Après le premier des aveux que fait Jean-Jacques Rousseau dans Les Confessions, il écrit: «J'ai fait le premier pas (...) dans le labyrinthe obscur et fangeux de mes confessions.» Une telle image pourrait-elle rendre compte de l'impression que vous a lai
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Dans les quatre premiers livres des Confessions, Jean-Jacques Rousseau pour se montrer dans toute sa vérité au lecteur fait de sombres aveux qu'il dramatise parfois à l'excès. Ainsi, pour caractériser certains de ses aspects obscurs, il utilise l'image «labyrinthe obscur et fangeux ». Cette image est bien adaptée à de tels aspects de sa personnalité et s'applique même à certains lieux. Mais il convient aussi de la nuancer: Rousseau fait certes parfois de sa vie un labyrinthe, mais un labyrinthe où il est heureux.
1. Les labyrinthes obscurs et fangeux des quatre premiers livres L'utilisation et la signification de l'image Rousseau utilise l'image «le labyrinthe obscur et fangeux» pour conclure l'épisode de la fessée administrée par Melle Lambercier qui lui fait découvrir le plaisir physique. Tout un domaine de la sensibilité, jusqu'alors inconnu et obscur, s'ouvre à lui. Il soupçonne que ce domaine est vaste, que les voies qui s'y profilent sont étranges, qu'elles risquent de l'entraîner loin de la pureté de l'enfance et de le perdre; l'adjectif «fangeux» résume à lui seul le trouble et la crainte ressentis par Rousseau devant le mystère de la sexualité. Par ailleurs, on se rappelle que le labyrinthe est une construction inextricable conçue par l'architecte Dédale pour y maintenir enfermé le Minotaure, ce monstre né des amours de Pasiphaé et d'un taureau. L'image du labyrinthe s'applique donc parfaitement bien aux zones obscures de la sexualité.
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Après le premier des aveux que fait Jean-Jacques Rousseau dans Les Confessions, il écrit: «J'ai fait le premier pas
(...) dans le labyrinthe obscur et fangeux de mes confessions.» Une telle image pourrait-elle rendre compte de
l'impression que vous a laissée la lecture des quatre premiers livres ?
Dans les quatre premiers livres des Confessions, Jean-Jacques Rousseau pour se montrer dans toute sa vérité au lecteur
fait de sombres aveux qu'il dramatise parfois à l'excès.
Ainsi, pour caractériser certains de ses aspects obscurs, il utilise
l'image «labyrinthe obscur et fangeux ».
Cette image est bien adaptée à de tels aspects de sa personnalité et s'applique
même à certains lieux.
Mais il convient aussi de la nuancer: Rousseau fait certes parfois de sa vie un labyrinthe, mais un
labyrinthe où il est heureux.
1.
Les labyrinthes obscurs et fangeux des quatre premiers livres
L'utilisation et la signification de l'image
Rousseau utilise l'image «le labyrinthe obscur et fangeux» pour conclure l'épisode de la fessée administrée par Melle
Lambercier qui lui fait découvrir le plaisir physique.
Tout un domaine de la sensibilité, jusqu'alors inconnu et obscur, s'ouvre
à lui.
Il soupçonne que ce domaine est vaste, que les voies qui s'y profilent sont étranges, qu'elles risquent de l'entraîner
loin de la pureté de l'enfance et de le perdre; l'adjectif «fangeux» résume à lui seul le trouble et la crainte ressentis par
Rousseau devant le mystère de la sexualité.
Par ailleurs, on se rappelle que le labyrinthe est une construction inextricable
conçue par l'architecte Dédale pour y maintenir enfermé le Minotaure, ce monstre né des amours de Pasiphaé et d'un
taureau.
L'image du labyrinthe s'applique donc parfaitement bien aux zones obscures de la sexualité.
Les lieux labyrinthiques
Dans ce domaine, il arrive à Rousseau des aventures parfois peu avouables.
Elles se situent toutes la nuit, souvent dans
des lieux sombres et obscurs qui donnent à l'image du labyrinthe une réalité matérielle.
