Biographie d'EURIPIDE
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Chez Euripide, troisième grand tragique grec après Eschyle et Sophocle, l'homme n'est pas tant en conflit avec les dieux ou avec la Cité qu'avec ses propres démons.
Dix-huit pièces d'Euripide nous sont parvenues. Par comparaison, il ne nous reste de Sophocle que sept pièces complètes, et autant d'Eschyle. Aristote a salué en Euripide « le plus tragique des poètes ». Euripide, mort un an avant la défaite d'Athènes, avait prévu l'échec et le déclin de la ville. Selon la légende, Euripide serait mort dévoré par une meute de chiens sauvages, en Macédoine, loin de sa patrie.
«
Chez Euripide, troisième grand tragique grec après Eschyle et Sophocle, l'homme n'est pas tant en conflit avec les dieux ou avec la
Cité qu'avec ses propres démons.
Dix-huit pièces d'Euripide nous sont parvenues.
Par comparaison, il ne nous reste de Sophocle que sept pièces complètes, et autant
d'Eschyle.
Aristote a salué en Euripide « le plus tragique des poètes ».
Euripide, mort un an avant la défaite d'Athènes, avait prévu
l'échec et le déclin de la ville.
Selon la légende, Euripide serait mort dévoré par une meute de chiens sauvages, en Macédoine, loin de
sa patrie.
De la peinture au théâtre
Euripide est le poète tragique grec le plus célèbre de l'Antiquité : il fut honoré par tout son peuple, loué par Alexandre le Grand et salué
par Aristote comme le plus grand dramaturge de tous les temps.
C'est également l'écrivain antique qui a laissé le plus de traces, tant
du point de vue de son oeuvre que de sa biographie : fils d'une famille d'origine modeste, il naît vers 480 avant Jésus-Christ à
Salamine, où il reçoit une éducation exemplaire (les Grecs sont à cette époque les meilleurs pédagogues du monde !).
Très tôt, il
apprend la peinture et passe pour un véritable maître dans cet art, malgré son jeune âge.
Puis il s'adonne avec passion à la
philosophie : il suit les cours d'Anaxagore ainsi que ceux des sophistes.
L'influence de Protagoras sera même déterminante sur son
oeuvre future.
Contrairement aux dramaturges grecs qui le précédèrent, Eschyle et Sophocle, Euripide n'eut aucune activité politique,
se consacrant uniquement à son oeuvre théâtrale.
Une oeuvre colossale
En 455 avant Jésus-Christ, Euripide présente sa première pièce, intitulée Les Pléiades, au concours tragique d'Athènes : par ces joutes
de dramaturges, le peuple grec devait choisir celui qu'il estimait digne d'être honoré.
Mais Euripide n'obtient que la troisième place et le
public semble bouder ses pièces.
Notre tragédien ne désarme pas et parvient, après quinze années d'efforts et de progrès constants, à
remporter le premier rang lors du concours de 440 : Euripide a alors quarante ans.
Il compose des tragédies jusqu'à l'âge de la
vieillesse, qu'il passe en Macédoine, invité par le roi Archélos.
La légende dit qu'il y meurt en 406, dévoré par une meute de chiens
sauvages.
Il laisse derrière lui une oeuvre importante : il aurait écrit environ quatre-vingt-douze pièces.
Seules dix-huit d'entre elles
nous sont parvenues : au nombre desquelles un drame satirique, intitulé Le Cyclope, et dix-sept tragédies, parmi lesquelles Alceste
(438), Médée (431), Hippolyte (428), Les Héraclides (427), Andromaque (426), Hécube (424), Héraclès furieux (424), Les Suppliantes
(422), Ion (418), Les Troyennes (415), Iphigénie en Tauride (414), Électre (413), Hélène (412), Les Phéniciennes (408) et Les
Bacchantes (406).
Célébrité d'Euripide
L'absence apparente de rigueur dans la construction dramatique que l'on peut constater dans de nombreuses pièces d'Euripide a
souvent dérouté le public grec, ce dernier étant habitué aux architectures parfaites de Sophocle.
