Avons-nous besoin d'illusions ?

« Demande d'échange de corrigé de L Maud ([email protected]). Sujet déposé : Avons-nous besoin d'illusions ? « Je ne crois que ce que je vois », ce dicton généralement attribué à l'apôtre Thomas permet d'éclairer en partir la nature de l'illusion car en effet, les impressions sensorielles sont très souvent source d'illusions car ce qui est visible n'est pas toujours réel et de même ce qui est invisible n'est pas forcément irréel.

A insi, ce qui apparaît comme une évidence peut se révéler être en réalité une image illusoire.

Par exemple, bien que je sache pertinemment que la Terre tourne, c'est le Soleil que je vois tourner.

Or, pendant très longtemps, les hommes ont pensé que c'était le Soleil qui tournait autour de la Terre. L'illusion peut donc répondre à un besoin de combler une lacune, ici un obstacle, en termes de connaissance, afin d'expliquer un fait. Il conviendrait ici de faire la distinction entre une illusion et une erreur afin de clarifier ce que j'entends par le mot illusion et d'approfondir mon exemple.

Une erreur, contrairement à une illusion peut se dissiper grâce au savoir et à la connaissance.

Ainsi, par définition, une erreur est une affirmation fausse non conforme aux règles de la logique.

L'illusion en revanche peut être expliquée mais non dissipée, l'apparence demeure mais elle ne fait plus illusion, de même, elle ne peut être vaincue par le savoir.

Notre exemple est donc une illusion car bien que la science est démontrée que la Terre tourne autour du Soleil, on continue d'avoir l'impression que c'est le Soleil qui tourne autour de la Terre sans se laisser abuser par cette conception. D'autre part, ce diction cache également un autre aspect de la nature de l'illusion, en effet, les hommes ont tendance à voir ce qu'ils croient avant de croire ce qu'ils voient.

Ceci met en relief les liens étroits qui existent entre illusion et désir.

En effet, l'illusion est la satisfaction anticipée de l'assouvissement d'un désir, l'illusion peut donc être le fait de « prendre ses désirs pour des réalités ».

Or, pour Spinoza, le désir est l'essence de l'homme, le désir est donc vital car du désir naît l'espoir.

Le désir est illimité est n'est jamais satisfait car à peine assouvit il renaît.

Par conséquent, si l'illusion est le reflet de nos désirs, alors la vie à besoin d'illusions car elle permet en quelques sortes de matérialiser l'espoir motivant ainsi la volonté de vivre. Les liens entre désirs, espoirs et illusions sont en effet très intéressants car l'homme espère avoir une existence qui le satisfait.

Ainsi, pour se persuader qu'il a bien assouvit ses désirs l'homme se réfugie dans un monde irréel dont il n'est pas conscient.

En effet, bien que nous soyons conscients de nos désirs, l'illusion quant à elle, est inconsciente.

Or, la limite entre le conscient et l'inconscient est indiscernable.

L'illusion ne peut donc pas être combattue, car comment se battre contre une illusion si l'on sait que c'est une illusion auquel cas ce n'en n'est plus une...! L'homme ne peut vivre sans illusion, il vit donc dans un monde irréel où l'habitude nous faire prendre nos illusions pour la réalité même.

En vivant dans un monde fictif, crée par notre imagination, l'homme se protège des ses peurs.

Le dicton « pour vivre heureux, vivons cachés » peut être interprété dans cette optique: en effet, il met en garde contre le danger des séductions mais atteste également de la création d'illusions; l'homme est protégé par ses illusions d'une réalité qui peut parfois être très dure. Ainsi, nous vivons déjà dans un monde où l'illusion règne en maître.

L'illusion est présente partout car notre perception des choses est altérée par nos désirs.

Par exemple, Platon avec l'allégorie de la caverne avait montré le caractère illusoire et irréel du monde.

Cette allégorie montre en effet que le monde le plus réel n'est pas celui que l'on croit.

Le monde dans le quel nous vivons est illusoire car la vérité est trop difficile à entrevoir et vivre dans l'illusion est bien plus simple.

Pour aller plus loin, on pourrait affirmer que la vie sans illusion ne serait pas supportable, l'homme a besoin d'illusions pour survivre car comme l'a montré Pascal, la situation de l'homme est misérable étant donné qu'il est ignorant et voué à la mort.

L'illusion permet à l'homme de lutter contre cette fatalité car elle entretien l'espoir.

Ainsi, la religion apporte souvent l'espoir d'une vie au delà de la mort, ces croyances sont illusoires mais permettent d'envisager une finalité différente: l'illusion vient donc nourrir l'espoir des hommes de contrôler leur vie et leur destinée selon leurs désirs. Les hommes se nourrissent donc d'illusions, en témoignent les mondes virtuels des jeux vidéos où l'on peut créer un personnage et le faire évoluer selon nos désirs, Internet, ou encore les spectacles d'illusionnistes.

