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Alain

Extrait du document

La perception est exactement une anticipation de nos mouvements et de leurs effets. Et sans doute la fin est toujours d'obtenir ou d'écarter quelque sensation, comme si je veux cueillir un fruit ou éviter le choc d'une pierre. Bien percevoir, c'est connaître d'avance quel mouvement j'aurai à faire pour arriver à ces fins. Celui qui perçoit bien sait d'avance ce qu'il a à faire. Le chasseur perçoit bien s'il sait retrouver ses chiens qu'il entend, il perçoit bien s'il sait atteindre la perdrix qui s'envole. L'enfant perçoit mal lorsqu'il veut saisir la lune entre ses mains et ainsi du reste. Donc ce qu'il y a de vrai ou de douteux, ou de faux dans la perception, c'est cette évaluation, si sensible surtout à la vue dans la perspective et le relief, mais sensible aussi pour l'ouïe et l'odorat, et même sans doute pour un toucher exercé, quand les mains d'un aveugle palpent. Quant à la sensation elle-même, elle n'est ni douteuse, ni fausse ni par conséquent vraie ; elle est actuelle1 toujours dès qu'on l'a. Ainsi ce qui est faux dans la perception d'un fantôme, ce n'est point ce que nos yeux nous font éprouver, lueur fugitive ou tache colorée, mais bien notre anticipation. Voir un fantôme c'est supposer, d'après les impressions visuelles, qu'en allongeant la main on toucherait quelque être animé (...). Mais pour ce que j'éprouve actuellement, sans aucun doute je l'éprouve ; il n'y a point de science de cela puisqu'il n'y a point d'erreur de cela. Toute étude de ce que je ressens consiste toujours à savoir ce que cela signifie et comment cela varie avec mes mouvements. Alain

« La perception est exactement une anticipation de nos mouvements et de leurs effets.

Et sans doute la fin est toujours d'obtenir ou d'écarter quelque sensation, comme si je veux cueillir un fruit ou éviter le choc d'une pierre.

Bien percevoir, c'est connaître d'avance quel mouvement j'aurai à faire pour arriver à ces fins.

Celui qui perçoit bien sait d'avance ce qu'il a à faire.

Le chasseur perçoit bien s'il sait retrouver ses chiens qu'il entend, il perçoit bien s'il sait atteindre la perdrix qui s'envole.

L'enfant perçoit mal lorsqu'il veut saisir la lune entre ses mains et ainsi du reste.

Donc ce qu'il y a de vrai ou de douteux, ou de faux dans la perception, c'est cette évaluation, si sensible surtout à la vue dans la perspective et le relief, mais sensible aussi pour l'ouïe et l'odorat, et même sans doute pour un toucher exercé, quand les mains d'un aveugle palpent.

Quant à la sensation elle-même, elle n'est ni douteuse, ni fausse ni par conséquent vraie ; elle est actuelle1 toujours dès qu'on l'a.

Ainsi ce qui est faux dans la perception d'un fantôme, ce n'est point ce que nos yeux nous font éprouver, lueur fugitive ou tache colorée, mais bien notre anticipation.

Voir un fantôme c'est supposer, d'après les impressions visuelles, qu'en allongeant la main on toucherait quelque être animé (...). Mais pour ce que j'éprouve actuellement, sans aucun doute je l'éprouve ; il n'y a point de science de cela puisqu'il n'y a point d'erreur de cela.

Toute étude de ce que je ressens consiste toujours à savoir ce que cela signifie et comment cela varie avec mes mouvements." ALAIN. Analyse du texte LES DIFFICULTÉS DU TEXTE Ce texte, contrairement à ce qu'une première impression pourrait laisser penser, ne pose pas de difficulté majeure. L'enjeu principal du commentaire sera de bien distinguer tous les termes qu'il met en œuvre : “ perception, sensation, anticipation, connaissance, mouvement ”.

Nous pourrons ainsi comprendre le processus de perception décrit par Alain. LES TERMES À RETENIR Le thème général du texte apparaît dès le début : il s'agit de la perception, dont Alain s'attache à déterminer la nature.

La perception est en effet un phénomène complexe, que l'auteur s'efforce de décomposer.

Plusieurs types de termes, qui interviennent dans le processus de la perception, sont ainsi utilisés.

Nous pouvons en dénombrer quatre. Quels sont-ils ? *Tout d'abord, des termes se rapportant à des mouvements physiques.

Tous les exemples mettent en scène des mouvements, résultant de perceptions vraies ou fausses.

Le mouvement est présenté par Alain comme la résultante de la perception : la perception est destinée à préparer le mouvement. *Ensuite, des termes renvoyant à la connaissance : “ connaître ”, “ sait ”, “ vrai ”, “ faux ”, etc.

La perception est donc en même temps connaissance.

Mais il faudra distinguer dans la perception, avec Alain, ce qui relève de la connaissance et ce qui n'en relève pas. *Un autre groupe de termes se rapporte à l'idée d'une anticipation de la sensation dans la perception ( “ connaître d'avance ”; “ supposer ”) : c'est le point problématique du texte.

Nous verrons en effet que la vérité de la perception dépend de l'anticipation qui lui est associée. *Enfin, la quatrième notion problématique du texte est celle de sensation : quel est le statut de la sensation dans la perception ? Nous essaierons de le déterminer. LA CONCLUSION DU TEXTE La conclusion du texte, ramassée dans deux dernières phrases relativement obscures, est difficile à cerner.

L'indéfini “ cela ” renvoie à la phrase précédente : il s'agit de la sensation.

La dernière phrase du texte affirme donc : l'examen de ma sensation (“ ce que je ressens ”) consiste à découvrir quels mouvements elle va permettre (“ comment cela varie avec mes mouvements ”). La conclusion résume donc, de façon très condensée, les principales thèses du texte.

Elles sont au nombre de trois. *La perception consiste en une anticipation de mouvements (“ comment cela varie avec mes mouvements ”). *La sensation n'est ni vraie ni fausse (“ pour ce que j'éprouve actuellement, sans aucun doute je l'éprouve ”). *Il n'y a de perception fausse qu'à cause de l'anticipation qui y est liée (cf.

la dernière phrase). LA STRUCTURE DU TEXTE *De façon classique, Alain commence par énoncer sa thèse (“ La perception est exactement...le choc d'une pierre ”) : la perception est par nature anticipation du mouvement ; elle répond à une fin. *Dans un deuxième temps (“ Bien percevoir...et ainsi du reste ”), l'auteur explique ce qu'est bien percevoir.

Alain n'y définit donc pas la nature de la perception, mais plus précisément détermine ce qu'est la vraie perception.

Il finit par conclure (“ Donc ce qu'il y a...aveugle palpent ”) que la vérité ou la fausseté d'une perception découlent de cette anticipation qui l'accompagne. *Dans un troisième temps (“ Quant à la sensation...

être animé ”), l'auteur fait voir que la sensation, considérée en elle-même, ne contient ni vérité ni fausseté.

Il détermine ainsi le rôle de la sensation dans la perception. *Enfin, l'auteur conclut en deux phrases (“ Mais pour ...mes mouvements ”). PLAN Introduction. »

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