Avant 420, Euripide, alors dramaturge
depuis vingt-cinq ans, restera peu apprécié et parfois même il sera malmené, parodié comme dans Les Grenouilles, où son concurrent
Aristophane le considère ironiquement et sans le moindre égard.
Toutefois, lors de l'expédition grecque en Sicile de 415 avant JésusChrist, de nombreux citoyens athéniens, jusqu'alors retenus prisonniers sur l'île, n'eurent la vie sauve que parce qu'ils connaissaient
par coeur des vers d'Euripide : cette anecdote a fait de lui un héros national.
Dès cette date donc, le dramaturge va être l'objet d'un
engouement sans précédent, ses pièces se jouent dans toute la Grèce et jusque dans les colonies, où on le loue sans mesure : il aura
attendu quarante ans de métier pour connaître la gloire.
Euripide et la tragédie
On a souvent écrit que le genre de la tragédie avait trouvé sa perfection et son achèvement sous la plume d'Euripide.
De fait, cette
forme théâtrale a acquis une vigueur nouvelle en se nourrissant d'une véritable actualité et de thèmes brûlants à l'époque : la vie
d'Euripide a été tout entière marquée par la fameuse guerre du Péloponnèse, entre Sparte et Athènes, qui a polarisé l'énergie des
Grecs de 432 à 405 avant Jésus-Christ et qui s'est achevée par la défaite d'Athènes.
Cette lutte a divisé les compatriotes d'Euripide, a
décimé leurs rangs et a jeté la patrie dans la douleur.
Euripide s'est attaché à exprimer ces dissensions et ces peines communes en
multipliant les analyses psychologiques, les tirades morales dans des prologues ou des dénouements enrichis.
Pour lui, la tragédie n'est
rien d'autre qu'une série de « tableaux vivants » qui doivent rendre compte des souffrances de son peuple.
Aussi s'emploie-t-il à
accumuler les péripéties, à les imbriquer d'une manière complexe en surchargeant l'intrigue théâtrale.
Ces effets mettent en péril,
parfois inutilement, la vraisemblance des drames (tels Hélène, Oreste ou Iphigénie) qui sont représentés sur scène.
Cette abondance
de rebondissements est propre à terroriser le public : c'est la peur panique et l'effroi qu'Euripide a cherché à provoquer.
Dans
Hippolyte ou Médée, par exemple, la mort et la violence sont omniprésentes : les passions atteignent leur paroxysme.
Ces pièces n'ont
plus la mystique des tragédies d'Eschyle, où les individus combattaient des dieux, la netteté des oeuvres de Sophocle, où ils luttaient
contre la Cité : avec Euripide, l'individu lit en lui-même et combat ses sentiments obscurs.
NOTES DE L'ÉDITEUR
« Plusieurs tragédies d'Euripide sont des pièces de circonstance qu'inspirent, mais toujours de très haut, ses préoccupations
patriotiques, politiques ou religieuses.
Presque toutes reflètent en quelque manière son état d'âme, et toutes, sans exception, l'ardent travail de sa pensée.
(...) Euripide a
contemplé l'apogée d'Athènes ; il l'a vue dans l'enivrement de sa puissance se durcir et soulever contre elle une haine immense ; il a
assisté à la catastrophe de ses premières défaites ; il a connu un monde nouveau...
» Jean Schlumberger, préface à La Vie d'Euripide,
de Marie Delcourt, Gallimard, 1930.
« Ainsi, le dernier message d'Euripide est celui où l'on retrouve le plus des idées de sa jeunesse.
Dans l'oeuvre elle-même, pas trace
de vieillissement.
Le poète s'y exprime avec une souveraine liberté, sans formule ni profession de foi, en termes de vie et d'action.
»
Ibid.
« Son théâtre déroute par mille facettes aux reflets changeants.
Il évoque la politique avec ses luttes au jour le jour : il condamne, il
discute, il proteste.
Ses personnages obéissent à une psychologie nouvelle : ils sont plus proches de nous que les héros des autres
tragiques, mais aussi plus entiers dans leurs passions dont Euripide ne nous laisse rien ignorer.
» J.
de Romilly, La Tragédie grecque,
PUF, 1970..
»
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