Ai-je conscience de tout ce que je suis ?
Extrait du document
«
La conscience de soi est-elle absolument claire et transparente à elle-même ? Savons-nous parfaitement qui nous
sommes ? Si ce n'est pas le cas, à quoi se heurte la connaissance de soi ? N'est-ce pas paradoxal, voire
contradictoire d'affirmer que nous n'avons pas intégralement conscience de tout ce que nous sommes ? Dans
l'hypothèse où nous ne pourrions avoir une conscience absolument cristalline et totale de nous-mêmes, à qui est-ce
la faute ? Est-ce que nous sommes responsable de la méconnaissance de nous mêmes ? Peut-on réduire cette
méconnaissance ou l'annuler ? Si oui, comment est-ce possible ? Ou bien est-ce la structure même de la conscience
qui fait que nous ne pouvons avoir parfaitement conscience de ce que nous sommes ? Est-ce à dire alors que nous
demeurons des étrangers pour nous-mêmes ?
I) J'ai conscience de tout ce que je suis.
1)
La transparence de la conscience.
Ce qui est présent dans la conscience semble directement accessible.
Un simple regard, une simple
introspection suffisent.
De plus, le sens de ce qui est présent dans ma conscience est là en sa totalité.
Avec la
conscience, on est donc de plain-pied dans la signification.
Bref, la conscience est transparente à elle-même.
Et ce
qui se présenterait comme une zone d'ombre ne serait que la conséquence de l'inattention ou d'une attention
insuffisante.
En cela le rapport de la conscience avec elle-même diffère de son rapport avec l'objet.
L'objet est une zone d'opacité pour la conscience.
Quand je m'engage dans la connaissance du monde
extérieur, je quitte le domaine de la certitude.
Seule la transparence de la conscience avec elle-même ouvre la sphère de la certitude.
Autrement dit, je lis
dans ma conscience à livre ouvert.
La certitude n'est jamais que l'adhésion de la conscience à une vérité reconnue
par elle avec évidence comme telle.
2)
L'immédiateté de la conscience.
D'autre part, ce qui fait l'originalité du rapport de la conscience à elle-même, c'est l'immédiateté.
Nul intermédiaire, nulle médiation, la
conscience se donne immédiatement.
Pour Descartes, la vérité se saisit dans le présent et plus précisément dans l'instant.
En effet, c'est au
moment où je prononce « je suis, j'existe » que cette proposition est vraie.
C'est dans l'instant où elle se donne que je l'éprouve dans sa vérité.
Le
présent est la seule chose qui échappe au doute.
Il se distingue du passé qui, en tant qu'il suppose la mémoire, dépend de la fiabilité de cette
dernière et de la reconstruction qu'elle implique.
Seul, le présent est ce qui peut signifier cette immédiateté.
Le présent est le temps de la vérité de la
conscience.
3)
L'unité de la conscience.
Par-delà la multiplicité de ses affections, la conscience est ce qui se présente comme quelque chose d'unique.
Le vécu peut se présenter sous des
formes multiples, les réactions devant des situations diverses, voire identiques, peuvent être différentes, mais en dépit de ces différences, il s'agit
de mon expériences, de mon vécu.
La multiplicité ne prend sens que sur fond d'unité de la conscience.
Ainsi Descartes, dans la « Deuxième
Méditation » reconnaît qu'il existe des facultés diverses et multiples : l'entendement, la volonté, l'imagination, la sensibilité.
Mais ces facultés sont
toutes déduites à partir de l'unité du cogito.
La conscience s'apparaît donc à elle-même comme fondamentalement unique & identique.
Elle joue
comme pouvoir unificateur.
C'est cette unité de la conscience qui assure l'accès à la personne.
Kant écrit : « Posséder le JE dans sa
représentation : ce pouvoir élève l'homme infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre.
Par là, il est une personne ; et grâce à
l'unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et même personne, cad un être entièrement différent,
par le rang et la dignité, de choses, comme le sont les animaux sans raison, dont on peut disposer à sa guise.
» (« Anthropologie du point de vue
pragmatique »).
4) Le pouvoir de la conscience.
Immédiateté et transparence de la conscience à elle-même assurent la présence du sens.
L'unité de la conscience
permet d'assigner un pôle d'identité à une multiplicité d'actes pourtant différents.
De cela et sur cela on peut fonder
le pouvoir de la conscience.
Car la possibilité de référer des actes divers à un même sujet exclut la possibilité de
renvoyer la faute sur autrui.
En outre, la claire transparence de la conscience à elle-même exclut la possibilité d'un
acte dont le sens échapperait au sujet.
II) L'homme est obscur à lui-même.
a) Le moi est pas le maître dans sa propre maison (Freud).
»
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