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Art et nature ?

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« RAPPEL DE COURS: ART & NATURE La première question est de savoir si l'art existe dans la nature ou si il est une pure création de l'esprit humain.

On admire parfois « l'art » des abeilles qui construisent la ruche.

Mais c'est par analogie avec les œuvres humaines, car l'abeille construit par instinct, alors que l'architecte a une représentation anticipée de son œuvre dans son esprit (Marx).

Kant soutient que seul l'homme crée par liberté : « tout art est une disposition accompagnée de raison, tournée vers la création ». La deuxième question est de savoir si l'art doit imiter la nature. C'est ce qu'affirme Aristote, dans sa Poétique, livre IV : « nous prenons plaisir à contempler les images les plus exactes des choses dont la vue nous est pénible dans la réalité, comme les formes d'animaux les plus méprisés et des cadavres ».

L'imitation (mimésis en grec) d'une réalité, même repoussante ou effrayante, apporte un plaisir à l'esprit humain.

C'est la fonction de l'art figuratif, qui s'efforce de donner l'illusion du réel (technique du trompe-l'œil, ou courant artistique contemporain de l'hyperréalisme). Déjà dans l'antiquité, le peintre Zeuxis imitait si parfaitement les raisins que les oiseaux, dit-on, venaient se casser le bec sur sa peinture.

Platon condamne cet art de l'illusion : si l'art produit de belles apparences trompeuses, il est moralement condamnable et les artistes doivent être chassés de la cité, « car ces poètes ne créent que des fantômes et non des choses réelles ».

L'art ne doit pas représenter la réalité telle qu'elle est, mais l'idéaliser pour élever l'âme vers la contemplation des Idées ; l'art doit conduire à la vérité, non à l'illusion.

Il a un rôle d'éducation de l'âme, pour qu'elle s'élève des apparences sensibles aux Idées intellectuelles.

Le beau préfigure le vrai.

Cette origine idéale de l'art est soutenue aussi par Plotin : « les arts n'imitent pas directement les objets visibles, mais remontent aux raisons d'où est issu l'objet naturel », c'est-à-dire aux Idées que les objets sensibles imitent, comme les beautés sensibles imitent le beau idéal ; et il ajoute, à propos d'une statue : « il est clair que la pierre, en tant que l'art a fait entrer la beauté d'une forme, est belle non parce qu'elle est pierre, mais grâce à la forme que l'art y a introduite ». Hegel insiste également sur l'art comme idéalisation de la nature. L'art saisit l'apparence fugitive et la transforme en œuvre immortelle. L'art n'est pas dans ce qui est représenté (l'objet, le contenu), mais dans la façon de représenter.

« L'œuvre d'art n'est pas la représentation d'une belle chose, mais la belle représentation d'une chose » (Kant). Ce n'est pas l'art qui imite la nature, mais la nature qui imite l'art (Hegel, Oscar Wilde) : quand on admire le chant du rossignol, c'est qu'il nous semble exprimer des sentiments humains ; quand on admire un coucher de soleil, c'est qu'il évoque pour nous une photo ou un tableau.

Toute œuvre de l'esprit, même l'invention du clou, est infiniment supérieure à la plus habile imitation de la nature. Lorsque nous regardons un paysage peint, nous sommes touchés, émus par la grâce singulière des couleurs, les mouvements harmonieux des lignes, traits ou formes.

La beauté de l'oeuvre d'art tient ainsi à la manière (maniera, en italien, signifie style) dont elle est faite.

Pourtant, nous promenant dans la campagne, nous pouvons aussi y contempler de beaux paysages.

Léonard de Vinci recommandait à ses élèves de « faire des tableaux comme des miroirs » et de se « conformer à l'objet naturel ». Pourquoi le peintre doit-il se référer à la nature ? La « conformité » peut paraître problématique : la nature est-elle supérieure à l'homme, et doit-elle guider son travail de création ? Elle est alors un modèle à imiter.

Ou bien, au contraire, n'est-elle pour le peintre qu'une source d'inspiration ? Le plus important serait alors la représentation, l'expression singulière qu'il en donne.

Comment comprendre cette ambiguïté ? La nature comme modèle Penser la nature comme modèle impliquerait la subordination de l'activité artistique à son modèle.

Se « conformer à » peut s'entendre dans le sens d'une « mise en accord » ou « se régler sur ».

Accord doux et relatif, car le peintre ne se règle sur la nature qu'en l'aimant.

Pourquoi l'aime-t-il ? Parce qu'elle est belle.

Aussi cherche-t-il à égaler ses productions, à faire des « miroirs » où les hommes retrouverons l'image d'une nature dont il faut rendre visibles les beautés. Mais la nature est encore désirable comme modèle par l'étonnante diversité de couleurs, formes, figures, lignes,. »

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