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Besoin et désir, est-ce la même chose chez l'homme ?

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« DÉSIR ET BESOIN • On distingue communément le désir du besoin en ne considérant comme besoin que ce qui est indispensable à l'existence, la conservation et l'épanouissement d'un être.

Le besoin présenterait donc, contrairement au désir, un caractère de nécessité ou de légitimité.

Mais la difficulté est de trouver des critères objectifs permettant de déterminer la nécessité ou la légitimité d'un désir.

On limite souvent, comme le faisait Épicure, les besoins aux exigences physiologiques.

Mais peut-on ramener l'homme à son animalité, peut-on séparer chez lui le naturel du culturel ? L'homme n'est-il pas avant tout un être social dont la nature et par conséquent les besoins seraient, comme le voulait Marx, produits par les circonstances historiques ? Analyse du sujet : A partir d'une définition des termes « désir » et « besoin » la problématique apparaît facilement. Si tous les deux renvoient à l'idée de manque, leur nature semble de prime abord bien différente.

En effet, le désir est la recherche d'un objet dont la satisfaction, imagine-t-on, nous comblera.

Cette privation concernant l'objet du désir est cependant une privation superficielle ; c'est un manque qui n'est pas essentiel.

Au contraire du besoin qui lui, implique une nécessité organique.

Ne pas satisfaire un besoin relève d'une question de vie ou de mort (on peut penser à boire, manger, dormir).

Ainsi, on ne voit pas comment le désir, dont le caractère artificiel et contingent est flagrant, pourrait se transformer en besoin d'ordre physiologique dont l'assouvissement est une nécessité pour le maintient de la vie.

Afin de dépasser cette contradiction il s'agit de creuser le sens du besoin ; celui-ci est aussi à comprendre comme une besoin d'ordre psychologique ou même social.

La satisfaction d'un tel besoin diffère des individus (et aussi des cultures).

C'est donc le sentiment de manquer de ce qui nous paraît nécessaire.

Le mal-aimé ne crie-t-il pas : « j'ai besoin d'amour ! » En un dernier sens, et métaphysique celui-là, le besoin peut être ce dont on ne peut se passer pour accomplir l'essence de l'homme. Puisque le besoin est équivoque, nous pouvons aisément envisager des possibilités pour que le désir devienne un besoin... Proposition de plan : 1) La célèbre distinction des désirs effectuée par Epicure dans la Lettre à Ménécée renvoie à la conception du désir comme quelque chose de superficiel, de contingent que nous pouvons aisément contrôler.

En effet, dans le but d'atteindre le bonheur, Epictète préconise de rejeter les désirs non naturels (tels que la gloire, la fortune...) et les désirs naturels mais non nécessaires (le raffinement des mets, la diversité des vins...).

Aussi, ne reste-t-il que les désirs naturels et nécessaires comme boire, manger, l'amitié, philosopher qu'il convient de satisfaire.

Puisque certains désirs peuvent être dominés, qu'il y a une maîtrise des désirs et des plaisirs (non sans mal certes, par une certaine ascèse) alors le désir se présente comme un concept qui est aux antipodes du besoin.

« Une théorie véridique des désirs sait rapporter les désirs et l'aversion à la santé du corps et à l'ataraxie de l'âme, puisque c'est là la fin d'une vie bienheureuse, et que toutes nos actions ont pour but d'éviter à la fois la souffrance et le trouble.

» (Lettre à Ménécée). Épicure constate que le plaisir, recherché par tous, est l'élément essentiel de la vie heureuse.

Conforme à la nature humaine, il procure un critère parfait de tous les choix que nous avons à faire.

Il réside dans la sensation qui, nous mettant en rapport avec le monde, est la règle qui nous fait choisir ou exclure.

Ce bien est inné et personnel, puisque chacun est juge de ce qui lui convient : c'est de notre propre point de vue sensible que nous jugeons de ce qui est pour nous un plaisir ou une douleur.

Ainsi, nous ne recherchons pas les plaisirs qui engendrent de l'ennui, et l'on peut préférer endurer certaines douleurs si elles sont le moyen d'accéder à un plus grand plaisir.

L'épicurisme n'est pas une philosophie simpliste qui recherche le plaisir à tout prix et fuit la douleur ; elle repose sur un principe de détermination, qui est la sensation, critère complexe d'estimation des valeurs, puisqu'il aboutit à un paradoxe : "Nous en usons parfois avec le bien comme s'il était le mal, et avec le mal comme s'il était le bien", (Épicure). Une des constances de la philosophie d'Epicure est de vanter le plaisir.

On retrouve la formule « Le plaisir est notre bien principal et inné » dans la « Lettre à Ménécée ».

Mais l'épicurisme ne correspond guère à l'image populaire que l'on en garde : celle du « bon vivant ».

Dans cette lettre, on lit : « Tout plaisir est de par sa nature propre un bien, mais tout plaisir ne doit pas être recherché ».

C'est à une compréhension véritable du plaisir, et à une gestion rationnelle des désirs que la philosophie d'Epicure nous invite, philosophie des « sombres temps », de l'époque troublée, violente, des successeurs d'Alexandre le Grand. La « Lettre à Ménécée » est une description de la méthode apte à nous procurer le bonheur.

Car si tous les hommes cherchent le bonheur, ils sont, selon le mot d'Aristote, comme des archers qui ne savent pas où est la. »

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