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Aristote

Extrait du document

L'universel, ce qui s'applique à tous les cas, est impossible à percevoir, car ce n'est ni une chose déterminée, ni un moment déterminé, sinon ce ne serait pas un universel, puisque nous appelons universel ce qui est toujours et partout. Donc, puisque les démonstrations sont universelles, et que les notions universelles ne peuvent être perçues, il est clair qu'il n'y a pas de science par la sensation. Mais il est évident encore que, même s'il était possible de percevoir que le triangle a ses angles égaux à deux droits, nous en chercherions encore une démonstration, et que nous n'en aurions pas une connaissance scientifique : car la sensation porte nécessairement sur l'individuel, tandis que la science consiste dans la connaissance universelle. Aussi, si nous étions sur la Lune, et que nous voyions la Terre s'interposer sur le trajet de la lumière solaire, nous ne saurions pas la cause de l'éclipse : nous percevrions qu'en ce moment il y a éclipse mais nullement le pourquoi, puisque la sensation ne porte pas sur l'universel. Ce qui ne veut pas dire que par l'observation répétée de cet événement, nous ne puissions, en poursuivant l'universel, arriver à une démonstration, car c'est d'une pluralité de cas particuliers que se dégage l'universel. Aristote

« "L'universel, ce qui s'applique à tous les cas, est impossible à percevoir, car ce n'est ni une chose déterminée, ni un moment déterminé, sinon ce ne serait pas un universel, puisque nous appelons universel ce qui est toujours et partout.

Donc, puisque les démonstrations sont universelles, et que les notions universelles ne peuvent être perçues, il est clair qu'il n'y a pas de science par la sensation.

Mais il est évident encore que, même s'il était possible de percevoir que le triangle a ses angles égaux à deux droits, nous en chercherions encore une démonstration, et que nous n'en aurions pas une connaissance scientifique : car la sensation porte nécessairement sur l'individuel, tandis que la science consiste dans la connaissance universelle.

Aussi, si nous étions sur la Lune, et que nous voyions la Terre s'interposer sur le trajet de la lumière solaire, nous ne saurions pas la cause de l'éclipse : nous percevrions qu'en ce moment il y a éclipse mais nullement le pourquoi, puisque la sensation ne porte pas sur l'universel .

Ce qui ne veut pas dire que par l'observation répétée de cet événement, nous ne puissions, en poursuivant l'universel, arriver à une démonstration, car c'est d'une pluralité de cas particuliers que se dégage l'universel.

" ARISTOTE. VOCABULAIRE: DÉMONSTRATION : C’est un raisonnement conduisant à une conclusion certaine car nécessaire (aucune autre n’étant possible).

La démonstration est une preuve ne reposant que sur la raison.

Le sceptique demande généralement alors ce qui prouve la raison… Introduction Ce texte porte sur les rapports de la sensation et de l'universel.

L'universel n'est pas l'objet d'une sensation, mais il se dégage de la sensation.

Comment cela est-il possible? Comment l'universel peut-il être issu du particulier? Et s'il n'en est pas issu, si l'universel est totalement étranger à la sensation, comment peut-on recourir à lui pour expliquer la sensation? C'est à ce problème que conduit cet extrait d'Aristote. A.

Explication L'universel ne peut être perçu car toute perception est perception d'un objet particulier.

La vraie connaissance est universelle car elle implique la démonstration.

C'est en cela qu'elle est « scientifique » : il n'y a de savoir que là où une preuve est fournie.

II n'y a donc pas de vraie connaissance par les sens. 1.

L'exemple des mathématiques. Connaître, en mathématiques, c'est démontrer.

Démontrer, c'est enchaîner des propositions en vertu d'un lien nécessaire.

Un lien nécessaire est un lien toujours vrai.

Il n'y a donc de démonstration qu'universelle et d'universalité que par la démonstration. La proposition « la somme des angles d'un triangle est égale à 180 degrés » est vraie car elle s'applique à tout triangle possible.

Elle ne concerne pas tel triangle particulier mais le triangle en général, c'est-à-dire la propriété qui fait de chaque triangle un triangle.

Je peux donc bien vérifier sur un dessin particulier que la proposition est vraie dans ce cas, mais je ne perçois pas par là qu'elle est vraie pour tout triangle.

Le « tout » n'est pas un objet des sens mais seulement un objet de démonstration. Il y a plus.

Aristote écrit : « même s'il était possible de percevoir que le triangle...

», ce qui sous-entend que cela n'est sans doute pas possible.

L'idée même d'une connaissance mathématique par les sens est déjà contradictoire.

Je ne peux même pas percevoir que tel triangle particulier a ses angles égaux à deux droits car l'égalité n'est pas plus que le tout un objet de perception.

Elle aussi est universelle.

Si on fait des mesures d'angles et qu'on obtient les mêmes résultats, on ne perçoit pas encore par là l'égalité mathématique.

Celle-ci implique une identité parfaite.

Elle implique donc que quel que soit le degré de précision des mesures, celles-ci soient toujours identiques.

Elle est donc invérifiable.

Si l'on autorise à passer d'une simple mesure physique à l'égalité mathématique, ce n'est pas qu'on voit l'universel (l'égalité), dans le particulier (l'égalité empirique), mais qu'on vérifie un universel, connu par ailleurs, sur le particulier. 2.

Second exemple : les phénomènes physiques. Les lignes 14 à 18 présentent, semble-t-il, l'exemple d'une éclipse de Lune.

Celle-ci se produit lorsque la Terre, située entre le Soleil et la Lune, projette son ombre sur la Lune et la fait disparaître à nos yeux.

Depuis la Terre, nous ne pouvons voir la cause de l'éclipse, puisque de la Terre, on ne peut voir la Terre passer devant le Soleil.

Si nous nous plaçons sur la Lune, nous voyons bien la Terre passer devant le Soleil, mais cela n'est pas la cause de l'éclipse, mais l'éclipse même.

Connaître la cause de l'éclipse, c'est connaître le mouvement des planètes.

L'éclipse n'est plus seulement observée, elle peut être expliquée, elle peut même être prévue.

Cette connaissance est universelle, car elle explique un fait particulier par les lois universelles du mouvement des planètes.

La démonstration revient là encore à. »

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