A-t-on raison d'affirmer que toute vérité n'est bonne à dire ?
Extrait du document
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Mots et expressions clés
• A-t-on raison de...
: il s'agit ici d'interroger la légitimité d'une affirmation, de se demander si et par quoi elle est
fondée, ce qu'elle vaut.
— On peut comprendre le verbe « affirmer » en deux sens : il peut simplement être synonyme de « dire », mais il
peut aussi renvoyer à un certain dogmatisme voire totalitarisme de la pensée.
Car lorsqu'on affirme quelque chose,
c'est parfois envers et contre tout, et selon des principes que l'on n'a pas toujours pris le soin d'examiner.
Il y a
dans l'affirmation péremptoire un côté terrifiant, qu'il ne faudra pas manquer d'interroger.
• toute vérité : l'expression laisse entrevoir qu'il sera possible de nuancer sa réponse, en distinguant différents
types ou contextes de vérité.
• n'est pas : on nous interroge ici sur la nature du vrai ou, plutôt, sur ce qu'il n'est pas.
I1 s'agit de savoir s'il existe
des vérités en elles-mêmes impropres à être dites, ou si le fait de ne pas les divulguer dépend uniquement de leurs
possibles conséquences (blesser, fâcher autrui...).
Doit-on s'interdire de mettre au grand jour certaines vérités,
sous prétexte qu'elles peuvent avoir des répercussions fâcheuses ? Ou doit-on dire le vrai parce que c'est le vrai et
que la vie de tout homme doit aspirer à cette clarté ?
• bonne : renvoie au domaine de l'éthique, mais peut se comprendre en deux sens : un sens pragmatique (une vérité
sera « bonne » à dire si sa divulgation est efficace) et un sens plus moral (il serait plus louable et vertueux de dire
la vérité que de la cacher).
• à dire : là encore, le sujet joue sur la transparence, et insiste sur l'aspect volontaire et fracassant de la
divulgation du vrai.
Car il ne s'agit pas de laisser l'autre le découvrir, mais bien de le lui mettre devant les yeux ou,
plutôt, dans les oreilles.
Et c'est cet aspect fracassant et aveugle que le sujet incite à critiquer.
Recherche des idées
Le sujet sonne comme un proverbe et comme tout proverbe, il repose sur des idées à la fois préconçues et pétries
de bons sens.
En général, on pense que certaines vérités ne sont pas bonnes à dire parce qu'elles peuvent choquer
ou blesser l'autre, voire soi-même (c'est le rôle de la mauvaise foi que de cacher certaines vérités au sujet luimême).
Mais comment les sélectionner ? Comment faire la part de ce qui relève de notre devoir et de ce qui nous
entraîne dans les limites de la lâcheté, voire du mensonge, ou de la méchanceté, voire du harcèlement ? Et si le but
de la vie humaine est de découvrir la vérité, qu'est-ce qui peut bien valoir qu'on la cache ou qu'on refuse soi-même
de la voir ?
Problématique
Il s'agit en somme d'examiner le paradoxe qui veut, d'une part, que l'homme chemine toujours en quête de la vérité
et, d'autre part, qu'il ait parfois besoin, pas seulement pour se consoler, mais pour continuer à vivre, que le vrai soit
temporairement, voire définitivement, voilé.
On montrera dans un premier temps (I) que rien, dans la vérité elle-même, ne requiert de la cacher, puis (II) qu'on
ne peut cependant détacher sa divulgation de ses conséquences.
Citations
• « Une vérité n'est pas fausse parce qu'elle est de dangereuse conséquence » (Hume).
• « Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse devenir une loi universelle » (c'est l'impératif catégorique
repris par Kant dans les Fondements de la métaphysique des moeurs et la Critique de la raison pratique, et dont il
déduit l'interdiction de mentir).
Remarque sur l'intitulé du sujet :
·
Il s'agit de s'interroger sur la vérité en tant qu'elle se dit ; en d'autres termes, on présuppose que quelque
chose est dit, et que ce quelque chose est une vérité.
Le problème étant de savoir si ce quelque chose est, du seul
fait qu'il est vrai, « bon à dire ».
·
En effet, on nous demande d'attribuer une valeur à la vérité : faut-il toujours dire ce qui est vrai ? Il s'agit
de questionner la vérité dans sa dimension morale : vrai et bien coïncident-ils nécessairement ?
·
Enjeu : sincérité et l'honnêteté et plus précisément le droit de taire une vérité, voire de mentir.
·
La question relève de la casuistique (l'art de traiter les cas) : en soi, la vérité est bonne à dire, mais, de fait,
une vérité, une proposition vraie donnée, l'est-elle tout autant ?
·
Pour cerner le problème, il suffit de penser à un cas concret où il est bon de taire la vérité ; [exple : ne
serais-je pas obligé de taire la vérité à un assassin venu tuer mon ami si je veux sauver la vie de ce dernier ?]
ensuite, de souligner en quoi, cependant, on ne pourrait ériger ce cas singulier en règle universelle, c'est-à-dire.
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