Autrui peut-il mieux me connaître que je me connais moi-même ?
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«
Définitions:
MOI (n.
m.) 1.
— Désigne le sujet en tant qu'il se pense lui-même.
2.
— Idée que se fait de lui-même un individu
quelconque.
3.
— (Psychan.) Instance de la seconde topique freudienne (opposé au ça et au surmoi), le moi (das
Ich) dépend des revendications du ça et des impératifs du surmoi ; il apparaît comme un facteur de liaison des
processus psychiques et représente le pôle défensif de la personnalité.
AUTRE / AUTRUI : 1) Comme Adjectif, différent, dissemblable.
2) comme Nom, toute conscience qui n'est pas
moi.
3) Autrui: Tout homme par rapport à moi, alter ego: "Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce moi (ego) qui n'est
pas moi (alter)." (Sartre).
Les autres hommes, mon prochain.
C'est à la fois l'autre et le même (mon semblable, un
moi autre, une personne).
CONNAÎTRE / CONNAISSANCE: 1.
— Être familier de quelqu'un ou quelque chose.
2.
— Discerner, distinguer
quelque chose : « Le premier et le moindre degré de connaissance, c'est d'apercevoir » (CONDILLAC) 3.
— Posséder
une représentation de quelque chose, en part.
une représentation exacte.
4.
— Connaissance: a) Acte par lequel un
sujet s'efforce de saisir de saisir et de se représenter les objets qui se présentent à lui.
b) Résultat de cet acte.
Introduction
Il faut commencer par souligner ce paradoxe : si je suis immédiatement présent à moi-même, si je me saisis moimême sans l'intermédiaire du langage et sans possibilité de masque ou de dissimulation, il semble impossible que je
ne sois pas celui qui me connaît le mieux.
En effet, il semble que je lise en moi-même à livre ouvert.
Pour que le
sujet prenne sens, il faut donc concevoir un moi véritable qui pourtant ne se réduise pas au moi dont j'ai
immédiatement conscience, il faut qu'autrui puisse me connaître tel que je suis en vérité, et non simplement tel que
je me figure être, tel que je me perçois moi-même dans l'intimité de ma conscience.
I - L'imperfection de la connaissance de soi par soi
A) La transparence de la conscience à elle-même
Pour la tradition des philosophies de la conscience issues du cartésianisme, Ce qui est présent dans la conscience
semble directement accessible.
Un simple regard, une simple introspection suffisent.
De plus, le sens de ce qui est
présent dans ma conscience est là en sa totalité.
Avec la conscience, on est donc de plain-pied dans la
signification.
Bref, la conscience est transparente à elle-même.
Et ce qui se présenterait comme une zone d'ombre
ne serait que la conséquence de l'inattention ou d'une attention insuffisante.
En cela le rapport de la conscience
avec elle-même diffère de son rapport avec l'objet.
L'objet est une zone d'opacité pour la conscience.
Quand je m'engage dans la connaissance du monde extérieur, je
quitte le domaine de la certitude.
Seule la transparence de la conscience avec elle-même ouvre la sphère de la certitude.
Autrement dit, je lis dans
ma conscience à livre ouvert.
La certitude n'est jamais que l'adhésion de la conscience à une vérité reconnue par
elle avec évidence comme telle.
La claire transparence de la conscience à elle-même exclut la possibilité d'un acte dont le sens échapperait au
sujet.
Mais, il y a aussi ce quelque chose que nous ne pouvons pas connaître mais qui se démontre par ses effets,
ce quelque chose que Freud appelle l'inconscient.
En fin de compte, la conscience n'enregistre-t-elle pas ou ne
traduit-elle pas ce qui se trouve au-delà et indépendamment d'elle ? Rimbaud disait : « C'est faux de dire : je pense
; on devrait dire on me pense.
Pardon du jeu de mots.
Je est un autre.
» (« Lettre à George Izambard » du 13 mai
1871).
Freud soulignera le caractère lacunaire du rapport de la conscience à elle-même et dira: "Le moi n'est pas
maître dans sa propre maison".
B) Le moi n'est pas maître dans sa propre maison (Freud).
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