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Biographie : Gabriele D'Annunzio

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Gabriele D'Annunzio fut le poète lyrique par excellence de l'Italie du début du siècle, un peu don Juan, un peu fou aussi.

Le poète écrivit à l'un de ses maîtres : « Vous savez que lorsque j'étais chez nous, je passais des heures entières dans la campagne, couché à plat ventre, au milieu des hautes herbes et des fleurs sous le grand soleil des Abruzzes, les yeux à mi-clos, m'imaginant que j'étais un atome conscient entraîné dans des tourbillons immenses, dans les courants irrésistibles de la matière universelle. » Sur la pierre tombale de D'Annunzio, on peut lire ces mots de Romain Rolland : « Il fut, au déclin du XIXe siècle, dans l'Italie terne et plate, une apparition. Inoubliable. Il réveilla la terre de Beauté. »

 

 

« Gabriele D'Annunzio fut le poète lyrique par excellence de l'Italie du début du siècle, un peu don Juan, un peu fou aussi. Le poète écrivit à l'un de ses maîtres : « Vous savez que lorsque j'étais chez nous, je passais des heures entières dans la campagne, couché à plat ventre, au milieu des hautes herbes et des fleurs sous le grand soleil des Abruzzes, les yeux à mi-clos, m'imaginant que j'étais un atome conscient entraîné dans des tourbillons immenses, dans les courants irrésistibles de la matière universelle.

» Sur la pierre tombale de D'Annunzio, on peut lire ces mots de Romain Rolland : « Il fut, au déclin du XIXe siècle, dans l'Italie terne et plate, une apparition.

Inoubliable.

Il réveilla la terre de Beauté.

» Un garçon « plein d'annonce ». Ce est en terre d'Abruzzes, terre encore sauvage de l'Italie, que naquit D'Annunzio en 1863.

Ses parents l'appelèrent Gabriele, et il fut bien nommé, car il fut « plein d'annonce ».

Dans ce monde primitif, auquel il se glorifia toujours d'appartenir, où druides et coutumes ancestrales perduraient, il se révéla très précoce.

L'éducation du génie fut donc confiée à des prêtres diocésains et très vite Gabriele put traduire des poèmes entiers en latin.

Il fut imprégné de ce style liturgique que l'on retrouvera dans une grande part de son oeuvre, avec toutefois le catholicisme en moins.

Chez les jésuites, en Toscane, il apprit à parler l' italien pur et lut Byron, qui le bouleversa.

A un ami, il écrivit à cette époque : « Tout à fait personnel dans mes goûts, très entêté dans mes opinions, sincère jusqu'à être dur, prodigue jusqu'au gaspillage, enthousiaste jusqu'à la folie.

» Encore adolescent, Gabriele se connaissait déjà très bien.

Un homme en particulier influença le jeune poète dans ses lectures : Cesare Fontana, plus âgé que lui, qu'il rencontra à Milan en 1879. Le poète. De Annunzio fit parler de lui pour la première fois grâce à un recueil de poèmes, Premier Printemps (1879).

Chiarini, le critique le plus connu d'Italie, publia un long article sur ce nouveau génie.

Le mythe « d' annunzien » allait commencer, sa mauvaise réputation aussi.

D'Annunzio attachait une grande importance au soleil, à la vitesse.

Il prônait le retour à des modes antiques.

Solaire lui-même, il fut souvent entouré de femmes, même si cela nuisait à sa recherche spirituelle.

De même que ce serait le trahir que d'énoncer son cortège de muses, qui se sont croisées, parfois côtoyées, il faut garder à l'esprit l'ambiguité fondamentale du poète et se garder de le réduire à un don Juan ou à un fou, comme il fut dit à son époque.

Mais il est vrai que des épisodes tumultueux de son existence, comme l'enlèvement de Maria de Gallese, qui devint sa femme, l'allusion jugée scandaleuse de cette relation qu'il désigna Péché de mai dans un sonnet que tous purent lire dans la Cronica bizantina, firent du poète un personnage peu discret.

Quand D'Annunzio publia ses premiers recueils de poèmes, chacun avait déjà son opinion sur l'individu, sorte de héros des temps modernes.

Affichant peu de moralité, mais beaucoup d'exaltation, il convint lui-même que son recueil de nouvelles Le Livre des vierges allait « du bordel à l'église ».

Ses relations avec le Vatican, évidemment, ne furent jamais bonnes. Les dieux s'en vont. C'est à un professeur de philosophie que l'on doit les traductions en français de D'Annunzio.

Georges Hérelle permit notamment que le Triomphe de la mort (1894), nous parvînt en 1896, ainsi que Les Vierges au rocher en 1897, qui fit scandale ; quant au thème de la mort, il devint obsessionnel dans l'oeuvre du poète et souvent inséparable de l'amour. On parla de D'Annunzio en conférence à la Sorbonne en 1895.

Mais son drame de La Fille de Jorio (1904) au début du siècle déplut profondément aux lecteurs français.

Ce qu'il considérait comme le culte du beau fut pris pour du « grand guignol » ; lui qui rêvait de faire renaître la tragédie, de fonder un Bayreuth latin, de faire du théâtre un site sublime, ne rencontra que la moquerie.

Moins de dix ans plus tard, Le Martyre de saint Sébastien (1911), connut le même échec.

On écrivit pourtant de lui en 1908 : « Les dieux s'en vont, D'Annunzio reste » (Marinetti). Les muses. Les relations de D'Annunzio avec les femmes furent nombreuses, épiques, en quelque sorte ineffables.

On peut tout de même citer parmi ses muses la jeune Giselda, premier amour qui lui inspira ses premiers poèmes, Barbara Leoni « La Léoni », idéal littéraire incarné, hermaphrodite parfaite que l'on retrouve dans Le Triomphe de la mort (1894) ; Nathalie de Gobouleff « Phèdre » dans l'oeuvre du poète ; Maria de Gallese, qui donna à D'Annunzio une descendance légitime ; La Duse, évoquée dans La Fille de Jorio, et Amélie Mazoyer « Aelis », sa fidèle femme de charge. Le conquérant de Fiume. On ne peut parler du poète sans prendre en compte le rôle tout au moins symbolique qu'il joua dans l'Italie de 1919.

Par ses déclarations, D'Annunzio provoqua l'entrée en guerre de l'Italie (1915) et il fut ainsi le conquérant de Fiume, ancien port hongrois qu'Italiens, Anglais et Yougoslaves se disputaient.

Il sauva pour quelques jours l'honneur national.

A cette occasion, il fut soutenu par Mussolini, ce qui aujourd'hui encore semble discréditer le poète pour de nombreux Italiens. Mort d'un homme illustre. Au Vittoriale, vaste demeure en trompe l'oeil où le poète s'isola à la fin de sa vie, règne une atmosphère lourde qui semble encore troublée de la présence du génie.

D'Annunnzio y vécut une fin d'existence plutôt sage, entouré de symboles, de statues, de livres.

Né dans une terre sauvage, le poète, qui avait été fait prince de Montenevoso en 1924 par le roi, était superstitieux et consultait le Barbareno, calendrier populaire qui prédit l'avenir.

Il avait souligné au 1er mars 1938 : « Mort d'un homme illustre.

» Ce jour-là, il eut un vertige, demanda une piqûre et mourut d'une congestion cérébrale.

Il apparut, paraît-il, à Aelis après sa mort.

Il aurait dit : « Il n'a rien, rien du tout.

». »

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