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Avons-nous besoin de héros ?

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« Aide du prof: A quels types de besoins le héros peut-il répondre ? Interrogez-vous par ailleurs sur les dimensions dans lesquelles ce sujet fait sens.

Qui a besoin de héros ? La société ? La politique doit-elle s'appuyer sur des héros fondateurs et pourquoi ? L'histoire se nourrit-elle de héros ? Si le héros répond à un besoin, ne devient-il pas finalement une figure finalement très artificielle ? On crée en effet des héros qui sont censés répondre à ces besoins mais on perd du même coup une certaine authenticité voire une plausibilité.

On peut aller jusqu'à inventer des héros qui correspondent spécifiquement à nos besoins.

Mais alors, que valent ces héros ? L'héroïsme a-t-il encore du sens ? Par ailleurs, ne faut- il pas distinguer ici un besoin de héros et un désir de héros dans lequel le fantasme prendrait le pas sur la réalité ? Suggestion de plan : Première partie : Qu'entendre par le « héros » ? L'histoire des sociétés est assortie d'histoires de chefs, de « leaders » charismatiques qui sont auréolés de légendes glorieuses.

D'ailleurs, les anthropologues montrent que ces figures existent sous forme mythique, il ne s'agit donc pas simplement de grands hommes mais aussi de forces symboliques et imaginaires qui semblent avoir imposé leur marque dans un « avant » l'histoire, dans un temps n'appartenant pas à la durée humaine.

Les figures héroïques se retrouvent dans la majorité des systèmes culturels.

En ce qui concerne l'Occident, ce sont indéniablement les héros grecs qui servent le plus souvent de référence.

Pour les Grecs, on ne devient pas un héros, on y est prédestiné et il ne saurait être question de se soustraire à la hauteur de la tâche qui y est associée.

« Les gens ne sont des héros que quand ils ne peuvent pas faire autrement.

» ironise Claudel.

Les héros grecs n'appartiennent pas strictement à l'univers des humains ; ils sont des créatures hybrides, à mi-chemin entre deux mondes, celui des hommes et celui des dieux.

D'ailleurs, le statut du héros est toujours de cette sorte : il rompt avec la destinée commune, il échappe à la condition banale des hommes, accédant à une aura de divinité.

Cette nature de demi-dieux (mi-hommes, mi-dieux ou ni hommes, ni dieux) va de pair avec la nécessité d'assumer des missions impossibles, leur rôle est celui de sauveur, de guide, ils parlent, pensent et agissent pour l'humanité.

De cette fonction supérieure leur vient leur dimension tragique. Deuxième partie : Pourquoi des héros ? Le héros répond au besoin des hommes de donner un sens à un monde vide qui n'a apparemment ni cause ni finalité.

Par ailleurs, la fonction politique du héros tient à ce qu'il conduit les peuples et donc les décharge du soin de se conduire eux-mêmes.

Il s'agit là d'une forme perverse de la domination, car elle introduit une hiérarchie qui n'a pas le caractère tranchant du rapport entre le maître et l'esclave, mais semble valorisée du fait que le commun des mortels s'incline devant l'homme d'exception. Le psychanalyste Carl Gustav Jung dans L'homme et ses symboles, ou dans Psychologie de l'inconscient, indique que les itinéraires des personnages héroïques s'organisent toujours de la même manière et forment ainsi ce qu'on appelle des « archétypes de l'inconscient collectif », c'est-à-dire des ensembles symboliques partagés par l'humanité tout entière et qui s'expriment notamment dans les récits mythologiques.

La quête du héros obéirait à une structure ternaire : le départ du héros - ce qui correspond à la jeunesse -, l'initiation, la crise ou les diverses épreuves à surmonter - le milieu de la vie - et le retour - la maturité.

Ainsi, la figure du héros serait ancrée au plus profond de la psyché humaine et, selon les époques, s'exprimerait diversement.

Freud a procédé de cette même manière analogique en exploitant le mythe oedipien pour expliquer la constitution de la psyché humaine. Troisième partie : Héros modernes Mais le héros n'est pas seulement le grand chef, comme Gengis Kahn ou Tamerlan, il est aussi le héros des lectures : on le trouve comme protagoniste du conte, là où dans un environnement stylisé, son secours, son intelligence, sa finesse, sa ruse sont les outils indispensables afin de sortir de l'impasse.

Les grandes figures du roman au XIXème siècle sont ainsi l'expression prosaïsée du besoin d'image glorieuse et satisfaisante pour l'imaginaire.

Notre époque a-t-elle toujours besoin de héros, ou l'angoisse du vide s'est-elle résorbée avec le progrès de la connaissance ? Il semble que, quelle que soit l'époque, les humains expriment cette part archétypale de leur psyché.

En fait, le héros ne servirait pas tant de modèle que d'expression des aspirations, des craintes et de la quête du sens de l'humanité.

On constate par exemple que le héros des sociétés développées se confond avec le prestige du spectacle (Guy Debord), il n'a donc rien accompli d'extraordinaire qui le placerait au-dessus de l'humanité moyenne, mais le lustre du cinéma, de l'argent, lui confére un avantage qui réduit les autres à néant. Conclusion : « Les peuples heureux n'ont pas d'Histoire.

Ils n'ont donc pas de héros.

» R.-G.

Schwartzenberg, L'État-spectacle.

La quête désespérée de héros serait donc fondamentalement la trace d'un déséquilibre, l'expression d'un mal-être qui ne pourrait se résorber qu'à la condition d'accéder au bonheur.. »

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