Aristote
Extrait du document
«
PRESENTATION DE L' "ETHIQUE A NICOMAQUE" DE ARISTOTE
Au regard de la tripartition du savoir classique dans l'Antiquité (logique, physique et éthique), l'Éthique à Nicomaque
constitue l'oeuvre la plus aboutie de la partie éthique.
En délimitant le champ des affaires humaines par exclusion de la
nature et du divin, elle constitue le premier effort pour penser l'action humaine de manière immanente et autonome et
lui reconnaître ainsi une positivité ontologique.
Aristote (384-322 av.
J.-C.) y opère en effet une critique de ses
prédécesseurs, qui ne voient dans l'action humaine qu'un domaine d'application pour des principes extérieurs, que ce
soient les dieux de la pensée tragique, les formes platoniciennes ou plus pragmatiquement, les techniques de la
sophistique.
" Ces considérations montrent donc que la cité est au nombre des réalités
qui existent naturellement, et que l'homme est par nature un animal
politique.
Et celui qui est sans cité, naturellement et non par suite des
circonstances, est ou un être dégradé ou au-dessus de l'humanité.
Il est
comparable à l'homme traité ignominieusement par Homère de « sans
famille, sans loi, sans foyer » car, en même temps que naturellement
apatride, il est aussi un brandon de discorde, et on peut le comparer à une
pièce isolée au jeu de trictrac.
Mais que l'homme soit un animal politique à un plus haut degré qu'une
abeille quelconque ou tout autre animal vivant à l'état grégaire, cela est
évident.
La nature, en effet, selon nous, ne fait rien en vain ; et l'homme,
seul de tous les animaux, possède la parole.
Or, tandis que la voix ne sert
qu'à indiquer la joie et la peine, et appartient pour ce motif aux autres
animaux également (car leur nature va jusqu'à éprouver les sensations de
plaisir et de douleur, et à se les signifier les uns aux autres), le discours
sert à exprimer l'utile et le nuisible, et, par suite aussi le juste et l'injuste :
car c'est le caractère propre de l'homme par rapport aux autres animaux,
d'être le seul à avoir le sentiment du bien et du mal, du juste et de
l'injuste, et des autres notions morales, et c'est la communauté de ces
sentiments qui engendre famille et cité.
" ARISTOTE.
Analyse du sujet
L'étudiant situera ce passage avec profit.
Il veillera également à lire le texte selon la structure antinomique que nous
avons précédemment indiquée.
Ainsi cet extrait répond-il à la volonté d'Aristote d'inscrire le politique dans une
perspective proprement naturelle bien qu'essentiellement humaine, et l'argument majeur à cette position n'est autre
que l'opposition que commente le philosophe entre «parole» et «voix ».
Point connaissance
La cité, chez Aristote, répond à une satisfaction des besoins, mais pas seulement, elle vise principalement les
conditions optimales du bien vivre.
Aussi est-elle un fait par nature, nullement une institution conventionnelle,
comprenons artificielle.
L'opposition avec les sophistes (opposant la loi à la nature) est ici consommée.
L'homme-animal
politique, comprenons social, ne cherche pas seulement à vivre, il est même dégagé d'une stratégie de la survie dès
lors qu'il tend à vivre « bien », certes confortablement — au bas mot — mais aussi pleinement, en plénitude, en tant
que la cité lui offre les conditions optimales à son entière réalisation d'homme.
Le politique ou le social, serions-nous
tentés de voir, affranchit l'homme de la seule satisfaction de ses besoins vitaux pour le solliciter à une toute autre fin,
à savoir le bonheur, voire la promotion de son individualité.
L'étudiant pourrait se reporter aux analyses qu'Aristote
consacre au livre VIII de l'Éthique à Nicomaque, sur l'amitié.
Ce thème est radicalement nouveau.
Le lien social n'est
pas réductible à la satisfaction des besoins
Introduction
La cité est une fin naturelle à l'homme, c'est en elle qu'il est sensé trouver son bonheur, c'est-à-dire sa réalisation
proprement humaine.
Le bonheur chez Aristote n'est pas séparable de l'actualisation d'une disposition (vertu) propre,
et si l'homme est un animal doué de raison et de parole, c'est bien au sein d'une réalité politique achevée (ce qu'est la
vie en cité et que n'était pas encore l'existence au seul niveau domestique) que l'homme trouvera les conditions
optimales à vivre bien.
Point connaissance
Sans devoir nous étendre sur ce point, précisons que le politique ne définit que des conditions sans doute optimales à
la réalisation de l'homme, mais non sa fin ultime.
La destinée de l'individualité n'est pas communautaire.
C'est une idée
forte chez Aristote que de rappeler avec conviction que l'humain est d'abord une singularité, singularité dont la
promotion se trouve signalée dans la conception éthique de la contemplation (Éthique à Nicomaque, X).
Point méthode.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- ARISTOTE : L'ANIMAL RATIONNEL
- Poétique d'Aristote
- « Le bonheur est une fin en soi » ARISTOTE
- « L’art imite la nature » ARISTOTE
- [ Art et imitation ] chez Aristote