Aristote et la causalité
Extrait du document
«
« On appelle cause, en un premier sens, la matière immanente dont une
chose est faite: l'airain est la cause de la statue, l'argent, celle de la
coupe; et aussi le genre de l'airain et de l'argent est cause.
- Dans un
autre sens, la cause, c'est la forme et le paradigme, c'est-à-dire la
définition de la quiddité; et ses genres : par exemple, pour l'octave c'est
le rapport de 2 à 1, et, d'une manière générale, le nombre; la cause est
aussi les parties de la définition.
- La cause est encore le principe premier
du changement ou du repos : l'auteur d'une décision est cause de l'action,
et le père est la cause de l'enfant, et, en général, l'agent est cause de ce
qui est fait, et ce qui fait changer est cause de ce qui subit le
changement.
- La cause est aussi la fin, c'est-à-dire la cause finale.
Par
exemple la santé est la cause de la promenade.
» ARISTOTE
Comme l'indique le texte, il y a quatre types de «causes» qui correspondent à
différentes modalités de la connaissance: la cause matérielle (la matière dont
une chose est faite); la cause formelle (la définition d'une chose); la cause
efficiente (ce qui produit le mouvement); la cause finale (le but vers lequel tend
le mouvement ou changement).
Citer la «théorie des quatre causes»
dans un sujet sur la raison et le réel (Qu'est-ce que la raison peut connaître du réel ?)
La théorie des causes est centrale dans la théorie de la connaissance d'Aristote.
C'est par elle en effet qu'il montre
qu'il peut y avoir une connaissance de ce qui change, contrairement à ce que disait Platon, pour qui la connaissance
peut porter seulement sur ce qui est immuable.
C'est pourquoi Platon distingue le «monde sensible» où, comme disait
Héraclite, «tout s'écoule», et où, par conséquent, rien n'est connaissable; et le «monde intelligible», monde des Idées
éternelles.
La théorie des causes permet à Aristote d'expliquer comment une connaissance rationnelle du monde
matériel, sensible (autrement dit, une «physique») est possible.
Connaître une chose, pour Aristote, ce n'est pas la
connaître sous tous ses aspects - ce qui est impossible - c'est connaître sa cause.
Les quatre causes ne
correspondent pas à des objets différents, mais à des modes de connaissance différents: on peut approcher un même
objet à partir de chacune d'entre elles.
La cause finale joue cependant un rôle privilégié, car, dans un monde où toute
chose se transforme selon les règles de la génération et de la dégradation, savoir vers quoi tend le devenir d'une chose
est la connaissance la plus décisive.
Citer la «théorie des quatre causes» dans un sujet sur le vivant (« Peut–on réduire l'être rivant à un mécanisme ?»).
La cause finale permet en particulier une description systématique des êtres vivants.
En effet Aristote observe que les
êtres vivants croissent et se transforment pour atteindre une forme finale qui est celle de leur maturité (après quoi ils
se dégradent jusqu'à mourir).
C'est un processus téléologique, c'est-à-dire orienté vers un but.
Connaître les êtres
vivants, c'est donc décrire leur forme à l'état de maturité, et les états intermédiaires qui y mènent.
Avec Descartes, au contraire, la science physique (qui inclut ce que l'on appelle aujourd'hui biologie) va privilégier la
connaissance des causes efficientes.
Les phénomènes sont considérés comme des mécanismes dont il faut montrer
quels sont les rouages, sans se concentrer sur le but vers lequel ils tendent.
La connaissance du vivant en particulier
suit ce principe: les êtres vivants sont considérés par Descartes comme des mécanismes sophistiqués: c'est la théorie
des «animaux-machines».
La «théorie des quatre causes» et le repère EN ACTE/EN PUISSANCE
Le couple de concepts «en acte»/« en puissance» est directement issu de la pensée d'Aristote, et en particulier la
théorie des causes.
C'est en effet la «cause finale» qui fait passer de la puissance à l'acte.
Ainsi, par exemple, un
poulain est «en puissance» un cheval, c'est-à-dire qu'il a en lui le principe d'une croissance qui détermine son passage
à la forme aboutie du cheval adulte (on parlerait aujourd'hui de son «programme génétique»).
La cause est donc ce qui
fait que ce qui est en puissance 0e potentiel) s'«actualise».
Né à Stagire (Macédoine) en 384 av.
J.-C., mort à Chalcis (Eubée) en 322.
Fils du médecin Nicomaque, il vint à Athènes et suivit l'enseignement de Platon, de 367 à 347.
A la mort de son maître,
et mal vu à Athènes en sa qualité de Macédonien, Aristote fonda une école à Axos, en Troade.
La mort tragique de
son ami Hermias, livré aux Perses, l'obligea à se retirer à Lesbos.
En 342, Philippe, roi de Macédoine, lui confia.
»
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