Accroître sa connaissance est-ce accroître sa souffrance ?
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Analyse
• La connaissance est à la fois l'acte par lequel l'esprit saisit et comprend un objet ; et le résultat de l'acte de
connaître.
C'est donc une activité et un contenu.
On pourrait attendre ici un pluriel (accroître ses connaissances) : le singulier indique qu'il s'agit de toute
connaissance, non pas uniquement par son contenu mais surtout par le simple fait de connaître.
• Connaître, apprendre, étudier, savoir impliquent aussi l'accroissement de la conscience.
Est-ce de là que
procéderait la souffrance ?
• Si la connaissance est, dans un premier temps, perçu comme quelque chose de positif, ce sujet invite à se
demander quelle valeur accorder réellement à la connaissance, non pas sous l'angle épistémologique mais sous celui
du bonheur.
• La souffrance est le fait de souffrir et l'état d'une personne qui souffre : ici, souffrance morale et intellectuelle, et
non physique.
Dans un sens plus rare aujourd'hui, la souffrance est également une tolérance pour ce que l'on
pourrait éviter, le fait de supporter ce qu'on préférait être autre.
Questionnement
• La connaissance, acte intellectuel appartenant au domaine de l'esprit, est-elle ainsi liée à l'affectivité ?
• Comment ce qui est perçu comme un bien (la connaissance) peut-il donner lieu à la souffrance ? Par quels
processus, sur quels modes et pour quelles raisons ?
Enjeu : faut-il pour autant porter un jugement négatif sur la connaissance ?
I – La connaissance est un bien
a.
Valeur de la connaissance
• Pour Platon, connaître le vrai équivaut à connaître le bien.
La connaissance vraie est
un bien en soi, et accroître notre connaissance nous rapproche du bien.
C'est au
contraire la vie dans l'illusion et dans l'erreur qui est une vie de souffrance.
• Il faut mentionner aussi la dimension de consolation et de plaisir de la connaissance :
l'étude permet de s'éloigner des malheurs de l'existence.
• Accroître sa connaissance serait donc accroître son bonheur.
b.
La connaissance comme méthode pour accéder au bonheur
L'activité de la raison, qui permet de distinguer les vertus, conduit à une vie heureuse.
En effet, accroître sa connaissance, c'est également accroître sa connaissance de ce
qui est mauvais pour l'homme.
Ainsi pour Épicure, ce qui engendre une vie heureuse est
« la raison vigilante, qui recherche minutieusement les motifs de ce qu'il faut choisir et de ce qu'il
faut éviter, et qui rejette les vaines opinions grâce auxquelles le plus grand trouble s'empare des
âmes.
De tout cela, la sagesse est le principe et le plus grand des biens.
»
Epicure, Lettre à Ménécée
Transition : cette perspective intellectuelle permet de faire de l'affectif quelque chose de rationnel et qui peut-être
maîtrisé et encadré par l'esprit.
Cependant, la connaissance n'est pas uniquement un acte de la raison ni une somme
de contenus, c'est également un degré supérieur de conscience et de lucidité.
La connaissance n'est donc pas
toute entière dans l'objectivité ; elle est également intégration de données par un sujet, intériorisation, et donc
subjectivité.
II – Connaissance et conscience tragique : un chemin vers la souffrance
a.
La connaissance conduit à la souffrance
C'est parce que la connaissance met en oeuvre la subjectivité qu'elle est source de souffrance.
• La connaissance instaure une distance entre soi et le monde, et une perte de l'immédiateté des choses..
»
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