Aristote
Extrait du document
«
La loi est toujours quelque chose de général..
et il v a des cas
d'espèces pour lesquels il n'est pas possible de poser un énoncé
général qui s'y applique avec rectitude.
Dans les matières, donc,
où on doit nécessairement se borner à des généralités et où il est
impossible de le faire correctement, la loi ne prend en
considération que les cas les plus fréquents.
sans ignorer d'ailleurs
les erreurs que cela peut entraîner.
La loi n'en est pas moins sans
reproche, car la faute n'est pas à la loi..
ni au législateur.
mais
tient à la nature des choses.
puisque par leur essence même la
matière des choses de l'ordre pratique revêt ce caractère
d'irrégularité.
Quand.
par suite, la loi pose une règle générale, et
que là-dessus survient un cas en dehors de la règle générale, on
est alors en droit, là où le législateur a omis de prévoir le cas et a
péché par excès de simplification, de corriger l'omission et de se
faire l'interprète de ce qu'eût dit le législateur lui-même à ce
moment, et de ce qu'il aurait porté dans sa loi s'il avait connu le
cas en question.
Questions
•
•
•
•
Quelle est l'idée centrale du texte ?
Dégagez les différentes étapes de l'argumentation.
Pourquoi la loi a-t-elle un caractère de généralité ?
Selon vous, le juge doit-il interpréter la loi ou bien l'appliquer à la lettre ?
Question 1
Quelle est l'idée centrale du texte ?
Parce qu'elle est par nature générale, la loi doit, dans son application, parfois être interprétée et précisée.
Question 2
Dégagez les différentes étapes de l'argumentation.
Remarque: Ce texte d'Aristote s'inscrit dans une réflexion sur la justice et l'équité.
Nous distinguons en effet
parfois l'équité de la justice, c'est-à-dire de la loi.
Une telle distinction pose une « difficulté » : où est le juste
? S'il se ramène à l'équitable, alors la justice n'est plus juste; inversement, s'il se confond avec la justice
légale, alors c'est l'équitable qui n'est plus juste.
À ce problème Aristote apporte une réponse: il n'y a pas
opposition entre l'équité et la justice, toutes deux étant du même genre; au contraire, l'équité est le
parachèvement, le nécessaire « correctif de la justice légale », C'est la nécessité d'un tel correctif de la loi
qu'Aristote explique ici.
- Aristote part d'un constat: la loi est, de par sa nature même, toujours générale.
-Il en
tire une première conséquence : parce qu'elle est générale, la loi ne peut prévoir tous les cas particuliers.
- Il tire alors une seconde conséquence : il faut que dans son application la loi soit précisée ou corrigée en
fonction des cas particuliers sur lesquels elle n'a pas pu statuer parce qu'elle ne pouvait, en raison de sa
généralité, les prendre en compte ou parce qu'elle ne pouvait les prévoir [c'est, pour Aristote, à l'équité que
revient ce rôle].
Question 3
Pourquoi la loi a-t-elle un caractère de généralité ?
Par définition, une loi est générale, puisque c'est une règle qui se donne comme universelle, qui se pose comme
valable pour tous les faits d'un même genre.
Question 4
Selon vous, le juge doit-il interpréter la loi ou bien l'appliquer à la lettre ?
La fonction du juge n'est-elle pas en réalité à la fois d'interpréter la loi et de l'appliquer à la lettre, en quoi
consiste toute la difficulté du jugement? En effet: - La loi est faite pour être appliquée à la lettre (c'est même
pourquoi il existe un droit écrit).
Mais dans son application stricte la loi conduit parfois à l'injustice, en ce sens
qu'elle viole notre sentiment du juste et de l'injuste.
C'est pourquoi la loi, tout en se voulant stricte, donne
volontairement une certaine marge de manoeuvre au juge (circonstances atténuantes, échelle des peines,
etc.).
- Cependant, dans la mesure même où, comme le souligne Aristote, la loi ne peut prévoir tous les cas, elle doit
nécessairement être interprétée.
Le juge doit donc chercher à définir ce que la loi prescrirait si cette loi était.
»
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