Aristote: La philosophie commence avec l'étonnement
Extrait du document
«
C'est l'étonnement qui a poussé les premiers penseurs aux spéculations philosophiques et qui motive toujours la
quête de savoir.
L'humanité a commencé à penser lorsqu'elle s'est heurtée aux premières difficultés de la vie
ordinaire, et c'est progressivement que sa recherche s'est étendue à des problèmes plus importants, tels que la
raison de la course des étoiles dans le ciel, ou celui de l'origine de l'univers.
S'étonner face à un problème, c'est
reconnaître sa propre ignorance, et le philosophe qui cherche à dissiper cette ignorance en proposant des réponses
qui ne soient ni fables, ni mythes, est en quête d'un savoir et d'une connaissance vraie.
La connaissance
philosophique est désintéressée, car elle est visée pour elle-même et non en vue d'une immédiate et concrète
utilité.
La philosophie n'a pu apparaître que lorsque toutes les choses qui intéressent les nécessités concrètes de la
vie ainsi que le bien-être ont pu trouver satisfaction.
Seule et unique science qui est à elle-même sa propre fin, elle
ne se pratique pas en vue d'un autre intérêt que celui qu'elle trouve en elle-même : elle est la seule discipline de
l'esprit réellement libre.
Elle nous affranchit avant tout de la dépendance primitive qu'est l'ignorance.
La
connaissance scientifique libère de la contrainte naturelle, l'effort de philosopher libère de l'asservissement à un
monde qui nous paraît de prime abord étranger et tout puissant.
S'il y a "nécessité" à philosopher, c'est qu'est
nécessaire aussi ce sans quoi le bien ne peut ni être ni se produire, ou ce sans quoi on ne peut ni rejeter, ni éviter
le mal".
L'étonnement, origine de la philosophie
Pourquoi philosophe-t-on ? Aristote suggère ici une réponse ultérieurement reconnue comme pertinente: le
questionnement philosophique est déterminé par un étonnement.
Platon l'avait déjà dit : « cet état, qui consiste à
s'émerveiller, est tout à fait d'un philosophe; la philosophie en effet ne débute pas autrement» (Théétète, 155d), et
c'est en fait Socrate qui a montré la fécondité de cet étonnement.
Objets de l'étonnement
Mais de quoi s'étonner? La réponse est simple: de n'importe quoi, et donc de tout.
On s'étonne de l'acception d'un
mot, d'un désaccord sur une conduite, de la marche des étoiles, de la présence d'une chose, d'un événement.
Audelà de ces exemples, l'étonnement concerne l'ensemble de ce qui peut exister, c'est-à-dire le tout (la totalité); il
ouvre alors sur la métaphysique, qui désigne étymologiquement ce qui est au-delà (meta) des choses physiques (ta
phusika) ou de la nature, en même temps que ce dont l'étude peut être entreprise après (autre sens de meta) celle
des choses physiques.
L'étonnement débouche ainsi sur des questions concernant le principe ultime de ce qui est, ou sur ce qui en fonde la
nécessité; c'est ce que Leibniz formule de la façon suivante : « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? »
Non-savoir initial et science finale
L'étonnement révèle un non-savoir, une absence d'explication ou de compréhension.
De ce point de vue, la
démarche philosophique qui en résulte signifie la quête d'une science - terme devenu aujourd'hui ambigu, alors qu'il
ne l'était pas pour Aristote, d'une forme de savoir qui puisse satisfaire, en partie ou en totalité, l'esprit.
Cette
science ne répond qu'à un désir de compréhension; elle est ainsi satisfaisante en elle-même, et n'est soumise à
aucune autre fin que son propre développement.
DETERMINANT /
L'ETONNEMENT PHILOSOPHIQUE chez ARISTOTE
Problème /
Doit-on considérer que la philosophie est à elle-même sa propre fin ?
Thèse /
Aristote remonte aux origines de la philosophie pour en analyser l'utilité.
Il part de l'ignorance et de l'étonnement
des hommes face aux choses du monde pour expliquer la naissance de la philosophie puis conclut finalement qu'elle
n'a pas d'autre but que de satisfaire la soif de savoir des hommes.
La thèse d'Aristote repose en fait en deux points :
- l'étonnement et l'ignorance constituent les bases de la philosophie.
- la philosophie est à elle-même sa propre fin puisque les philosophes poursuivent le savoir en vue de la seule
connaissance.
Démonstration /.
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