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BACHELARD: «Les instruments ne sont que des théories matérialisées.»

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« BACHELARD: «Les instruments ne sont que des théories matérialisées.» «Les instruments ne sont que des théories matérialisées.

» Bachelard, Le Nouvel Esprit scientifique (1938). • Pour donner leur place à la théorie et à l'expérience dans la constitution de la connaissance, il faut relever que la connaissance du monde passe aussi par la connaissance du sujet connaissant lui-même.

C'est ce que dit Kant, qui vise notamment à sortir de l'antithèse entre Locke et Descartes. • Dans l'épistémologie moderne de Bachelard, les «données» de l'expérience ne sont jamais «données» spontanément, mais sont construites grâce à certains instruments (par exemple, le calcul de la trajectoire d'une comète dépend de la précision du télescope qu'on utilise). • Les instruments eux-mêmes ne sont pas «donnés»: le scientifique les construit lui-même pour tester une théorie qu'il a élaborée avant même que les «faits» qu'il décrit n'aient été rendus sensibles.

D'où l'idée que l'instrument «matérialise» une théorie: pour l'inventer, il fallait que la théorie ait déjà prévu la possibilité des données qu'elle voulait tester. « Déjà l’observation scientifique est toujours une observation polémique ; elle confirme ou infirme une thèse antérieure, un schéma préalable, un plan d’observation ; elle montre en démontrant ; elle hiérarchise les apparences ; elle transcende l’immédiat ; elle reconstruit le réel après avoir reconstruit ses schémas.

Naturellement, dès qu’on passe de l’observation à l’expérimentation, le caractère polémique de la connaissance devient plus net encore.

Alors il faut que le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé dans le moule des instruments, produit sur le plan des instruments.

Or les instruments ne sont que des théories matérialisées.

Il en sort des phénomènes qui portent de toutes part la marque théorique.

» BACHELARD. Licencié de mathématiques et professeur de physique et chimie, il fut professeur d'histoire et de philosophie des Sciences, à la Sorbonne, de 1940 à 1954.

Il se tourna ensuite vers l'étude de la poésie.

Il nous indique son dessein en ces termes :« dialectiser la pensée et, par cette dialectisation de la pensée, comprendre enfin que le concret est moins donné qu'il n'est construit, que les concepts clairs du mécanisme sont moins simples qu'arbitrairement — ou commodément — simplifiés.

Il s'agit de démystifier le rapport transcendantal du sujet et de l'objet, trop souvent immobilisé dans un rationalisme théorique et par là même aisément triomphant, et de recevoir les leçons de l'expérience, loin de l'expérimentation, afin de « ne pas voir la réalité telle que je suis ».

Il s'est livré à une véritable « psychanalyse objective » de la matière, des quatre éléments, cherchant à accorder « l'esprit poétique expansif et l'esprit scientifique taciturne ». Œuvres principales : Le nouvel esprit scientifique (1934), Le rationalisme appliqué, Essai sur la connaissance approchée (1934), La formation de l'esprit scientifique (1938), La Psychanalyse du feu (1938), L'eau et les rêves (1942), L'air et les songes (1943), La terre et les rêveries du repos (1948), La terre et les rêveries de la volonté (1948), La Poétique de l'espace (1957).. »

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