Bergson: D’où viennent les idées qui s’échangent ?
Extrait du document
«
D’où viennent les idées qui s’échangent ? Quelle est la portée des
mots ? Il ne faut pas croire que la vie sociale soit une habitude
acquise et transmise.
L’homme est organisé pour la cité comme la
fourmi pour la fourmilière, avec cette différence pourtant que la
fourmi possède les moyens tout faits d’atteindre le but, tandis que
nous apportons ce qu’il faut pour les réinventer et par conséquent
pour en varier la forme.
Chaque mot de notre langue a donc beau
être conventionnel, le langage n’est pas une convention, et il est
aussi naturel à l’homme de parler que de marcher.
Quelle est la
fonction primitive du langage? C’est d’établir une communication en
vue d’une coopération.
Le langage transmet des ordres ou des
avertissements.
Il prescrit ou il décrit.
Dans le premier cas, c’est
l’appel à l’action immédiate; dans le second, c’est le signalement de
la chose ou de quelqu’une de ses propriétés, en vue de l’action
future.
Mais, dans un cas comme dans l’autre, la fonction est
industrielle, commerciale, militaire, toujours sociale.
Les choses que
le langage décrit ont été découpées dans le réel par la perception
humaine en vue du travail humain.
Les propriétés qu’il signale sont
des appels de la chose à une activité humaine.
Le mot sera donc le
même, comme nous le disions, quand la démarche suggérée sera la
même, et notre esprit attribuera à des choses diverses la même
propriété, se les représentera, les groupera enfin sous la même idée, partout où la suggestion du
même parti à tirer, de la même action à faire, suscitera le même mot.
Telles sont les origines du mot
et de l’idée.
POUR DÉMARRER
Les mots et les idées ont pour origine les besoins et l'activité sociale de l'homme ; le travail en commun est au
fondement de la création du langage : telle est la thèse que défend ici Bergson, qui comprend cette fonction
essentielle de l'homme à partir d'une base d'abord matérielle.
Pour Bergson, l'homme est un animal
nécessairement social, et le langage lui permet de développer les activités liées à la société.
CONSEILS PRATIQUES
Comme dans la plupart des textes de Bergson, il n'y a pas de difficultés liées aux termes, que vous devrez
néanmoins définir soigneusement (idée, mot, conventionnel, langage, etc.).
C'est plutôt au raisonnement de
Bergson que vous devrez vous attacher.
Vous noterez également le soin que met Bergson à établir les relations
entre mot et idée.
BIBLIOGRAPHIE
BERGSON, La pensée et le mouvant, PUF.
L'évolution créatrice, PUF.
LUCRÈCE, De la Nature des choses, chant V, Belles Lettres.
POUR COMPRENDRE LE TEXTE
La structure en est claire
- lignes 1 à 6: le langage et la société
- lignes 6 à 13: la "fonction primitive du langage"
- lignes 13 à 17: les "origines du mot et de l’idée"
Ce qui est moins clair, c’est ce qui fait l’unité du texte.
Bergson encadre bien cet extrait par une question et
par la réponse qu’il y apporte.
Mais comment comprendre qu’à une question qui porte sur l’origine des mots, il
apporte une réponse qui passe par la société? Il est clair que le langage est social par vocation, mais les mots?
C’est-à-dire que on ne pouvait pas comprendre ce texte si on n’essayait pas de dégager ce qui fait l’unité de
l’argumentation.
ECLAIRCISSEMENTS.
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