On peut se représenter ainsi le
séminaire de Turin avec ses pièces immenses, ses portes de fer qui s'ouvrent et se ferment d'elles-mêmes sans qu'on
sache très bien où l'on est.
Mais le passage le plus caractéristique est celui où Rousseau au début du livre III décrit le
quartier de Turin qu'il hante le soir : «dans ce fond, il y avait une petite descente qui menait à des caves par plusieurs
communications.
Je sondai dans l'obscurité ces allées souterraines, et les trouvant longues et obscures, je jugeai qu'elles
ne finissaient point.»
Le labyrinthe du texte
À plusieurs reprises d'ailleurs, le texte lui-même prend un caractère labyrinthique.
l'ai des effets de renversements, de
relances inattendues de la phrase, Rousseau désoriente son lecteur, surtout quand il évoque les moments où il n'y voyait
pas clair en lui-même.
Par exemple à propos de sa conversion, il écrit au livre II : « J'affectais de me reprocher ce que
j'avais fait pour excuser ce que j'allais faire.
» On pourrait aussi reprendre la page du même livre où il cherche à se justifier
de l'accusation qu'il a portée contre Marion,, Ainsi, par la confusion du texte, Rousseau révèle la confusion où il se trouvait.
Toutefois, même lorsque le texte semble s'égarer, l'intention de Rousseau reste claire: il s'agit au bout du compte de
donner de lui l'image la plus vertueuse et aussi la plus séduisante possible.
II.
Les plaisirs du labyrinthe
Les bonheurs du texte
Le texte emprunte allègrement toute sorte de détours.
Rousseau cultive l'art de la digression, quitte à revenir
brusquement à son sujet, comme il le fait dans une page du livre II : «Mais c'est assez de réflexions pour un voyageur; il
est temps de reprendre ma route.» Au livre IV, le texte n'a plus aucun fil narratif rigoureux, car Rousseau évoque une
période d'errances avant le retour de Mme de Warens : de Genève à Nyon, de Nyon à Fribourg, de Fribourg à Lausanne, il
n'est pas toujours aisé de suivre Jean-Jacques, d'autant plus qu'il faut suivre aussi les déplacements de son bagage qui
ne suit pas les mêmes chemins que lui ! Rousseau nous avait d'ailleurs prévenus à la fin du livre III.
Au lecteur donc de
s'accommoder d'un parcours si incertain.
Le plaisir de se perdre
Si l'image du labyrinthe révèle la crainte d'une perdition morale, Rousseau ne redoute pas toutes les sortes de pertes.
Au
contraire: passionné de liberté comme il l'est, il saisit toutes les occasions de se perdre agréablement.
Ainsi, lorsqu'il
accepte d'accompagner à Jérusalem l'archimandrite rencontré à Neuchâtel, le monde devient un vaste labyrinthe: «car le
dessein de l'archimandrite était de reprendre la route d'Allemagne, et de s'en retourner par la Hongrie ou par la Pologne,
ce qui faisait une route immense.» Le plaisir que promet le voyage semble bien lié à l'incertitude d'en atteindre le but.
On
trouve un plaisir de même nature quand Jean-Jacques s'amuse à brouiller son identité.
Par exemple, il cherche ce qu'il va
faire de sa vie, en particulier en enseignant la musique, qu'il ne sait pas !Il se cherche et pour se trouver, il joue à être un
autre que lui-même : il se prétend originaire de Paris, imite le séduisant Venture de Villeneuve en copiant son nom.
Mais
quand il imite le nom d'un autre, c'est quand même l'anagramme du sien propre, Vaussore, qu'il fait.
Il se cherche sans
avoir peut-être envie de se trouver; la quête de son identité est aussi un labyrinthe plein de fantaisie et de charme.
La lecture des quatre premiers livres des Confessions réserve de nombreuses surprises, tant en ce qui concerne les
méandres de la personnalité de Rousseau que ceux du texte.
L'image du labyrinthe, utilisée au livre I pour caractériser le
premier aveu, pourrait donc bien rendre compte de l'impression générale laissée par ces livres.
Ils évoquent une période
de découvertes dont on ne sait où elles peuvent mener, d'errances parfois troubles mais parfois aussi bien joyeuses..
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