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A quoi reconnaître qu'une science est une science ?

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« A quoi reconnaître qu'une science est une science ? Introduction • Un constat : Une science se définit ordinairement comme un « ensemble de connaissances, d'études d'une valeur universelle, caractérisées par un objet et une méthode déterminées, et fondées sur des relations objectives et vérifiables ».

Certaines discipline sont considérées d'un commun accord comme étant des sciences : par exemple la physique, la chimie, la biologie ; pour d'autres, on discute de savoir si elle sont véritablement des sciences, par exemple pour l'histoire, la psychanalyse, les sciences humaines en général; à d'autres fins, on dénie le statut de science, par exemple à l'astrologie. La théorie • Le mot théorie, en sciences, n'a pas le sens péjoratif que l'opinion lui prête souvent.

Qu'elle soit scientifique ou non, toute théorie est d'abord un point de vue intellectuel (théoricien en grec signifie contempler).

Elle est, d'autre part, un ensemble d'idées coordonnées logiquement (cf.

la théorie freudienne de l'inconscient, la théorie évolutionniste de Darwin), ou même systématisées mathématiquement (cf.

la théorie de la gravitation universelle de Newton : la loi de la pesanteur, les lois de Kepler sur les mouvements des planètes, etc., y sont déductibles mathématiquement). La théorie scientifique • Pour être scientifique, il ne suffit cependant pas qu'une théorie soit constituée de propositions, hypothèses ou lois articulées de façon rigoureusement logique.

Elle doit l'être en effet, mais si elle n'était que cohérente la théorie scientifique se confondrait avec les mathématiques.

Celles-ci procèdent par « construction de concepts » (Kant), elles se donnent leurs objets, elles ne posent donc pas nécessairement la question de leur rapport au réel.

Au contraire, une théorie n'est considérée comme scientifique que si elle est confrontée au domaine de la réalité dont elle prétend apporter une certaine connaissance (la lumière, le vivant, tel comportement, etc.).

Elle a nécessairement rapport à des faits. • Une théorie scientifique vise donc une certaine vérité, non une simple validité formelle.

On dit qu'elle est plus ou moins vérifiée.

Mais il ne faudrait pas s'imaginer qu'il y a d'un côté une théorie, puis de l'autre des faits qui, ensuite, viendraient éventuellement « dire » si la théorie est, ou non, vraie.

La démarche est plus complexe. 2.

Les faits scientifiques « C'est un fait ! » • L'opinion commune a souvent recours à un « fait » pour clore une discussion.

« C'est un fait ! », dit-on ; nous comprenons ; inclinez-vous.

Mais le fait qui « saute aux yeux » n'a de sens que si je regarde dans sa direction et parce que je l'introduis dans une pensée où il signifie quelque chose.

Il n'est jamais pure donnée dont le constat instruirait miraculeusement la pensée.

Dans la mesure où il a un sens, il appartient à une théorie interprétative implicite. • Même un exemple très simple le montre.

C'est un fait que « la terre est ronde » ; mais c'est un fait aussi qu'elle « est » plate, comme on le crut.

On ne le crut que parce que ce « fait » s'imposait, non en soi, mais dans un monde où les significations sont portées par les perspectives que suggère, à une certaine époque, l'existence quotidienne. Et, en ce sens, la terre m'apparaît toujours plate, bien que je la sache ronde, mais d'une « rotondité » qui permet justement de comprendre le « fait » qu'elle est plate d'un certain point de vue.

Une certaine forme de théorie est déjà présente, qu'il est possible d'expliciter. Le fait scientifique est inséparable d'une théorie • Sans énumérer tous les caractères du fait scientifique, il est nécessaire de mettre l'accent sur l'un d'entre eux, qui éclaire la réflexion. • Le fait scientifique est toujours explicitement et consciemment (à la différence du fait préscientifique) élaboré, construit et pas seulement constaté ; il est saisi à l'aide d'instruments et mesuré.

Le réel scientifique est réalisé, at-on dit, ou encore : les faits scientifiques sont faits.

Ces procédures ne sont pas accessoires, mais bien constitutives de la démarche scientifique. • « Bien loin qu'un fait perçu ou observé soit, du seul fait qu'il est perçu et observé, un argument pour ou contre une hypothèse, il doit d'abord être critiqué et reconstruit de façon que sa traduction conceptuelle le rende logiquement comparable à l'hypothèse en question [...].

Seuls les faits réformés apportent des informations (G. Canguilhem, « Leçons sur la méthode », publié in Bourdieu et al., Le Métier de Sociologue, Mouton, 1973, p.

269). Seuls de tels faits peuvent éventuellement confirmer ou infirmer une théorie.

C'est ce qu'il faut préciser. 3.

Vérification de la théorie ?. »

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