Blaise PASCAL
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«
La mutuelle tromperie entre les hommes - PASCAL
Si Pascal affirme que les hommes ne font que se mentir entre eux, ce n'est
pas qu'ils sont foncièrement mauvais mais que le mensonge est nécessaire
à l'amour-propre de chacun.
"La vie humaine n'est qu'une illusion perpétuelle ; on ne fait que s'entretromper et s'entre-flatter.
Personne ne parle de nous en notre présence
comme il en parle en notre absence.
L'union qui est entre les hommes n'est
fondée que sur cette mutuelle tromperie ; et peu d'amitiés subsisteraient, si
chacun savait ce que son ami dit de lui lorsqu'il n'y est pas, quoiqu'il en
parle alors sincèrement et sans passion.
L'homme n'est donc que déguisement, que mensonge et hypocrisie, et en
soi-même et à l'égard des autres.
Il ne veut pas qu'on lui dise la vérité, il
évite de la dire aux autres ; et toutes ces dispositions, si éloignées de la
justice et de la raison, ont une racine naturelle dans son coeur."
Blaise PASCAL., Pensées, n° 100, 1657-1662, © Hachette, texte établi par
Brunschvicg.
Dégagez la thèse de l'auteur et son argumentation
Dans ce texte Pascal affirme que le mensonge règne en permanence dans les relations entre les hommes.
Pans un premier temps, il souligne que les hommes ne se parlent jamais avec sincérité comme le montre la
différence de discours selon que la personne évoquée est présente ou absente.
Ce mensonge réciproque apparaît
nécessaire à la vie sociale (« union entre les hommes »), et même à l'amitié (qui ne peut durer sans cela).
Pans un second temps, l'auteur reprend la même idée en précisant que ce mensonge réciproque est recherché et
souhaité par tous car il appartient à la nature même de l'homme.
Nous ne nous tenons jamais au temps présent.
Nous anticipons l'avenir comme trop lent venir, comme pour
hâter son cours ; ou nous rappelons le passé, pour l'arrêter comme trop prompt : si imprudents que nous
errons dans les temps qui ne sont pas nôtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient : et si vains
que nous songeons à ceux qui ne sont rien, et échappons sans réflexion le seul qui subsiste.
C'est que le
présent, d'ordinaire, nous, blesse.
Nous le cachons à notre vue parce qu'il nous afflige et s'il nous est
agréable, nous regrettons de le voir échapper.
Nous tâchons de le soutenir par l'avenir, et pensons à
disposer les choses qui ne sont pas en notre puissance, pour un temps où nous n'avons aucune assurance
d'arriver.
Que chacun examine ses pensées, il les trouvera toutes occupées au passé et l'avenir.
Nous ne
pensons presque point au présent ; et, si nous y pensons, ce n'est que pour en prendre la lumière pour
disposer de l'avenir.
Le présent n'est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir
est notre fin.
Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être
heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais.
QUESTIONNEMENT INDICATIF
• De quel passé peut-il s'agir dans « nous rappelons le passé l'arrêter comme trop prompt »? Qu'est-ce qui justifie dans
le texte que nous sommes « imprudents » et « vains » ? Que signifie exactement « vain » ici ?
• Que sont le passé et l'avenir selon Pascal ? Qu'est-ce qui « subsiste » ? Est-ce la seule appréhension du temps
possible ? (Peut-être convient-il de distinguer le plan du vécu de celui
de la représentation.)
• Pourquoi, selon Pascal, « laissons-nous échapper sans réflexion » le présent ?
— Comment penser que nous puissions cacher à notre vue « le présent » alors qu'il nous afflige ?
— Que signifie « nous tâchons de le soutenir par l'avenir » (de prolonger son existence dans le temps qui suit ? Et
l'existence de quoi ?)?
• Comment penser que chacun peut trouver « toutes (ses pensées) occupées au passé et à l'avenir » et que « nous
ne pensons presque point au présent »?
• Quelle appréhension du présent doit-on avoir pour concevoir qu'il puisse être notre fin ? (Ne pourrait-on dire que
dans la mesure où le présent est, il ne saurait être notre fin ?)
• Comment expliquer « nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre » (En prenant les expressions « à la lettre »
ne pourrait-on dire qu'espérer c'est vivre ?)
• Quel est l'enjeu de ce texte ?
— Une ontologie du temps ?
— Comment être heureux ?
— Démontrer la misère de l'homme dans le temps ?
NOTE SUR LE JANSÉNISME
Le jansénisme est une forme particulièrement rigoureuse de pensée et de vie chrétienne.
Il se propose de revenir à.
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