Biographie : Alexandre DUMAS
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L'auteur des Trois Mousquetaires et du Comte de Monte-Cristo se lit sans effort, comme on « consomme » un feuilleton ou une série télévisée. Est-ce suffisant pour dire, comme certains critiques, qu'il n'a pas sa place dans l'histoire littéraire de la France ?
Dumas a laissé quatre-vingt-onze pièces de théâtre, une centaine de romans, ainsi que d'immenses séries, comme les Mémoires et les Impressions de voyage. Dumas est né la même année que Victor Hugo et que le musicien Hector Berlioz.
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L'auteur des Trois Mousquetaires et du Comte de Monte-Cristo se lit sans effort, comme on « consomme » un feuilleton ou
une série télévisée.
Est-ce suffisant pour dire, comme certains critiques, qu'il n'a pas sa place dans l'histoire littéraire de la
France ?
Dumas a laissé quatre-vingt-onze pièces de théâtre, une centaine de romans, ainsi que d'immenses séries, comme les
Mémoires et les Impressions de voyage.
Dumas est né la même année que Victor Hugo et que le musicien Hector Berlioz.
Alexandre Dumas (1802-1870)
Cet homme avait tout pour irriter les puristes et les critiques défenseurs d'une littérature dite sérieuse.
D'abord, il eut un
succès immense, mais sans connaître les affres de la création.
Ensuite, il travaillait avec une équipe, selon une méthode
qui s'apparentait plus à l'industrie qu'à l'écriture, même si cette méthode a sans doute été exagérée.
Il n'a pas de style,
c'est vrai, et ses personnages ne sont pas très étoffés du point de vue psychologique ; mais il a une imagination et une
faculté d'invention prodigieuses, qui devraient faire pâlir d'envie les meilleurs scénaristes du XXe siècle.
Car ses histoires
ont du rythme, et les aventures qu'il raconte avec tellement d'aisance sont devenues de véritables légendes ; ses livres
éclatent de santé, avec leurs milliers de personnages, leur entrain communicatif, leur bonne humeur et leur verve
picaresque.
Dumas n'était pas un intellectuel, mais il fut suffisamment intelligent pour ne jamais tomber dans la mièvrerie
et le sentimentalisme à bon marché.
La rage d'écrire
Alexandre Dumas père — ainsi surnommé pour le distinguer de son fils, l'auteur de La Dame aux camélias —n'eut pas le
loisir de profiter des insouciances de l'enfance.
Il était en effet le fils de Dumas Davy de la Pailleterie, général d'Empire
créole qui mourut en 1806 ; dès lors, sa mère eut toutes les peines du monde à élever décemment son fils.
Le jeune
Alexandre, après des études bâclées, fut contraint de gagner sa vie ; mais il avait déjà dans l'idée d'écrire, et c'est dans
ce but qu'il décida de se rendre à Paris, en 1823.
Muni d'une lettre de recommandation, il put entrer au service du duc
d'Orléans (le futur Louis-Philippe) ; aussitôt installé, il se mit au travail et donna ses premières oeuvres en 1825 et 1826 :
des poèmes, des nouvelles et des pièces.
Il lui fallut toutefois attendre 1829 pour se faire connaître véritablement, grâce à
Henri III et sa cour, qui connut un réel succès et fut incontestablement à l'origine d'une révolution théâtrale (un an avant
la bataille d' Hernani).
Dès ses premières oeuvres, Dumas avait déjà adopté deux traits fondamentaux de son travail
littéraire : le recours à l'histoire, où il puisait ses sujets, et l'aide de collaborateurs.
Ces « assistants » lui fournissaient les
grandes lignes des histoires dont il avait donné le point de départ ou l'argument ; mais c'est lui, Dumas, qui se chargeait
de l'écriture.
Chef de file de la jeune génération romantique — le seul à se consacrer au théâtre —, Dumas écrivit toute une série de
drames : Antony (1831), La Tour de Nesle (1832), Kean ou Désordre et Génie (1836), etc.
