Baruch SPINOZA
Extrait du document
«
SPINOZA : ORIGINE DE LA SUPERSTITION
VOCABULAIRE SPINOZISTE
Sagesse: attitude sereine de l’homme libre, atteinte par la connaissance philosophique.
Elle est caractérisée par le sentiment d’être, et
d’être éternel, cette conscience d’être étant permanente et active.
Elle est donc joie.
Homme: réalité singulière, contingente, constituée par un corps et par l’idée de ce corps (esprit humain).
L’existence d’un homme n’est
pas logiquement nécessaire mais elle résulte du système des causes naturelles.
Dieu: nom donné par Spinoza à la substance infinie (Être) en tant qu’elle est constituée par un nombre infini d’attributs infinis.
Dieu est
donc la Nature elle-même.
Ce terme (Dieu) est équivalent au terme vérité.
Conatus: l'effort par lequel chaque chose tend à persévérer dans son être.
Il est donc la puissance d’exister (vim existendi) et
l’essence même du Désir.
Désir: mouvement concret fondé sur le conatus et par lequel l’individu poursuit des biens qui accroîtront sa puissance d’exister, c’està-dire sa perfection et son être.
Un tel accroissement produit la Joie (et ses dérivés) ; sa réduction produit au contraire la Tristesse (et
ses dérivés).
Le Désir est l’essence de l’homme.
Âme (anima): chez Descartes, principe substantiel lié au corps et formé de l’entendement et de la volonté; elle est indépendante du
corps et immortelle.
Spinoza n’emploie pas ce terme pour désigner l’individu humain singulier : il utilise le terme Mens (esprit).
Action adéquate : action découlant de l’essence de l’individu, c’est-à-dire de son Désir et de sa causalité interne.
Elle exprime
l’autonomie et par conséquent la liberté véritable de cet individu.
PRESENTATION DU "TRAITE THEOLOGICO-POLITIQUE" DE SPINOZA
Dans la deuxième moitié du xviie siècle, le durcissement des sectes religieuses fait planer l'ombre de l'intolérance sur la ville
d'Amsterdam, jusqu'alors réputée pour sa libéralité.
La situation réveille les consciences philosophiques : Spinoza (1632-1677) abandonne
provisoirement l'Éthique pour défendre la liberté de pensée.
Il montre que foi et raison sont dissociées, « l'une et l'autre ont leur royaume
propre » (XV).
Pour examiner les exigences de la foi et les discerner d'une superstition dangereuse, il propose une méthode originale
d'interprétation des textes sacrés : fondée sur la critique historique, elle exclut une lecture littérale aussi bien qu'une réduction rationnelle
telle que l'a proposée Maïmonide.
Si la culture de l'auteur se concentre sur la Bible, la portée de l'analyse vise tout le champ religieux.
On
peut voir dans cette recherche, qui suscita les critiques les plus violentes, l'origine d'une approche philologique des Écritures, doublée d'un
plaidoyer en faveur de la liberté de pensée.
La conscience religieuse voit dans la superstition une forme pervertie de la vraie religion, tandis que la tradition matérialiste, depuis
Lucrèce, tient toutes les religions pour des superstitions, c'est-à-dire des comportements irrationnels et aberrants qui ont pour source
l'ignorance et la peur.
« Nous voyons que les plus adonnés à tout genre de superstition ne peuvent manquer
d'être ceux qui désirent sans mesure des biens incertains ; tous, alors surtout qu ils
courent des dangers et ne savent trouver aucun secours en eux-mêmes, implorent le
secours divin par des voeux et des larmes de femmes, déclarent la Raison aveugle
(incapable elle est en effet de leur enseigner aucune voie assurée pour parvenir aux
vaines satisfactions qu'ils recherchent) et traitent la sagesse humaine de vanité ; au
contraire, les délires de l'imagination, les songes et les puériles inepties leur semblent
être des réponses divines ; bien mieux, Dieu a les sages en aversion ; ce n'est pas dans
l'âme, c'est dans les entrailles des animaux que sont écrits ses décrets, ou encore ce
sont les insensés, les déments, les oiseaux qui, par un instinct, un souffle divin, les font
connaître.
Voilà à quel point de déraison la crainte porte les hommes.
» SPINOZA, Traité
théologico-politique, préface
ordre des idées
1) Cause de la superstition : un désir excessif d'obtenir des biens incertains.
(II faut, croyons nous,
entendre par biens « incertains » - latin incerta - les biens aléatoires, hasardeux, dont on ne sait
comment les obtenir, plutôt que des biens matériels qui ne seraient pas les biens véritables, ces deux
sens n'étant au reste pas exclusifs.)
2) Exemples de biens incertains et des moyens superstitieux de les obtenir a) Obtenir un secours dans un danger.
- Moyens : des voeux et des larmes (censés pouvoir modifier la volonté divine).
b) Connaître l'avenir.
-Moyens : déchiffrer l'avenir dans les songes, les délires des fous, les entrailles des animaux, etc., (censés renfermer les décrets de
Dieu).
3) Les implications de la superstition
- Mépris de la Raison tenue pour incapable de comprendre les causes des choses.
-Abaissement de Dieu, qui préfère parler par le biais
des animaux et des fous plutôt que par celui des sages.
4) Une dernière remarque : ce désir d'obtenir des biens incertains est surtout provoqué par la crainte (avec laquelle, en dernière analyse,
il se confond, puisque le caractère incertain de ces biens entraîne au moins une appréhension de l'avenir)..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Le désir est l'essence même de l'homme - Baruch Spinoza (1632-1677)
- Baruch SPINOZA
- Baruch SPINOZA
- Baruch SPINOZA
- Baruch SPINOZA