Agir moralement, est-ce nécessairement lutter contre ses désirs ?
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Approche problématique
La morale est un ensemble de normes qui sont censées diriger les actes de l'homme en société en vertu d'un ordre établi.
Elle découle de la raison et
pour l'appliquer l'homme doit le plus souvent aller contre ses passions, il doit faire appel à sa volonté pour l'appliquer.
C et ensemble de codes peut
apparaître comme des contraintes, c'est un devoir éthique que l'homme doit accomplir pour atteindre une cohésion sociale.
Être moral, c'est être vertueux,
juste.
A insi, agir moralement peut apparaître comme une contrainte face à nos pulsions, à nos désirs.
Lorsque je désire quelque chose, je ressens le plus
souvent une envie égoïste que je dois satisfaire par-dessus tout, ce désir dépasse la dimension morale qui me lie à la société, avant de m'occuper de la
collectivité, je me préoccupe de mon individualité.
Le désir, domaine des passions, prend le dessus sur la morale, domaine de la raison.
Cependant, certains désirs ne peuvent-ils être associés à une certaine sagesse? Si le désir c'est l'inspiration de l'amour, alors ne peut-il nous porter
vers l'amour de l'Humanité? A imer l'Humanité n'est ce pas désirer pour elle le bonheur et ce bonheur ne peut-il s'acquérir en agissant pour le bien être de
l'homme, c'est à dire en agissant moralement? De plus, le désir peut, au même titre que la morale, permettre d'atteindre la sérénité.
En effet, si nous
redéfinissons le désir comme celui de satisfaire uniquement ses besoins naturels, et que comme les stoïciens nous conservons la seule préoccupation de
notre esprit, le désir n'a-t-il pas pour fin l'ataraxie?
Dans ce cas, désir et morale ne vont-ils pas de pair ? Le but dans ce cas n'est-il pas la paix de l'esprit, et ainsi l'ordre établi?
Il faudra donc, pour régler ce problème, distinguer le désir comme satisfaction égoïste de l'individu au mépris d'autrui, et donc qui va à l'encontre de
l'altruisme, domaine de la morale et d'un autre côté le désir comme contempteur de l'esprit et objet d'ataraxie qui vise la paix chaque individu comme la
morale qui vise la paix de la société.
Textes utiles
Rousseau
Exister pour nous, c'est sentir ; notre sensibilité est incontestablement antérieure à notre intelligence, et nous avons eu des sentiments avant des idées.
Quelle que soit la cause de notre être, elle a pourvu à notre conservation en nous donnant des sentiments convenables à notre nature ; et l'on ne saurait
nier qu'au moins ceux-là ne soient innés.
C es sentiments, quant à l'individu, sont l'amour de soi, la crainte de la douleur, l'horreur de la mort, le désir du
bien-être.
M ais si, comme on n'en peut douter, l'homme est sociable par sa nature, ou du moins fait pour le devenir, il ne peut l'être que par d'autres
sentiments innés, relatifs à son espère ; car, à ne considérer que le besoin physique, il doit certainement disperser les hommes au lieu de les rapprocher.
Or
c'est du système moral formé par ce double rapport à soi-même et à ses semblables que naît l'impulsion de la conscience.
C onnaître le bien, ce n'est pas
l'aimer : l'homme n'en a pas la connaissance innée, mais sitôt que sa raison le lui fait connaître, sa conscience le porte à l'aimer : c'est ce sentiment qui est
inné.
Conscience ! conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d'un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible
du bien et du mal, qui rends l'homme semblable à Dieu, c'est toi qui fais l'excellence de sa nature et la moralité de ses actions ; sans toi je ne sens rien en
moi qui m'élève au-dessus des bêtes, que le triste privilège de m'égarer d'erreurs en erreurs à l'aide d'un entendement sans règle et d'une raison sans
principe.
Grâce au ciel, nous voilà délivrés de tout cet effrayant appareil de philosophie : nous pouvons êtres hommes sans être savants ; dispensés de
consumer notre vie à l'étude de la morale, nous avons à moindres frais un guide plus assuré dans ce dédale immense des opinions humaines.
Aristote
A insi tout homme averti fuit l'excès et le défaut, recherche la bonne moyenne et lui donne la préférence, moyenne établie non relativement à l'objet, mais par
rapport à nous.
