A-t-on intérêt à être moral ?
Extrait du document
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De prime abord, la moralité semble s'imposer à nous de manière extérieure : elle pose des valeurs, notamment
le bien et le mal, auxquelles il faudrait se plier inconditionnellement.
Or, d'où peut provenir une telle exigence et estelle légitime ? En somme, pourquoi être moral ?
La question qui nous est posée est intéressante à maints égard : il ne s'agit pas se demander comment être
moral, c'est-à-dire en quoi consiste la moralité et de quelle manière s'y conformer.
Plutôt, notre question prend
l'allure d'une « rébellion » : certes la morale existe, mais pourquoi s'y conformer ? Notre sujet prend donc acte de la
morale elle-même (qu'il faudra définir précisément) et se demande de quel droit celle-ci s'impose à nous : en somme,
doit-on être moral ? Y a-t-il une raison d'être moral plutôt que immoral ?
Afin de répondre, il va nous falloir éviter le double écueil 1° de la critique pure et simple de la morale, au sens
où il ne servirait à rien d'être moral et 2° de l'éloge béat de la morale, au sens où elle seule poserait des valeurs
sûres.
Notre analyse doit se porter sur la nature de la morale (avant tout jugement de valeur), afin de déterminer si
nous avons de bonnes raisons ou non d'être moraux.
I – Kant : la volonté bonne et la notion de devoir
Dans les Fondements de la métaphysique des mœurs, Kant explique
que c'est à cause de notre condition d'être rationnel que nous devons être
moraux.
En effet, dit-il, notre volonté peut bien se porter sur des objets
particuliers, avantageux pour nous, mais en faisant cela elle offusque la raison
de l'homme.
Les êtres raisonnables (dont l'homme) sont les seuls qui peuvent
éclairer leur volonté par la raison afin de la rendre bonne.
Or, la bonne volonté
est la volonté qui agit par devoir.
L'idée de devoir évoque celle d'impératif.
En effet, la morale s'exprime
dans des formules telles que le commandement « Tu ne tueras point ».
Cependant, quelle légitimité possède un tel impératif ? Le devoir, nous dit
Kant, est le respect de la loi morale qui s'énonce ainsi : Agis toujours de telle
sorte que la maxime de ton action puisse devenir universelle.
Par exemple, le
mensonge, s'il devenait universel, ruinerait toute confiance entre les hommes.
La volonté ne doit donc pas se porter sur des biens particuliers, selon
un intérêt personnel, mais suivre la loi morale, qui est issue directement de la
raison ; or, pour la volonté qui n'est pas conforme à la raison, la loi morale,
objectivement valable, reste une contrainte extérieure.
Cependant, la volonté
bonne, qui reconnaît la raison, comprend que la loi morale est la seule garante
de l'action.
Dès lors, pour Kant, s'il faut être moral, c'est parce que nous sommes
des êtres raisonnables (doués de raison) ; il est là question de dignité, c'est-à-dire de savoir se rendre digne de
notre humanité.
Or, une fois cela compris, la morale n'est plus perçue comme une contrainte.
II – Schopenhauer : la morale de pitié
Comme nous venons de le voir, la raison inhérente aux hommes les
contraint à la moralité.
La morale est la conduite, par la raison, de la volonté.
En cela, les hommes doivent aspirer à la morale.
Cependant, cette thèse,
pour forte qu'elle soit, recèle un présupposé : l'homme est un être rationnel.
Or, rien n'est moins sûr, notamment pour Schopenhauer.
Celui-ci, en effet,
critique la morale kantienne pour deux raisons : 1° la raison n'est pas ce qui
distingue l'homme ; 2° la morale, si elle se cantonne au pur devoir, reste vide
et peu contraignante.
Examinons ces deux points.
Premièrement, la raison, pour Schopenhauer, n'est plus ce qui
distingue l'homme de la bête.
Tous les deux sont soumis à une même pulsion
appelée vouloir-vivre et la raison n'est qu'un instrument au service de cette
pulsion.
Elle possède certes un intérêt – celui de permettre une pensée par
concepts – mais elle n'est plus ce qui opère la rupture entre l'homme et la
bête.
Pour Schopenhauer, même si l'homme pense, il reste un animal.
Ainsi, la
moralité ne peut se fonder sur la rationalité présumée de l'homme.
De fait, et
c'est le deuxième point, une exigence de moralité purement rationnelle reste
vide pour Schopenhauer.
Le vrai fondement de la morale sera donc la pitié.
En effet, alors que pour Kant la volonté doit se soumettre à la loi
morale de la raison, afin de s'en rendre digne, de l'aveu même de Kant, tel
n'est pas couramment le cas.
Schopenhauer remarque que si l'homme doit se
rendre digne de son humanité, il peut ne pas consentir à le faire et passer
outre le devoir.
Pour Schopenhauer, la morale doit donc reposer sur un principe vécu et propre à la garantir : la
pitié.
Celle-ci naît lorsque l'homme prend conscience du vouloir-vivre, sorte de pulsion tyrannique qui domine le
monde (notamment la pulsion sexuelle) et l'imbibe de souffrance.
La pitié est donc le sentiment qui naît devant le
spectacle d'un monde en souffrance.
La raison n'est donc pas pour Schopenhauer un motif de moralité.
Selon lui, la moralité prend sa source dans.
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