A quoi tient la force des religions ?
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PRÉSENTATION DU SUJET ET ANALYSE DE SES ENJEUX
On peut envisager le phénomène religieux de deux manières: soit en tant que rapport entre l'homme et le divin;
soit en tant que lien entre les hommes, lien fondé sur des croyances et des rites communs.
La religion peut être
considérée comme une force dans la mesure où elle est capable de réunir durablement des individus et d'entretenir
en eux une cohésion et des croyances très fortes, pouvant aller jusqu'au fanatisme.
Les fondateurs de religion
(Moïse, Jésus-Christ, Mahomet...) accomplissent ce que les grands législateurs politiques parviennent difficilement à
réaliser: créer une société solide et durable.
Les États passent; les religions demeurent.
Les premiers se servent
d'ailleurs souvent de la force des secondes pour affermir leur pouvoir.
Cohésion, puissance d'entraînement,
pérennité..., toutes ces caractéristiques peuvent être considérées comme l'expression de la «force des religions».
À quoi tient la force des religions? Il ne s'agissait pas d'énumérer des réponses possibles, d'accumuler des
facteurs jugés responsables de la cohésion religieuse.
Comme toujours, c'est une problématisation du sujet qui est
attendue.
En l'occurrence, le présupposé du sujet pouvait faire l'objet d'une discussion critique: les religions sont
supposées fortes.
Le sont-elles vraiment et dans quelle mesure? N'ont-elles pas des «faiblesses»? Ou encore: on
nous invite à réfléchir sur les religions en général, comme si elles partageaient une même essence.
Or le fait religieux
est pluriel et ce qui peut être dit d'une religion polythéiste ne peut peut-être pas se dire d'une religion monothéiste.
Le sujet réclamait donc que soit mise en question, d'une manière plus ou moins développée, la légitimité d'un
discours général sur le religieux.
I- LES TERMES DU SUJET
Le mot "religion" désigne plusieurs choses.
Il s'agit d'un ensemble de dogmes et de rites qui unissent les hommes.
Ils
croient à un même dieu et lui témoignent leur foi de la même façon.
La religion crée une communauté humaine
soumise à une même vérité.
Mais on assimile souvent la religion au sentiment personnel du divin : à la croyance en Dieu, un être immatériel, qui
serait la source de toutes choses et qui détiendrait la vérité sur le sens de notre existence.
II - L'ANALYSE DU PROBLÈME
Le sentiment religieux (la foi en un dieu) est une croyance sans preuve.
On ne peut pas justifier les affirmations
religieuses, on ne peut pas convaincre les autres du bien-fondé de notre croyance.
Dès lors, comment la religion
fait-elle des adeptes ? Comment un petit groupe de Chrétiens a-t-il pu convaincre peu à peu des milliers de
personnes de se joindre à eux ?
La religion a-t-elle une force de persuasion ?
On a vu des hommes se sacrifier au nom de leur dieu.
Comment une foi, donc une croyance si fragile, peut-elle
soutenir l'action, donner un tel courage aux hommes ?
III - UNE DÉMARCHE POSSIBLE
A - LA RELIGION CREE UNE COMMUNAUTE SPIRITUELLE QUI SOUTIENT SES MEMBRES
1) La religion propose un ensemble de dogmes qui rassurent les hommes
Notre science est étendue, mais elle a des limites : elle ne dit rien de l'origine, ni de l'au-delà.
Nul ne sait pourquoi le
monde est apparu, et beaucoup redoutent l'inconnu qui suivra notre mort.
Dans ces trous noirs du savoir, la religion peut avancer des dogmes : des affirmations, sans preuve, sans raison,
sans vérification possible.
Ces dogmes ont pour mission de nous rassurer, de nous permettre d'espérer quelque chose de meilleur.
"La religion
est l'opium du peuple", disait Marx : l'opium sert à soulager les souffrances et à vivre dans l'imaginaire.
La force de la
religion est dans sa capacité à nous consoler et à nous apaiser.
2) La religion donne un sens à l'absurde en donnant une direction aux actes
Dans l'histoire, on ne voit pas le sens des entreprises humaines.
Il semble, au contraire, que le désordre et l'excès
soient la règle.
On aimerait croire que derrière l'injustice ou la fureur, se dessine un sens.
La religion soutient cette
croyance.
Telle est la représentation de l'histoire que se fait Bossuet, par exemple.
La religion permet donc d'espérer : que la mort ne soit pas définitive, que le mal soit un jour puni, que l'action
humaine ne soit pas vaine.
La religion a donc la force du désir qui engendre l'optimisme ou l'illusion.
B - LA RELIGION MISE SUR LA FORCE DE L'IRRATIONNEL
1) Le sentiment ne doute pas de lui-même.
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