Apprendre "par sa propre raison" , est ce apprendre sans l'aide des autres ?
Extrait du document
«
Discussion :
La raison d'un individu peut-elle être à elle-même son produit ? Il n'est aucune expérience humaine qui ne commence
par un apprentissage et spécialement un apprentissage par l'intermédiaire des autres.
Le nourrisson regarde et imite,
écoute et répète et c'est ainsi qu'il acquiert la locomotion et la parole.
Ceci est une métaphore de toute autre
modalité d'acquisition.
Suggestion de plan :
Première partie : L'illusion d'un savoir solitaire
La question du solipsisme de l'apprentissage ne peut pas être pertinente dans la mesure où tout apprentissage
suppose un médium, que ce soit un livre, un disque, un objet.
Dès lors on n'est plus seul, le travail se fait donc avec
l'aide d'un médiateur.
Car on ne peut restreindre le terme « autres » à sa signification la plus élémentaire, c'est-àdire un maître, ou encore un parent.
« Le professeur ne doit pas apprendre des pensées [...] mais à penser.
Il ne doit pas porter l'élève mais le guider, si
l'on veut qu'à l'avenir il soit capable de marcher de lui-même.
» Kant, Propos de pédagogie.
Ainsi, en élargissant le contenu du mot on observe qu'il peut tout aussi bien désigner un travail qui a été fait par un
autre.
Apprendre uniquement dans les livres, c'est faire appel au savoir de ceux qui les ont écrits et c'est donc
apprendre avec l'aide des autres.
Dans tous les cas l'apprentissage suppose l'autre.
Deuxième partie : L'autre comme médiateur vers le savoir
La raison ne travaille qu'à la mesure d'un besoin qui s'inscrit dans un rapport de société, c'est elle qui fait la
demande de ce savoir, de ces connaissances, ainsi c'est elle l'Autre.
Pascal : « Curiosité n'est que vanité.
Le plus
souvent on ne veut savoir que pour en parler aux autres.
» Le savoir est donc bien une demande collective et
ancrée dans une société, puisque apprendre n'est qu'une petite partie de la tâche, le reste est de le communiquer
aux autres.
Car comment posséder un savoir sans le mettre en application, sans le confronter à celui des autres ?
Ainsi tout apprentissage aussi solitaire qu'il soit a recours à l'Autre.
« Le biologique ignore le culturel.
De tout ce que l'homme a appris, éprouvé, ressenti au long des siècles, rien ne
s'est déposé dans son organisme...
Chaque génération doit refaire tout l'apprentissage...
Là gît la grande différence
des civilisations humaines avec les civilisations animales.
De jeunes fourmis isolées de la fourmilière refont d'emblée
une fourmilière parfaite.
Mais de jeunes humains séparés de l'humanité ne pourraient reprendre qu'à la base
l'édification de la cité humaine.
La civilisation fourmi est inscrite dans les réflexes de l'insecte...
La civilisation de
l'homme est dans les bibliothèques, dans les musées et dans les codes; elle exprime les chromosomes humains, elle
ne s'y imprime pas.
» Jean Rostand, Pensées d'un biologiste.
Les Grecs disaient que « tout savoir suppose un maître de savoir ».
Le travail de ce maître était d'amener le disciple
à opérer la diatagué (le parcours entier du cercle du savoir).
Le savoir était donc associé à l'image d'un cercle que
l'élève devait parcourir, mais cet apprentissage ne pouvait se faire sans l'aide d'un médiateur.
Il fallait qu'il y ait un
intermédiaire entre la pensée et l'objet de la pensée..
»
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