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BERNARD: Comme expérimentateur, j'évite les systèmes philosophiques

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Comme expérimentateur, j'évite les systèmes philosophiques, mais je ne saurais pour cela repousser cet esprit philosophique, qui, sans être e part, est partout, et qui, sans appartenir à aucun système doit régner non seulement sur toutes les sciences mais sur toutes les connaissances humaines. C'est ce qui fait que tout en fuyant les systèmes philosophiques, j'aime beaucoup les philosophes et me plais infiniment dans leur commerce. En effet, au point de vue scientifique, la philosophie représente l'aspiration éternelle de la raison humaine vers la connaissance de l'inconnu. Dès lors, les philosophes se tiennent toujours dans les questions en controverse et dans les régions élevées, limites supérieures des sciences. Par là, ils communiquent à la pense scientifique un mouvement qui la vivifie et l'ennoblit ; ils fortifient l'esprit en le développant, par une gymnastique intellectuelle générale, en même temps qu'ils le reportent sans cesse vers la solution inépuisable des grands problèmes ; ils entretiennent ainsi une soif de l'inconnu et le feu sacré de la recherche qui ne doivent jamais s'éteindre chez un savant. BERNARD

Médecin et physiologiste français du 19ème siècle, Claude Bernard est considéré comme l'un des principaux initiateurs de la démarche expérimentale hypothético-déductive. Il s’agit de la méthode sur laquelle doit se fonder la médecine expérimentale. Les règles de la méthode sont présentées par Claude Bernard dans son ouvrage Introduction à la Médecine Expérimentale qui a pour règles celle de formuler une hypothèse pour répondre à un problème soulevé par l’observation concrète, puis de tester l’hypothèse par l’expérience vérifiable pour enfin en confronter les résultats, les interpréter, et en tirer les conclusions logiques.

« Comme expérimentateur, j'évite les systèmes philosophiques, mais je ne saurais pour cela repousser cet esprit philosophique, qui, sans être nulle part, est partout, et qui, sans appartenir à aucun système doit régner non seulement sur toutes les sciences mais sur toutes les connaissances humaines.

C'est ce qui fait que tout en fuyant les systèmes philosophiques, j'aime beaucoup les philosophes et me plais infiniment dans leur commerce.

En effet, au point de vue scientifique, la philosophie représente l'aspiration éternelle de la raison humaine vers la connaissance de l'inconnu.

Dès lors, les philosophes se tiennent toujours dans les questions en controverse et dans les régions élevées, limites supérieures des sciences.

Par là, ils communiquent à la pensée scientifique un mouvement qui la vivifie et l'ennoblit ; ils fortifient l'esprit en le développant, par une gymnastique intellectuelle générale, en même temps qu'ils le reportent sans cesse vers la solution inépuisable des grands problèmes ; ils entretiennent ainsi une soif de l'inconnu et le feu sacré de la recherche qui ne doivent jamais s'éteindre chez un savant. Claude BERNARD, Introduction à l'étude de la médecine expérimentale (1865), 3e partie, chap.

IV, sect.

IV. Commentaire : Introduction : Médecin et physiologiste français du 19ème siècle, Claude Bernard est considéré comme l'un des principaux initiateurs de la démarche expérimentale hypothético-déductive.

Il s'agit de la méthode sur laquelle doit se fonder la médecine expérimentale.

Les règles de la méthode sont présentées par Claude Bernard dans son ouvrage Introduction à la Médecine Expérimentale qui a pour règles celle de formuler une hypothèse pour répondre à un problème soulevé par l'observation concrète, puis de tester l'hypothèse par l'expérience vérifiable pour enfin en confronter les résultats, les interpréter, et en tirer les conclusions logiques. Au chapitre 4 de la 3 ème partie de l'ouvrage, l'auteur s'intéresse aux « obstacles philosophiques que rencontre la médecine expérimentale ».

Dans le passage étudié, il s'agit en particulier de comparer la démarche scientifique promue par Bernard avec celle des philosophes, et de chercher les points communs et ce que la philosophie peut apporter à la science.

Si en tant qu'expérimentale, donc reposant sur l'expérience concrète, la science de Bernard semble au premier abord bien éloignée de la démarche abstraite de la philosophie, qui raisonne sur des concepts et se détache de l'expérience sensible pour accéder à l'universel, l'auteur retrouve cependant un lien essentiel entre les deux démarches.

La méthode est différente, mais la visée est la même.

La thèse de l'auteur porte donc sur l'idée que science et philosophie ont la même aspiration, et ont donc un principe commun, dans la cause finale de ces deux démarches : l'accès à la connaissance la plus élevée.

L'enjeu de cette démonstration est de réconcilier science et philosophie, en subordonnant la science à la philosophie, qui est le seul vrai et unique principe à toute investigation. 1ère partie : Distinction entre science et philosophie.

Supériorité de l'esprit philosophique. - L'auteur oppose d'emblée comme une évidence le fait d'être « expérimentateur » et l'utilisation des « systèmes philosophiques ».

Il introduit le renoncement aux systèmes philosophiques comme la conséquence de l'adoption de la démarche expérimentale.

Si expérimentation et systèmes philosophiques sont présentés comme deux mode contradictoires d'accès à la connaissance, on peut penser que c'est parce que l'expérimentation repose sur l'expérience concrète, donc le réel, tandis que les systèmes philosophiques sont créés de toutes pièce par des philosophes.

A chaque philosophe son propre système philosophique, sa construction propre de la rationalité.

Au contraire, l'expérimentation ne se fonde que sur le donné, et ne laisse aucune liberté au savant qui s'y prête d'y avoir quelque influence.

Se fondre dans un système, c'est ce prêter à un formatage, et s'éloigner du caractère brut et indéterminé du donné concret.

Le savant qui procède par expérimentation ne doit interférer sur le fait en imposant des données extérieures, mais au contraire, se soumettre d'abord à l'observation, la plus neutre et objective possible, afin de se laisser surprendre par les phénomènes de la vie. - Pourtant, Bernard poursuit que « l'esprit philosophique » s'impose néanmoins avec nécessité au savant qu'il est, et qu'il ne peut se soustraire à un certain aspect de la philosophie, même dans sa démarche expérimentale. Ce qu'il entend par « esprit philosophique » n'est pas le fait de former des « systèmes », ce qui ne remet donc pas en cause son assertion précédente, mais plutôt l'aspiration philosophique, ce qui est au principe même des spéculations philosophiques.

Ce qui est communs à tous savants, scientifiques comme philosophes, ce n'est donc pas la méthode mise en place (expérimentation et systèmes philosophiques sont fondamentalement différents), mais le mobile d'action. - L'esprit philosophie est le principe premier de la philosophie, avant même la formation de systèmes philosophiques. Il est donc commun à toute la philosophie en général, et bien plus encore, selon l'auteur, il s'étend à la science et à toutes discipline théorétique, qui vise la connaissance. - L'esprit philosophique, c'est donc l'élan premier au fondement même de toute recherche quelqu'elle soit, c'est le désir de connaître, de s'élever et d'accéder à la vérité. - Bernard peut alors conclure que fuir les systèmes philosophiques n'est pas contradictoire avec le fait d'apprécier la philosophie, puisque les systèmes ne sont pas ce qui fonde l'essence même de la philosophie, mais seulement ce qui en résulte.

Bernard avoue donc être intimement lié avec la philosophie, et éprouver du plaisir à en fréquenter ses auteurs. 2ème partie : Comparaison : points communs entre science et philosophie.. »

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