A-t-on le droit de forcer la volonté humaine ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet : L'intitulé même du sujet montre une contradiction dans les termes ; en effet, comment penser
une volonté qui serait contrainte ? Une rapide analyse du terme « volonté » éclaire ce paradoxe.
La volonté est la
capacité raisonnée et consciente qui effectue délibérément et librement un acte afin de réaliser une fin possible.
La
volonté humaine est alors une capacité de délibération qui échappe au déterminisme ; là où l'âne de Buridan aurait
eu besoin d'un facteur extérieur qui le pousse à choisir entre le seau d'eau ou le picotin de paille, l'homme peut
grâce à sa volonté se déterminer seul.
Comment ce qui se présente alors comme un acte, une décision libre pourrait
en même temps ne pas l'être ? Mais le sujet porte non pas de savoir si oui ou non il est effectivement possible de
forcer la volonté humaine (et d'ailleurs le sujet sous-entend qu'on peut le faire), mais si moralement, éthiquement ou
politiquement il est permis et acceptable d'obliger une personne à vouloir ce qu'elle ne voulait pas en première
instance.
Le sujet nous invite à se demander s'il existe des motifs recevables, des cas qui peuvent donner droit, qui
autorisent à nier ce qui semble distinguer l'animal (qui semble être soumis toujours au déterminisme) de l'homme.
Problématique : Quels principes légaux ou légitimes peuvent contraindre l'individu ? La volonté n'est-elle pas un
droit inaliénable ? Y a t il un droit supérieur à ceux des individus permettant de les nier ?
Plan possible :
1) Au nom du bien-être, voire du bonheur de l'individu nous pouvons forcer la volonté humaine.
L'exemple de l'enfant
qui désire manger plein de chocolat illustre le fait d'une irresponsabilité qu'il convient de corriger par une éducation
adapter.
L'enfant croit que satisfaire son envie de chocolat est bon pour lui mais la raison montre que ce désir est
déraisonné.
L'attitude enfantine, l'attitude déraisonnable donne donc le droit de forcer la volonté.
C'est la finalité sous-jacente de toute éducation : faire comprendre le bien, le raisonnable dans le but que l'individu
par la suite le veuille.
Puisqu'on peut vouloir le mal (le sadique) il existe une résolution légitime de contraindre au
départ une volonté aveugle qui ne distingue pas ce qu'il convient de faire.
C'est la différence entre dressage et
éducation.
Ceci vaut également pour la société.
Afin d'obtenir une société de citoyens, conscients de leur droits et de leurs
devoirs, il va falloir les contraindre à vouloir respecter les règles.
La référence à Rousseau est utile.
Dans le Contrat
social, chacun participe à l'élaboration des lois et forme ainsi une volonté générale.
Cette forme de société
(démocratie directe où tous participent) est le seul pacte social qui permette la liberté de tous : en obéissant à la
loi qui est l'expression de la volonté générale, j'obéis à moi-même et donc je suis libre.
Cependant, Rousseau
envisage le cas où la volonté générale ne correspond pas avec ma volonté particulière ; la réponse de Rousseau
est claire : « Afin donc que ce pacte social ne soit pas un vain mot (...) que quiconque refusera d'obéir à la volonté
générale, y sera contraint par tout le corps ; ce qui ne signifie autre chose sinon qu'on le forcera à être libre ; »
On trouve cette formule énigmatique au septième chapitre du premier livre du « Contrat
social ».
Rousseau affirme que celui qui refuse d'obéir aux lois peut y être contraint par le corps
social, mais il ajoute que cette contrainte sert en fait la liberté de celui qui y est soumis.
Ce
paradoxe met en évidence la tension qui existe entre notre existence d'individu et notre existence
de citoyen, et interroge sur la conciliation de l'obéissance civique avec la liberté.
Rousseau partage avec les partisans du droit naturel l'idée que l'être humain est naturellement
libre et autonome, chacun d'entre nous a naturellement le droit de décider de ses propres actions,
dans son propre intérêt.
Or, l'intégration à un Etat nécessite une organisation sociale, des lois, un
pouvoir commun.
Le problème central qu'examine le « Contrat social » est de savoir ce qu'est une
loi légitime, ou encore de déterminer à quoi chacun de nous s'engage en vivant sous un pouvoir
commun.
Qu'est-ce que je donne de mon pouvoir de me diriger moi-même ? à qui ? en l'échange de
quoi ? Ou encore, dans quel but véritable les hommes décident-ils de s'associer, de se donner des
lois communes ?
Alors que Hobbes pense que le souci d'être en sécurité est le principal moteur de la vie sociale,
Rousseau affirme que « renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme ».
Non
seulement la liberté est inaliénable, et nul ne peut vouloir être soumis à un autre, mais surtout les
hommes s'associent pour conserver leur liberté et se préserver des rapports de dépendance
personnelle.
Le problème de la création de l'Etat légitime peut donc s'énoncer ainsi : « Trouver une forme
d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de
chaque associé, et par laquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste
aussi libre qu'auparavant.
»
Or, comment créer des lois et n'obéir à personne ? La réponse de Rousseau est apparemment simple : « Le peuple soumis aux lois doit en être
l'auteur.
»
Chaque individu promet d'obéir à la « volonté générale ».
La « volonté générale » est ce qu'il y a de commun dans toutes les volontés.
Par
exemple, au moment où un groupe d'individus veut s'associer, il existe en chacun de ses futurs membres une volonté commune : créer cette
association, quelles que soient par ailleurs leurs volontés particulières et différentes, singulières.
En promettant d'obéir à la « volonté générale »,
je ne promets en fait que d'obéir à moi-même, qu'à une partie de ma volonté, qui se trouve coïncider avec celle des autres.
Sans doute, en
obéissant à la « volonté générale », ne réaliserai-je pas toutes mes volontés, je ne satisferai pas tous mes intérêts.
Mais je me réaliserai que ce que
je veux, que mes intérêts.
En aucun cas je ne serai soumis à la volonté d'un autre.
Bref, je resterai libre.
« Tant que les sujets ne sont soumis qu'à de telles conventions, ils n'obéissent à personne, mais seulement à leur propre volonté.
»
En obéissant à la loi, qui n'est qu'une déclaration de la « volonté générale », je perds ma liberté naturelle de faire tout ce que je veux ou plus
précisément tout ce que je peux , étant donné la force des autres qui peuvent s'opposer à mes projets.
Mais je gagne précisément une liberté.
»
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