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Avoir tout pour être heureux, est-ce là, pour vous, le bonheur ?

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« Intro : L'être humain semble instinctivement porté à la recherche de son bonheur.

Si celui-ci constitue le souverain bien, alors rien ne le surpasse et tout avoir pour être heureux dans la vie semble bien suffisant.

Epicure justifie ainsi cette quête : « Il faut avoir le souci de ce qui produit le bonheur, puisque s'il est présent, nous avons tout, tandis que s'il est absent, nous faisons tout pour l'avoir.

» ( Lettre à Ménécée ).

Mais cela peut sembler encore vague : est-ce que le bonheur est la somme de nos satisfactions, ou inversement, le bonheur est-il un état requis pour tout avoir ? Et avoir tout pour être heureux, cela suffit-il à saisir entièrement l'essence du bonheur ? Car si le bonheur dans notre vie pratique est la comptabilité des satisfactions de notre sensibilité, il est aussi un état d'esprit supérieur, dégagé des contingences du quotidien. I.

La logique ancienne du bonheur - Le modèle éthique conséquentialiste de la tradition grecque enseigne que le bonheur est la finalité de toutes nos actions.

Pour Epicure, comme pour Aristote, plaisirs et satisfactions dans la vie « pratique » conduisent au bonheur de l'individu.

La somme d'actions vertueuses conduit au bonheur, achèvement d'une vie.

Mais parallèlement à ce type de bonheur, il en existe un autre, qu'Aristote situe dans la vie « théorétique », c'est-à-dire dans une vie contemplative où le contentement se désintéresse des choses matérielles pour qualifier un état d'esprit Dans l'Éthique à Nicomaque, Aristote conduit l'analyse de ce qui motive les actions humaines.

Chacun conçoit le bien et le bonheur d'après sa propre vie.

Pour le plus grand nombre, le bonheur se définit par une vie de jouissance et de plaisirs ; on en trouve d'ailleurs souvent l'exemple parmi ceux qui gouvernent.

Pour un nombre plus restreint ("l'élite et les hommes d'action"), le bonheur est placé dans la récolte des honneurs et des louanges : tel est le but en général recherché par ceux qui font de la politique.

Il existe enfin un troisième type de bien, relatif à un tout petit nombre ("cette fin a davantage rapport avec ceux qui accordent les honneurs qu'avec ceux qui les reçoivent").

Ce vrai bien est individuel et inaliénable.

Ce ne sont ni les honneurs qui rassurent — où l'on cherche la reconnaissance de gens intelligents —, ni même la vertu.

Car on peut être vertueux et rester inactif toute sa vie ; ou, bien pire, endurer bon gré mal gré "les pires maux et les pires malheurs" : on peut être vertueux et terriblement malheureux.

Le souverain bien est un bien qui est recherché pour lui-même et non en vue d'autre chose (comme l'argent par exemple), il est tout à la fois moyen et fin.

Seul le bonheur est en mesure de répondre à cette définition et Aristote le fait résider dans l'activité de l'esprit, partie la plus haute et la plus noble de l'homme, dont l'activité est plus durable et continue que tout autre action pratique.

Elle procure un plaisir certain, tant il est vrai qu'il y a plus d'agrément à vivre dans le savoir que dans l'ignorance, et enfin elle est indépendante, ne répondant que d'elle-même : sa finalité lui est immanente (elle ne dépend pas d'un résultat extérieur plus ou moins bon), et elle se nourrit du loisir à la différence de toutes les autres activités qui sont laborieuses. - Il faut insister sur l'opposition du bonheur au simple plaisir.

Si l'on peut être heureux du temps qu'il fait aujourd'hui, cela reste une satisfaction partielle et passagère de la sensibilité.

Le bonheur est un stade supérieur où joie et plaisir ne sont pas liés aux contingences. II.

Le bonheur est un état d'esprit - L'autre versant de la doctrine grecque élève le bonheur au stade de bien suprême, il n'est pas qu'une somme mathématique de satisfactions.

Chez les stoïciens par exemple, le bonheur est une sagesse austère, dégagée de tout ce qui ne ressort pas du domaine de l'humain.

Ainsi, gloire et fortune sont considérés comme des aléas dont la possession ne peut suffire au bonheur.. »

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