Du théâtre mi roman
Lorsqu'il décida de passer du théâtre au roman, Dumas ne renia rien de ses principes : aventures, personnages brillants,
grands hommes ou grands traîtres, femmes sans défense ou femmes sataniques, coups d'éclat et coups de théâtre, goût
pour la mise en scène.
La révolution de 1830 le détourna pendant un temps de ses écrits.
Il se rangea du côté des
insurgés mais finit par se brouiller avec son « ex-employeur », Louis-Philippe, à cause de ses idées libérales.
Il s'éloigna
pendant un temps de la France (Impressions de voyage, 1835-1859), étant à cette occasion le premier à faire du grand
reportage ; puis, comme s'il voulait prouver qu'il pouvait aborder tous les genres, il donna des oeuvres historiques, telles
que Gaule et France (1832) et Jeanne d'Arc (1842).
Surtout, il s'attaqua à la série de romans historiques qui ont réjoui, et
réjouissent encore tant de lecteurs, et qui ont inspiré de nombreux metteurs en scène et scénaristes.
Ce furent
successivement Les trois Mousquetaires (1844), Vingt Ans après (1845), Le Comte de Monte-Cristo (1846) et Le Vicomte
de Bragelonne (1850).
Le prix du succès
Fidèle à ses idées républicaines, Dumas accueillit la révolution de 1848 avec enthousiasme ; il fut même candidat à
l'Assemblée, à deux reprises, mais sans succès.
Entre-temps, il avait adapté plusieurs de ses romans pour la scène et les
fit jouer dans son propre théâtre, qu'il avait fait construire, le Théâtre-Historique.
Il avait amassé une fortune considérable,
mais les dettes commençaient à s' accumuler, augmentées encore par le lancement de deux périodiques, Le Mousquetaire
puis Le Monte-Cristo, qui furent des échecs financiers.
En 1858, il se rendit en Russie, puis il rejoignit Garibaldi en Italie, qui le nomma conservateur du musée de Naples en 1860.
De retour à Paris, il dut affronter — , - ses créanciers, ainsi que la cohorte des maîtresses et autres parasites qui vivaient à
ses crochets.
Il se remit au travail — Madame de Chamblay (1863) ; Les Mohicans de Paris (1864) — mais avec beaucoup
moins de succès.
Il avait mené un train de vie seigneurial, mais passa les dernières années de sa vie dans une relative
pauvreté et dans la solitude, adoucies par la présence et le soutien de son fils, Alexandre, et de sa fille, Mme Petel.
NOTES DE L'ÉDITEUR
« Il a le sens historique, la "mémoire", cela supplée à beaucoup de choses, à condition qu'on ait l'esprit critique ou moral,
ou seulement philosophique.
Or Dumas n'en a pas l'ombre.
A défaut de sensibilité, c'est le pittoresque qui le guidait, on le
verra assez.
Sa gaîté emportait tout.
On l'a dit, c'était "un volcan de bonne humeur".
Il riait, du rire énorme de Rabelais,
avec des sourires, néanmoins, qui avaient la grâce de ceux de l'enfance.
(...) Il pouvait être naïf avec esprit, chose rare.
A
vrai dire, il ne prenait rien au sérieux, et lui-même en particulier.
J.
Charpentier, Alexandre Dumas, Tallandier, 1947.
« En compagnie d'Alexandre Dumas, à sa suite, nous traversons les journées historiques de deux révolutions et d'un coup
d'État, nous assistons en littérature à la création de grands genres, nous courons l'Europe.
Il nous jette en plein tumulte.
Et il y ajoute encore, outre une oeuvre innombrable, ses femmes, les folies de son faste, ses tentatives de gagneur
d'argent et ses nobles générosités, le retentissement de ses ascensions et de ses chutes.
S'il a été un miroir de son
temps dans les extraordinaires Mémoires, (...) il a été aussi le roman fait homme, la tragi-comédie personnifiée, la mère
Gigogne dont les caricaturistes dessinaient les ampleurs de jupes, le cyclope dans sa caverne, une montagne qui
accouche, un élément enfin et, comme le lui écrivit Michelet, " une des grandes forces de la nature ".
» H.
Clouard,
Alexandre Dumas, Albin Michel, 1955..
»
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