir d’où nous sommes tombés.
Le dogmatisme, qui suppose que l’aspiration à la vérité peut être satisfaite,
et le scepticisme, qui le nie, sont également renvoyés dos-à-dos.
25 instinct, raison
Nous avons une impuissance de prouver invincible à tout le dogmatisme.
Nous avons une idée de la vérité invincible à tout le pyrrhonisme.
Pascal explique la dialectique entre les écoles philosophiques par une
divergence dans la manière dont elles abordent l’étude de l’homme.
160 la nature de l’homme se considère en deux manières.
L’une selon sa
fin, et alors il est grand et incomparable.
L’autre, selon la multitude […] et
alors l’homme est abject et vil.
Et voilà les deux voies qui font juger
diversement et qui font tant disputer les philosophes.
Car l’un nie la supposition de l’autre.
L’un dit « il n’est point né à cette fin,
car toutes ses actions y répugnent.
» L’autre dit « il s’éloigne de la fin,
quand il fait ces basses actions.
»
Cette analyse préfigure la distinction entre l’étude philosophique et l’étude
anthropologique de l’homme.
Pascal lui-même trouve en l’homme son
objet d’étude (566 étude de l’homme / de la géométrie).
Or il se détourne
de la philosophie et de l’anthropologie pour se tourner vers la religion.
Un exercice consistant à faire l’épreuve des contrariétés
Pascal n’adopte pas une position médiane d’équilibre, que l’homme ne
pourrait ni trouver ni conserver.
Il cherche plutôt à susciter l’expérience de
ces renversements.
C’est une discipline à laquelle il se soumet lui-même.
145 Roseau pensant
Ce n’est point de l’espace que je dois chercher ma dignité, mais c’est du
règlement de ma pensée.
Je n’aurai point d’avantage en possédant des
terres.
Par l’espace l’Univers me comprend et m’engloutit comme un point,
par la pensée, je le comprends.
146 La grandeur de l’homme est grande en ce qu’il se connaît misérable.
Un arbre ne se connaît pas misérable.
C’est donc être misérable que de [se] connaître misérable, mais c’est
être grand que de connaître qu’on est misérable.
[155]
153 Il est dangereux de trop faire voir à l’homme combien il est égal aux
bêtes sans lui montrer sa grandeur.
Et il est encore plus dangereux de lui
trop faire voir sa grandeur sans sa bassesse.
Il est encore plus dangereux de
lui laisser ignorer l’un et l’autre, mais il est très avantageux de lui présenter
l’un et l’autre.
154 Et il ne faut pas que l’homme croie qu’il est égal aux bêtes ni aux
anges, ni qu’il ignore l’un et l’autre, mais qu’il sache l’un et l’autre.
163
s’il se vante, je l’abaisse
S’il s’abaisse, je le vante
Et le contredis toujours
Jusques à ce qu’il comprenne
Qu’il est un monstre incompréhensible
La notion d’incompréhensible reconduit au thème de la chute.
Voir 164
656 Incompréhensible
Que le péché originel soit, et qu’il ne soit pas
Le renversement continuel du pour au contre 127
Le renversement est un principe de la composition des Pensées.
Pascal l’applique aux opinions, dont il fait la critique avant de les déclarer
saines, puis de déclarer que le peuple n’en sent pas la vérité où elle est.
117, 124-129, 134 peuple / demi habiles / habiles + pensée de....
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