De même toute connaissance remplit bien son office, à condition d'avoir les yeux sur une juste moyenne et de s'y référer pour ses actes.
C 'est ce qui fait qu'on dit généralement de tout ouvrage convenablement exécuté qu'on ne peut rien lui enlever, ni rien lui ajouter, toute addition et toute
suppression ne pouvant que lui enlever de sa perfection et cet équilibre parfait la conservant.
A insi encore les bons ouvriers couvrent toujours les yeux
fixés sur ce point d'équilibre.
A joutons encore que la vertu, de même que la nature, l'emporte en exactitude et en efficacité sur toute espèce d'art ; dans de
telles conditions, le but que se propose la vertu pourrait bien être une sage moyenne.
Je parle de la vertu morale qui a rapport avec les passions et les
actions humaines, lesquelles comportent excès, défaut et sage moyenne.
Par exemple, les sentiments d'effroi, d'assurance, de désir, de colère, de pitié,
enfin de plaisir ou de peine peuvent nous affecter ou trop ou trop peu, et d'une manière défectueuse dans les deux cas.
Mais si nous éprouvons ces
sentiments au moment opportun, pour des motifs satisfaisants, à l'endroit de gens qui les méritent, pour des fins et dans des conditions convenables, nous
demeurerons dans une excellente moyenne, et c'est là le propre de la vertu : de la même manière, on trouve dans les actions excès, défaut et juste
moyenne.
A insi donc la vertu se rapporte aux actions comme aux passions.
Là l'excès est une faute et le manque provoque le blâme ; en revanche, la juste
moyenne obtient des éloges et le succès, double résultat propre à la vertu.
La vertu est donc une sorte de moyenne, puisque le but qu'elle se propose est un
équilibre entre deux extrêmes...
La vertu est donc une disposition acquise volontaire, consistant par rapport à nous, dans la mesure, définie par la raison
conformément à la conduite d'un homme réfléchi.
Elle tient la juste moyenne entre deux extrémités fâcheuses, l'une par excès, l'autre par défaut.
Épictète
1.
Partage des choses : ce qui est à notre portée, ce qui est hors de notre portée.
À notre portée le jugement, l'impulsion, le désir, l'aversion : en un mot,
tout ce qui est notre oeuvre propre; hors de notre portée, le corps, l'avoir, la réputation, le pouvoir : en un mot, tout ce qui n'est pas notre oeuvre propre.
2.
Et si ce qui est à notre portée est par nature libre, sans empêchements, sans entrave, ce qui est hors de notre portée est inversement faible, esclave,
empêché, étranger.
3.
Donc, rappelle-toi : si tu estimes libre ce qui par nature est esclave, et propre ce qui est étranger, tu seras entravé, tu prendras le
deuil, le trouble t'envahira, tu feras des reproches aux dieux comme aux hommes, mais si tu estimes tien cela seul qui est tien, étranger, comme il l'est en
effet, ce qui est étranger, personne, jamais, ne te contraindra, personne ne t'empêchera, à personne tu ne feras reproche, tu n'accuseras personne, jamais
non, jamais tu n'agiras contre ton gré, d'ennemi tu n'en auras pas, personne ne te nuira, car rien de nuisible non plus ne t'affectera.
Épictète
Puisque l'homme libre est celui à qui tout arrive comme il le désire, me dit un fou, je veux aussi que tout m'arrive comme il me plaît.
- Eh! Mon ami, la folie et
la liberté ne se trouvent jamais ensemble.
La liberté est une chose non seulement très belle, mais très raisonnable et il n'y a rien de plus absurde ni de plus
raisonnable que de former des désirs téméraires et de vouloir que les choses arrivent comme nous les avons pensées.
Quand j'ai le nom de Dion à écrire, il
faut que je l'écrive, non pas comme je veux, mais tel qu'il est, sans y changer une seule lettre.
Il en est de même dans tous les arts et dans toutes les
sciences.
Et tu veux que sur la plus grande et la plus importante de toutes les choses, je veux dire la liberté, on voie régner le caprice et la fantaisie.
Non,
mon ami: la liberté consiste à vouloir que les choses arrivent, non comme il te plaît, mais comme elles arrivent.
Épictète
Il n'y a qu'une route vers le bonheur, c'est de renoncer aux choses qui ne dépendent pas de notre volonté....
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