Arthur SCHOPENHAUER (1788-1860)
Extrait du document
«
Schopenhauer, « La volonté est l'essence du monde »
« La volonté, que nous trouvons au-dedans de nous, ne résulte pas avant tout,
comme l'admettait jusqu'ici la philosophie, de la connaissance, elle n'en est
même pas une pure modification, c'est-à-dire un élément secondaire dérivé et
régi par le cerveau comme la connaissance elle-même; mais elle est le Prius de
la connaissance, le noyau de notre être et cette propre force originelle qui crée
et entretient le corps animal, en en remplissant toutes les fonctions
inconscientes et conscientes[ ..
].
Elle est ainsi ce qui doit s'exprimer de
n'importe quelle manière, dans n'importe quelle chose au monde: car elle est
l'essence du monde et la substance de tous les phénomènes.
» [Arthur
SCHOPENHAUER (1788-1860)]
Commentaire :
Ce texte, qui traite de la volonté, indique l’ampleur du renversement que
Schopenhauer introduit en philosophie.
En effet, alors que la tradition
subordonnait la volonté à l’entendement – faculté dédiée à la connaissance,
Schopenhauer entend montrer comment la connaissance dépend de la volonté.
Cela implique deux choses : d’une part, en amont, que le concept de volonté
soit intégralement remanié ; d’autre part, en aval, que la place de la connaissance soit entièrement redéfinie.
Depuis Descartes, on distingue deux facultés dans l’âme humaine : la volonté et l’entendement.
Celui-ci
représente la partie passive de l’âme, qui reçoit les empreintes des objets (comme un cachet sur de la cire),
empreintes que l’on nomme idées ; la volonté, à l’inverse, est la partie active de l’âme.
Cependant, il ne faut pas se
tromper : c’est bien l’entendement qui domine la volonté et non l’inverse.
En effet, l’entendement est certes passif,
mais il s’assimile à la connaissance ; à l’inverse, la volonté, bien qu’active, reste aveugle.
En soi, elle ne permet rien ;
la volonté est donc naturellement régie et dirigée par l’entendement.
Remarquons d’ailleurs que Descartes (4ème Méditation métaphysique) définit l’erreur comme précipitation de la
volonté.
Celle-ci se prononce sur quelque chose, au hasard, sans savoir de quoi il s’agit, avant même que
l’entendement n’ait pu prendre cette dernière en considération.
Si la volonté se prononce avant que la connaissance
ne l’ait éclairée, elle est donc vouée à se tromper.
La volonté est donc bien insuffisante en soi, de même que
l’entendement à lui tout seul ; cependant, dans leur rapport, c’est l’entendement qui possède l’avantage sur la volonté.
De manière indirecte, c’est ce rapport que Schopenhauer va remettre en question.
En effet, il va s’agir de
montrer que la connaissance ne régit pas la volonté, mais qu’elle dépend (est conditionnée) par la volonté.
Toutefois,
Schopenhauer va d’abord devoir remanier le concept de volonté.
En quoi consiste ce remaniement ?
Selon Descartes, volonté et entendement sont des facultés de l’âme ; pour Schopenhauer, ce n’est plus le cas.
En effet, Schopenhauer nous dit que nous connaissons le monde comme un composé d’objets.
Je vois ainsi des choses
situées dans le temps, dans l’espace et qui entretiennent des liens de causalité entre elles.
Par exemple, je vois deux
boules de billard distinctes l’une de l’autre ; je choque la première, qui va venir percuter la seconde et lui transmettre
quelque chose de son mouvement.
Or, remarque Schopenhauer, il nous est impossible de savoir ce qui se passe
vraiment lorsque le mouvement se produit.
En d’autres termes, quelle force est à l’œuvre ?
Schopenhauer poursuit en notant que si nous connaissions le monde uniquement selon la manière évoquée à
l’instant (un monde fait d’objets séparés les uns des autres), alors nous ne pourrions jamais savoir ce qu’il en est
vraiment.
Cependant, un objet nous est connu de deux manières : notre corps.
En effet, celui-ci est connu « de
l’extérieur », comme un objet, situé dans l’espace, dans le temps et entretenant des rapports de causalité avec les
autres objets.
Mais, il est aussi connu « de l’intérieur ».
De ce point de vue, le corps n’est plus assimilable à rien
d’autre qu’à ma volonté.
Or, il ne s’agit pas là de ma volonté propre, mais d’une volonté, commune à tous les corps, et
dont je trouve l’indice en moi.
Qu’est-ce à dire précisément ?.
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