A quoi peut-on reconnaître la liberté de l'esprit ?

« VOCABULAIRE: ESPRIT: Du latin spiritus, «souffle» (qui anime la matière). * Dans la langue religieuse (le Saint-Esprit), le souffle ou le principe divin. * Par opposition au corps : principe individuel de la pensée, conscience. * Par opposition à la matière : le monde de la pensée, la réalité spirituelle. * Chez Hegel, l'Esprit (avec une majuscule) est le principe rationnel qui gouverne le monde. LIBERTÉ: Ce mot, en philosophie a trois sens : 1° Libre arbitre.

Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun d'eux. 2° Liberté de spontanéité.

S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être contraint par une force extérieure. 3° Liberté du sage.

État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison. Introduction Si la liberté distingue l'homme des animaux gouvernés par l'instinct, c'est, pense-t-on couramment, parce qu'il est un animal raisonnable, un être d'esprit.

Mais cette évidence rassurante et gratifiante est souvent remise en cause par des psychologues avertis ou par le développement des sciences humaines.

Ces entreprises posent comme un défi cette question : à quoi reconnaît-on la liberté de l'esprit ? Nous envisagerons tout d'abord les raisons qui font que cette question n'appelle pas seulement la description d'une réalité, mais bien une réflexion sur un problème.

Nous examinerons ensuite les signes les plus plausibles d'une liberté de l'esprit ; nous verrons enfin pourquoi cette liberté peut difficilement se maintenir sans l'acte qui la reconnaît activement en tant que telle. I.

Une liberté qui doit se faire reconnaître L'esprit n'est-il pas libre ? Pourquoi le problème se pose-t-il ? S'il y a une liberté, n'est-ce pas par principe celle de l'esprit ? N'en faisons-nous pas l'expérience quotidienne, n'en avons-nous pas le sentiment intime ? Cette liberté n'est-elle pas la seule qui soit réellement inexpugnable ? Pourquoi en demander des signes de reconnaissance ? Une liberté plus discrète que la liberté physique. C'est que la liberté de l'esprit ne se constate pas mais s'affirme.

La liberté physique ou politique, par exemple la liberté d'aller et venir ou de se réunir, de s'exprimer, de chercher du travail ...

cette liberté illustrée par des libertés particulières est un fait que l'on peut constater.

Mais la liberté de l'esprit ne se constate qu'à travers des manifestations qui peuvent recevoir bien d'antres interprétations. La tentation déterministe. La psychologie ou la sociologie, sans parler de la neurobiologie, ne sont-elles pas en effet de plus en plus en mesure de rendre compte de toute la vie de l'esprit ? La tentation toujours présente de fournir une explication objective rend nécessaire une véritable reconnaissance, au sens de discernement et d'affirmation.

Il en va ainsi notamment avec les avancées de la neurobiologie, qui étudie les relations existant entre l'organisation des neurones et de leurs connexions et le comportement humain : quelle que puisse être la complexité des modèles qu'elle élabore, le philosophe lui objecte qu'il demeure une différence essentielle entre la modélisation scientifique d'un comportement et son « vécu » (c'est l'objection que fait Paul Ricoeur à Jean-Pierre Changeux). II.

Les signes de la liberté. La tentation déterministe ne satisfait pourtant pas la demande de la conscience qui cherche à donner un sens à l'idée de liberté.

À quels signes pourrait-on alors la reconnaître ? La pensée ordinaire. On pourrait penser que je prouve la liberté de mon esprit le plus simplement du monde, par la possibilité de penser ce que je veux quand je le veux, de passer d'une idée à l'autre, etc..

Mais bien vite on remarque que la pensée ordinaire n'est pas très libre, car elle répond souvent à des sollicitations extérieures et est marquée par les lieux communs et les préjugés. L'originalité.. »