BACHELARD: "Il suffit que nous parlions d'un objet pour nous croire objectifs".
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BACHELARD: "Il suffit que nous parlions d'un objet pour nous croire objectifs".
" Il suffit que nous parlions d'un objet pour nous croire objectifs ".
Cette première phrase de la Psychanalyse du feu
est pleinement valable, pour nous mettre en garde, nous qui devons parler de l'oeuvre de Bachelard, comme si elle
était une, comme si elle n'éveillait pas en nous, en même temps que le désir de savoir, l'émerveillement devant un
monde qui se développe en des sens multiples et inattendus gonflant l'objet, et la connaissance que nous en avons,
de valorisations primitives, dont les séductions font prendre plaisir, et plaisir démiurgique, à l'acte apparemment le
plus simple.
De formation, Gaston Bachelard est à la fois physicien et philosophe : il est donc normal qu'une partie
de son oeuvre soit consacrée à la réflexion sur les problèmes que pose à l'épistémologie le développement de la
science contemporaine ; le propos de Bachelard, en ce qui concerne la philosophie scientifique, c'est, en un mot, de
" dialectiser " la pensée et, par cette dialectisation de la pensée, comprendre enfin que le concret est moins donné
qu'il n'est construit, que les concepts clairs du mécanisme sont moins simples qu'arbitrairement ou commodémentsimplifiés.
Il s'agit de démystifier le rapport transcendantal du sujet et de l'objet, trop souvent immobilisé dans un
rationalisme théorique et par là même aisément triomphant, et de recevoir les leçons de l'expérience, loin de
l'expérimentation, afin de " ne pas voir la réalité telle que je suis ".
Le sens indéniable des formules ajoute à la
polémique de Bachelard une valeur percutante : il s'agit en effet d'une polémique, qui a pour but de réveiller un
esprit paresseux, devenu approximatif, de changer le " sens " du rationalisme et de passer d'une épistémologie
cartésienne à une épistémologie non-cartésienne : en aucun cas, il ne s'agit de dénier sa valeur à la science, ou à
une science, mais d'apprendre enfin à être " mécontent ", pour ne plus se satisfaire des applications floues de
concepts apparemment simples.
Concepts valables, certes, au niveau de la connaissance approchée, "
macroscopique ", et qui restent valables à ce niveau ; mais il devient nécessaire de les abandonner, lorsqu'on
aborde la physique des quanta, dont on sait que le principe d'incertitude ou d'indétermination d'Heisenberg introduit
la probabilité dans la constitution même des choses.
La détermination, base d'une physique totale, relève de l'illusion
de la possibilité d'un entendement infini, qui, au même moment, connaîtrait l'état exact et total de l'univers ;
relativité et indéterminisme n'aboutissent pas à la négation absolue de toute vérité ce serait d'ailleurs contraire à
leur statut mais introduisent dans une pensée consciente de ses postulats une vie et une histoire, un risque.
Ce
risque, Bachelard l'a couru en un domaine bien différent : une introduction à la lecture de Lautréamont, dont Les
chants de Maldoror ont été lus et relus par les surréalistes.
Mais aussi la série des quatre éléments, dont il opère la "
psychanalyse objective ", pour que se fasse la fusion entre " l'esprit poétique expansif et l'esprit scientifique
taciturne ".
Bref, pour qu'il ne soit plus interdit au philosophe de résister aux séductions des rêveries et des
sympathies d'objets, les ayant bien connues..
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