C e dernier exemple est particulièrement intéressant car le spectateur éprouve du plaisir en sachant qu'il est trompé et s'il est dans l'illusion mais pourtant cette situation le satisfait.

L'illusion est donc dans la nature de l'homme et il ne peut par conséquent s'en passer.

Les désirs qu'il éprouve alimentent ses illusions, de même lorsqu'il rêve, il est dans l'illusion complète car il imagine ses désirs devenant réalité.

Mais le rêve est la forme la plus « faible » d'illusion car on se rend compte au réveil que l'on était dans un monde fictif et irréel tandis que la plus « forte » des illusions est celle qui est infinie et n'a pas de fin, en laquelle on croit toute sa vie sans jamais rencontrer de désillusions. Ainsi, comme l'a montré Spinoza dans la lettre à Schuller, l'homme est soumis à la nécessité et au déterminisme.

Il vit dans un monde où l'illusion prédomine, un monde qui est donc fait d'images illusoires, un monde où ses désirs transforment sa perception mais un monde nécessaire dans lequel l'homme, s'il était dénué d'illusions serait brutalement confronté à la réalité des choses.

Or, bien que l'illusion soit une fatalité, le monde conserve une part de réel.

Les illusions de la conscience et des sens altèrent notre perception du réel mais ne le font pas disparaître à jamais laissant ainsi entrevoir la réalité. Jacques Lacon a définit le réel comme « ce qui ne marche pas ».

Si on s'en tient à cette définition, on peut se rendre compte que l'homme est parfois confronté à la réalité.

N effet, cette définition suppose que l'irréel est ce qui marche tout le temps; l'illusion serait donc de ne pas rencontrer d'obstacles ce qui rendrait alors possible de discerner imaginaire et réel.

Or, qui n'a jamais été confronté à des obstacles ? Tout le monde à des exemples à donner en terme d'obstacles, il paraît en effet inéluctable de rencontrer des obstacles au cours de sa vie tandis que mener une vie à sa guise et selon ses désirs relèverait plutôt d'une illusion.

Par ailleurs, vivre dans l'illusion perpétuelle peut avoir de graves conséquences telles que la folie ou le suicide avec la désillusion: lorsqu'on se rend copte que notre propre esprit nous a trompé et s'est joué de nous. D'autre part, bien que les désillusions puissent parfois avoir des conséquences positives sur l'homme qui peut ainsi se rendre compte de sa vision faussée du monde et prendre par la suite une meilleure orientation, elles ont pour la plupart du temps des conséquences néfastes telles que des blessures psychologiques ou existentielles.

Ainsi, l'homme qui se rend compte qu'il ne pourra jamais devenir ce qu'il a toujours rêvé d'être se retrouvera brusquement et soudainement confronté à une réalité à laquelle il n'a pas l'habitude de s'opposer, le retour dans le monde réel et sa confrontation à la vérité issue de la désillusion auront sur lui un impact violent qui pourrait se révéler fatal. Les illusions empêchent l'homme de progresser, l'enfermant dans un état de dépendance, dominé par ses désirs.

L'illusion éloigne l'homme de la vérité et est certainement immorale puisque le fait de trouver refuge dans un monde fictif, illusoire revient à fuir au lieu d'essayer d'affronter les obstacles qui entravent la volonté.

De plus, sombrer dans l'illusion est comme le dit Spinoza renoncer à sa liberté or, l'homme a toujours recherché la liberté , même à travers des croyances illusoires comme la religion, dès lors, il devra renoncer à la facilité et lutter pour conquérir sa liberté. L'illusion est donc une fatalité car elle est présent en l'homme à l'état de nature et est en plus alimentée par des désirs illimités.

L'illusion est une nécessité car elle nourrit l'espoir de l'homme m'aidant ainsi à survivre mais l'entrave dans sa recherche de la vérité.

De plus, l'illusion qui est bien souvent plus facile à accepter que la réalité prive l'homme de sa liberté.

Enfin, l'illusion bien que omniprésente n'est pas la seule constituante du monde, notre inconscient domine notre façon de percevoir le monde sans pour autant annihiler notre faculté d'entendement L'illusion est donc le témoignage du décalage entre homme et monde, désirs et réalités, et ne pouvant pas se libérer de cette nécessité d'existence, l'homme doit composer lui même entre réel et imaginaire, illusion et réalité. Sujet désiré en échange : http://www.devoir-de-philosophie.com/commentaire-spinoza-souveraine-puissance-3083.html. »