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Baruch SPINOZA

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Ceux qui ont écrit sur les affections et la conduite de la vie humaine semblent, pour la plupart, traiter non des choses naturelles qui suivent les lois communes de la nature mais des choses qui sont hors de la nature. En vérité, on dirait qu'ils conçoivent l'homme dans la nature comme un empire dans un empire. Ils croient en effet que l'homme trouble l'ordre de la nature plutôt qu'il ne le suit, qu'il a sur ses propres actions un pouvoir absolu et ne tire que de lui-même sa détermination. Baruch SPINOZA

« VOCABULAIRE SPINOZISTE Nature: ensemble de la réalité.

Elle est soumise à des lois déterminées, elle ne comporte aucune finalité et elle est infinie.

Totalement autonome et unique, elle comporte une infinité d’aspects différents dont deux nous sont connus parce qu’ils nous constituent directement ce sont la Pensée et l’Étendue, Attributs de la substance, qui est Dieu, c’est-à-dire cette Nature même. Vérité: ce n’est pas seulement l’accord de l’idée et de son objet extérieur: c’est aussi et surtout l’accord de cette idée avec elle-même, et l’évidence intérieure et immédiate d’une idée adéquate (index sui).

Les concepts «Dieu» et « vérité» sont identiques. Affect: l'affect (affectus, qu'on traduit parfois par «sentiment») est une idée confuse par laquelle l'âme affirme une force d'exister de son corps, ou d'une de ses parties, plus ou moins grande qu'auparavant.

Il est à rapprocher et à distinguer de l'affection (affectio), qui n'est qu'une modification de la substance, ou de tel de ses modes.

En pratique, l'affection se dit plutôt du corps; et l'affect, de l'âme.

Les trois affects fondamentaux sont le désir, la joie et la tristesse. Homme: réalité singulière, contingente, constituée par un corps et par l’idée de ce corps (esprit humain). L’existence d’un homme n’est pas logiquement nécessaire mais elle résulte du système des causes naturelles. Action adéquate: action découlant de l’essence de l’individu, c’est-à-dire de son Désir et de sa causalité interne.

Elle exprime l’autonomie et par conséquent la liberté véritable de cet individu. En déclarant à propos des moralistes : "En vérité, on dirait qu'ils conçoivent l'homme dans la nature comme un empire dans un empire", Spinoza (1632-1677) récuse la morale, affirme une conception nouvelle de la liberté.

Cette fameuse formule « l'homme comme un empire dans un empire » se retrouve souvent sous la plume de Spinoza, mais elle est explicitée clairement dans la préface du troisième livre de L'Ethique, son ouvrage principal. Spinoza est, comme Descartes, l'héritier de la «révolution galiléenne ».

Les découvertes de Galilée entraînent une réforme totale des sciences et obligent à redéfinir la place de l'homme dans l'univers.

Mais Spinoza, à la différence de son précurseur Descartes, accepte de tirer de la science nouvelle des implications morales et politiques.

Celles-ci seront perçues comme ,tellement inouïes, révolutionnaires, tranquillement opposées à l'absolutisme politique et au conformisme religieux, qu'elles vaudront à Spinoza avec les surnoms de «chien galeux» et «d'impie », une vie précaire et menacée. Une des principales conséquences des découvertes de Galilée, c'est que la nature apparaît comme désenchantée, uniquement régie par les lois scientifiques, les lois de la mécanique.

Spinoza en tire la conclusion suivante : il faut considérer l'homme comme une partie de la nature comme une autre et dont tous les actes s'expliquent par des lois, des causes.

Mais il s'inscrit ainsi contre la conception traditionnelle de la liberté humaine, qui veut que l'homme décide souverainement de ses actions, qu'il soit doté de «libre-arbitre ».

Cette conception traditionnelle s'adosse à la religion. Descartes l'a exprimée le plus clairement en disant que notre volonté était infinie comme celle de Dieu.

Bref, dire que l'homme a été créé à l'image de Dieu, cela signifierait que l'homme est libre, que sa volonté est libre.

Or Spinoza conteste ce point en disant que cela revient à considérer « l'homme dans la nature comme un empire dans un empire». Pour récuser cette conception, Spinoza considère la façon dont la morale parle des passions et des hommes passionnés. Les moralistes considèrent les passions comme un vice de la nature humaine : le passionné est condamnable parce qu'il est responsable de sa passion, il ne suit aucun des conseils que les moralistes lui donnent, il fait un mauvais usage de sa volonté, il se rend complice de son vice.

En clair, résume Spinoza : « Ils cherchent la cause de l'impuissance et de l'inconstance humaine [...] dans je ne sais quel vice de la nature humaine, et pour cette raison pleurent à son sujet, la raillent, la méprisent, ou le plus souvent la détestent : qui sait le plus éloquemment ou le plus subtilement censurer l'impuissance de l'âme humaine est tenu pour divin.

» La position moraliste amène et à l'auto-glorification — censurer le vice, c'est se faire passer pour divin — et au mépris de l'homme.

L'homme est raillé, méprisé, détesté. Mais, et ici s'amorce la critique spinoziste, l'homme n'est pas compris.

Les moralistes n'ont jamais expliqué ni ce qu'était une passion, ni quelles en étaient les causes.

La preuve de leur impuissance à connaître, est précisément que personne ne peut suivre leur conseil, qu'ils n'ont jamais aidé personne à surmonter sa faiblesse, et que la seule chose que nous enseigne la morale est le mépris de l'être humain.

Les moralistes sont ceux qui « aiment mieux détester ou railler les affections el les actions des hommes que de les connaître ». D'où proviennent l'incompréhension et l'impuissance des moralistes ? De ce qu'ils n'ont pas compris que l'homme n'était qu'une partie de la nature comme une autre, c'est-à-dire soumis à des lois.

Les passions sont des phénomènes naturels comme les autres, qui ont des causes naturelles, comme tous les autres phénomènes naturels.. »

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