Baruch SPINOZA
Extrait du document
«
"Si dans une Cité les sujets ne prennent pas les armes parce qu'ils sont
sous l'empire de la terreur, on doit dire, non que la paix y règne, mais
plutôt que la guerre n'y règne pas.
La paix en effet n'est pas la simple
absence de guerre, elle est une vertu qui a son origine dans la force
d'âme car l'obéissance est une volonté constante de faire ce qui, suivant
le droit de la Cité, doit être fait.
Une Cité [...] où la paix est un effet de
l'inertie des sujets conduits comme un troupeau et formés uniquement à
la servitude, peut être appelée « solitude », plutôt que « Cité ».
Quand nous disons que l'État le meilleur est celui où les hommes vivent
dans la concorde, j'entends qu'ils vivent d'une vie proprement humaine,
d'une vie qui ne se définit point par la circulation du sang et
l'accomplissement des autres fonctions communes à tous les animaux."
SPINOZA
Commentaire :
Introduction :
Le but fondamental de la philosophie chez Spinoza est la constitution d’une authentique éthique du bonheur et de la
liberté.
A cette fin, l’œuvre de Spinoza s’élabore d’une part comme une théorie de la connaissance, mais aussi comme
réflexion morale, politique et théologique.
Dans son Traité Politique, il expose sa théorie du droit, et réfléchit ainsi sur le
sens de l’institution politique.
Dans ce passage du chapitre 4 du livre V du traité, Spinoza s’interroge sur la nature de la
paix instaurée à l’intérieur de l’Etat civil.
La paix ne se définit-elle que comme situation de non-violence, quelque soit
les moyens mis en place pour y parvenir, ou relève-t-elle à l’inverse d’une disposition spécifique des membres de la
société ? L’enjeu est de comprendre qu’elle est la vie et l’action humaine par excellence et dans quelle mesure l’Etat
peut y conduire les individus.
1ère partie : Réfutation d’une définition négative de la paix relative à la guerre.
La paix véritable ne doit pas être contrainte, mais volonté.
- Spinoza commence par réfuter une définition négative de la paix, c’est-à-dire, qui ne serait que relative à ce qu’elle
n’est pas : la guerre.
Pour l’auteur, la paix n’est pas seulement l’absence de violence, de conflit.
S’il n’y a pas de
guerre, cela ne suffit pas à ce qu’il y ait un état de paix réelle, quand bien même les effets semblent le laisser croire.
- Pour l’auteur il ne faut pas regarder seulement les faits, mais s’intéresser à leur cause, c’est-à-dire à la manière dont
l’état de paix s’est installé.
Il se place ainsi dans une théorie de l’action, en pensant que de même que la guerre est
engendrée par une cause, la paix doit l’être aussi.
La paix n’est pas un état passif, et ne doit pas être subie.
C’est ce
que l’auteur signifie lorsqu’il évoque un Etat qui contraindrait ses sujets à la paix en leur imposant une crainte telle
qu’ils n’osent « prendre les armes ».
Une telle paix serait ainsi « forcée », et non voulue par les sujets.
Ce n’est que
par crainte, et « terreur » que l’état de paix se maintiendrait, mais on comprend qu’il ne s’agit que d’un état, puisque
dans l’expérience vécue par les individus, elle serait violence, oppression, main mise sur leur liberté à décider de leur
action et à se mutiner.
- Spinoza, après avoir dit ce que la paix n’est pas, à savoir une simple absence de violence, donne alors sa définition
positive de la paix.
Pour lui, la paix est une « vertu qui a son origine dans la force d’âme ».
La paix ne se définie donc
plus par défaut (défaut de guerre) mais comme une véritable qualité, une capacité humaine.
La paix n’est donc pas
une simple situation de fait, mais une disposition des hommes.
La paix résulte d’une volonté.
- Néanmoins, si la paix est engendrée par les individus, c’est dans le cadre de la cité, c'est-à-dire de l’Etat civil, que
Spinoza la conçoit.
La paix est définie comme institution de la cité qui ordonne des lois pour maintenir la paix.
Mais la
paix n’est véritable que si les individus obéissent volontairement à ces lois, et non par contrainte et terreur comme
Spinoza l’évoquait plus haut.
La paix est alors une véritable force de l’âme de chaque individu qui se soumet
volontairement aux institutions, car la volonté de chacun s’accorde à la volonté de la cité.
Le citoyen respecte le droit
de la cité car ce droit est vertueux.
2ème partie : Définition de la « Cité » selon l’auteur.
Il ne faut pas considérer les effets seuls mais aussi les
moyens mis en œuvre.
- Spinoza reprend les conséquences tirées précédemment : une cité n’est véritable que si les sujets qui la constituent
s’y soumettent volontairement, et nullement s’ils y sont contraint comme un « troupeau », contre leur volonté.
Ce
n’est pas la cité qui conduit les hommes, mais les hommes qui conduisent la cité.
La cité n’existe qu’en tant qu’elle
réunit les hommes dans une entente, et non pas comme instance supérieure détachées de ses sujets.
Cette dernière.
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