Augustin, « Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais, mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus »
Extrait du document
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Indications générales
Avec la fin de l'Antiquité et la diffusion du christianisme en Europe, la philosophie perd son autonomie par rapport à la
religion: elle devient «servante de la théologie» (et réciproquement, la religion prend la forme d'une «théologie», c'està-dire d'un discours en partie rationnel).
C'est pourquoi saint Augustin (354-430), qui fut évêque et Père de l'Église,
est aussi considéré comme un grand philosophe, réalisant le rencontre entre le platonisme et le christianisme.
Dans La
Cité de Dieu (426), il traite du rapport entre l'Église et la politique.
Dans Les Confessions (397), il raconte sa
conversion et analyse ce que sont la mémoire et le temps.
Citation
«Qu'est-ce donc que le temps? Si personne ne me le demande, je le sais, mais si on me le demande et que je veuille
l'expliquer, je ne le sais plus.
[...] Comment donc ces deux temps, le passé et l'avenir, sont-ils, puisque le passé n'est
plus et l'avenir n'est pas encore ? [ ..
] Où donc qu'ils soient, quels qu'ils soient, ils ne sont qu'en tant que présents».
(Les Confessions, XI, 14.)
Explication
Augustin nous confronte au mystère du temps: tout le monde sait ce que c'est, mais il est bien difficile de le définir.
Si
le temps se décompose en passé, présent, et avenir, il est donc composé de trois choses qui n'existent pas: puisque le
passé n'est plus, que l'avenir n'est pas encore, et que le présent n'est que la limite entre les deux.
Le temps n'existe
donc que dans la conscience, comme présent du passé, présent du présent, et présent de l'avenir.
Exemple d'utilisation
Ce que met en évidence Augustin, c'est le lien inéluctable entre le temps et ma conscience: on ne peut pas définir le
temps, objectivement, on ne peut le définir que par rapport à la subjectivité qui en éprouve le passage: le temps est
donc une «distension de l'âme», entre la mémoire et l'attente.
Le texte d'Augustin est donc très intéressant pour
penser le lien entre la conscience et le réel: il inverse le rapport habituel, qui pose la conscience* face à une réalité
qui a une existence objective autonome: Augustin montre que le réel (ou du moins le temps, mais tout est dans le
temps) n'existe pas sans la conscience pour laquelle il existe.
SUJET TYPE: Faut-il dire que la conscience est dans le temps ou que le temps est dans la conscience?
Contresens à ne pas commettre
Il ne faut pas non plus faire d'Augustin un subjectiviste [voir Berkeley] pour qui le monde n'existerait que dans notre
conscience.
Dire que l'on ne peut comprendre ce qu'est le temps qu'en le mettant en rapport avec la conscience, cela
ne veut pas dire que rien n'existe sans la conscience.
En particulier, l'examen de ce qu'est l'âme va mener Augustin à
découvrir l'existence de Dieu comme réalité transcendante..
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