Autrui: conscience solitaire ou solidaire ?
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VOCABULAIRE:
AUTRE / AUTRUI : 1) Comme Adjectif, différent, dissemblable.
2) comme Nom, toute conscience qui n'est pas
moi.
3) Autrui: Tout homme par rapport à moi, alter ego: "Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce moi (ego) qui n'est
pas moi (alter)." (Sartre).
Les autres hommes, mon prochain.
C'est à la fois l'autre et le même (mon semblable, un
moi autre, une personne).
RAISON: Du latin ratio, « calcul », « faculté de calculer, de raisonner » (en grec logos).
* Au sens subjectif : mode de penser propre à l'homme (lui-même défini comme « animal raisonnable »).
* Par opposition à l'intuition : faculté de raisonner, c'est-à-dire de combiner des concepts et des jugements, de
déduire des conséquences.
* Par opposition à la passion ou à la folie : pouvoir de bien juger, de distinguer le vrai du faux, le bien du mal.
* Par opposition à la foi : la « lumière naturelle », naturellement présente en tout homme.
* Par opposition à l'expérience : faculté de fournir des principes a priori (c'est-à-dire indépendants de l'expérience)
* Au sens objectif : principe d'explication, cause (exemple : les raisons d'un phénomène).
* Argument destiné à légitimer un jugement ou une décision (exemple : donner ses raisons).
La conscience vient du latin conscientia, qui signifie « accompagné » (cum) de « savoir » (scire).
Être conscient
signifie donc que lorsque l'on sent, pense, agit, on sait que l'on sent, pense ou agit.
Mais il convient de distinguer la
conscience directe ou immédiate, qui accompagne ainsi tous les actes du sujet, de la conscience réfléchie,
conscience qui se saisit elle-même comme conscience.
La première consiste à « avoir conscience », tandis que la
seconde consiste à « être conscient d'avoir conscience ».
Le passage de l'un à l'autre serait le fait de « prendre
conscience ».
Descartes : autrui, un raisonnement analogique
• Pour lui, la connaissance d'autrui découle d'un raisonnement par analogie.
Si
je vois dans la rue des chapeaux et des manteaux semblables à ceux que je
porte moi-même, comment puis-je juger pour autant que ce sont des hommes
qui passent ? Comment puis-je connaître un être qui, comme pure intériorité,
m'échappe par principe ?
• Descartes répond :
— de par la ressemblance objective entre mon corps et celui d'autrui ;
— de par la relation éprouvée entre mon corps et ma conscience (relation qui
fait de ce corps mon corps) ;
— j'en conclus à la présence d'une conscience dans le corps d'autrui.
Selon Descartes, je découvre donc autrui à partir de ma conscience solitaire.
Hegel : autrui, une opposition
Dans le système hégélien au contraire, dire "je" tout seul n'a pas de sens.
Dire
"je" suppose qu'il y a d'autres "je" préalables que je reconnais d'abord et dont
je me distingue en entrant en conflit avec eux pour obtenir leur
reconnaissance.
La conscience de soi ne s'affirme ici que dans l'opposition à
d'autres consciences.
« Pour se faire valoir et être reconnue comme libre, il faut que la
conscience de soi se représente pour une autre comme libérée de la
réalité naturelle présente.
Ce moment n'est pas moins nécessaire que
celui qui correspond à la liberté de la conscience de soi en elle-même.
L'égalité absolue du Je par rapport à lui-même n'est pas une égalité
essentiellement immédiate, mais une égalité qui se constitue en
supprimant l'immédiateté sensible et qui, de la sorte, s'impose aussi à
un autre Je comme libre et indépendante du sensible.
Ainsi la
conscience de soi se révèle conforme à son concept et, puisqu'elle
donne réalité au Je, il est impossible qu'elle ne soit pas reconnue.
Mais l'autonomie est moins la liberté qui sort de la présence sensible
immédiate et qui se détache d'elle que, bien plutôt, la liberté au sein de
cette présence.
Ce moment est aussi nécessaire que l'autre, mais ils
ne sont pas d'égale valeur.
Par suite de l'inégalité qui tient à ce que,
pour l'une des deux consciences de soi, la liberté a plus de valeur que
la réalité sensible présente, tandis que, pour l'autre, cette présence
assume, au regard de la liberté, valeur de réalité essentielle, c'est
alors que s'établit entre elles, avec l'obligation réciproque d'être
reconnues dans la réalité effective et déterminée, la relation maîtriseservitude, ou, absolument parlant, servitude-obéissance dans la
mesure où cette différence d'autonomie est donnée par le rapport
naturel immédiat..
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