A quoi bon l'oeuvre d'art dans un monde de machines?
Extrait du document
«
Le monde de machine dans lequel nous vivons est le monde de l'industrie, de la mécanisation des procédés de construction.
L'industrie
a fait irruption dans un monde autrefois régi par les codes historiques ou coutumiers, l'industrie a fait émergé une façon de concevoir les
choses hors de tout contexte historique.
Elle a la capacité de produire des formes rapidement et à la chaîne et a pour seule visée l'utilité.
L'industrie a ses débuts fut accusée d'enlaidir le paysage, de dénaturer les villes.
Les cheminées, les locomotives, les usines
nouvellement construites ont suscité beaucoup de d'antipathie.
L'art a été une solution pour parer à cette laideur industrielle.
Quel rôle
l'art peut-il jouer dans la civilisation industrielle ? Il peut aussi renvoyer l'image de ces transformations, représenter les changements
intervenus dans la société, souligner les nouveaux rapports de l'homme à la nature.
1) L'art à l'époque de l'industrie.
Le problème de l'oeuvre d'art à l'époque industrielle se résume presque à ce duel entre la beauté et l'utilité.
Cette compensation de
l'impersonnalité et de la froide utilité par une volonté esthétique souvent parente à une référence aux styles du passé aboutiront souvent
au kitsch.
Le fonctionnalisme dans sa forme pure, pour qui la fonction crée la forme évitera justement toute enveloppe kitsch qui se
surajoutera à la structure d'un bâtiment et tendra plutôt aux lignes droites et au refus de tout ornement comme dans l'architecture d'Adolf
Loos qu'on peut qualifier d' anti-kitsch par excellence.
L'essai d'Adolf Loos, Ornament und Verbrechen (1908) ( Crime et ornement), où l'auteur
lance une attaque virulente contre la production d'objets surchargés, et associe l'accumulation d'ornements avec le niveau le plus bas de
la civilisation et compare les ornements de l'architecture avec les tatouages des peuples barbares.
Adolf Loos voit dans l'ornement, un
élément fondamental dans l'art de l'Ancien Régime.
L'absence d'ornement serait le symbole d'une production humaine et moderne
d'objets manufacturés, qui aurait rompu avec le fonctionnement corporatiste et féodal des métiers.
Par exemple, la production des
meubles, autrefois était divisée en plusieurs activités comme la marqueterie, l'ébénisterie, serrurerie, etc.
La présence des ornements
dans l'art serait le reflet d'une société verticale dont Dieu serait le sommet.
L'art baroque en est le plus éloquent exemple, et l'Art
nouveau n'aurait pas totalement rompu avec l'art corporatiste et l'ordre ancien qu'on voit persister dans les circonvolutions mystérieuses
de ses ornements végétaux.
La position assez radicale de Loos met à jour le problème de l'esthétisation de l'utile et de ce qui est issu
de l'industrie.
Cette esthétisation peut être aussi celle de la civilisation industrielle elle-même.
L'art peut embellir un bâtiment ou créer un
édifice ou une architecture qui contribue à combattre l'uniformité générale des villes modernes.
On peut avoir d'un côté, des édifices
purement utilitaires et d'autres qui ne sont construits que pour le plaisir de l'art.
2) La naissance de l'esthétique industrielle.
Les problèmes que pose la civilisation industrielle à l'art sont divers.
Les nouveaux matériaux offrent des possibilités immenses à des
artistes et architectes parfois dépourvus d'inspiration ou issus de formations très académiques.
Des matériaux comme le fer ou le verre
et la relative croissance économique de la fin du XIXe siècle et du début du XXe permettront d'exécuter de nombreuses fantaisies
architecturales qui étaient autrefois impossibles à réaliser.
La « Belle époque » entre 1870 et 1914 en France, ainsi qu'en Allemagne offre
un cadre relativement optimiste aux artistes.
C'est une époque de plaisirs bourgeois qui s'exprime dans l'art par un érotisme diffus, une
soif d'exotisme et de fantaisies.
C'est un art qui n'est pas fondamentalement sérieux ; un art sucré des pièces- montées.
Ce goût de
l'évasion et du léger sera l'habillement d'une bonne partie de l' architecture dite de fer et de béton et des démonstrations de modernité
qu'ont été les expositions universelles qui se sont déroulées pour la plupart à Paris à la fin du XIXe siècle.
Les artistes se trouveront en
position de camoufler le travail des ingénieurs, comme si deux époques se superposaient, la plus ancienne se plaçant au dessus de la
plus récente.
L'autre solution comme on l'a vu est un retour complet à l'artisanat.
3) L'art comme représentation de l'industrie, l'évasion d'un monde mécanisé.
L'idée de démocratiser l'art se retrouvera d'une manière paradoxale dans l'Art Nouveau.
En effet, des théoriciens comme William Morris
ont le regard tourné vers le peuple et le prolétariat, qui selon lui ont été les catégories sociales qui ont le plus souffert de
l'industrialisation.
Il fallait rendre acceptable le quotidien des villes industrielles en faisant rentrer l'art dans tous les endroits de
l'habitation.
Mais dans les faits, le Modern Style ne proposera rien de populaire, en laissant à l'artisanat le soin de produire tous les objets
de la vie quotidienne, il a enlevé la possibilité aux moins riches de se procurer ces mêmes objets.
Le Modern Style a produit en série des
objets réputés être uniques comme les bouches de Métro d'Hector Guimard ou les vases de Daum [1] .
Le caractère semi industriel de l'Art
Le Modern Style sera cette volonté d'embellir l'univers quotidien en supprimant les frontières entre arts majeurs et mineurs.
Ce
mouvement s'attachera à défendre les classes sociales les plus durement touchées par la civilisation industrielle.
C'est dans le rejet du
capitalisme et la négation même de la beauté qu'il représente, que va se fonder l'Art Nouveau.
Cet art apparaît à la fin du XIXe siècle où justement le trafic humain ne cesse de s'accélérer, où l'efficacité mécanique n'a jamais été
aussi grande.
Le cinématographe naît en 1895 sous l'impulsion des frères Lumières et l'impressionnisme montre ses derniers chefs
d'oeuvres.
Les impressionnistes sont fascinés par les phénomènes atmosphériques et leurs mouvements.
Ils vont peindre le temps tel
qu'il s'écoule, et ne s'intéressent, dans la nature, qu'aux changements de lumière, de climat.
Le mois, l'heure, l'évolution du temps, sont
autant d'agents dont l'effet est de dissoudre les contours des choses, d'effacer tout ce qui définit et immobilise les formes.
Aussi, portentils toute leur attention sur les accidents météorologiques : neiges, brouillards, inondations, dégels, débâcles, ainsi que sur les forces les
plus fluides de la nature : l'air, l'eau, les rivières, les flots de la mer déferlant contre les rochers.
L'artiste ne se donne plus pour tâche de
distinguer et signifier des objets, mais d'exprimer la souveraine et magique énergie métamorphosante de l'atmosphère, du ciel, et des
éléments.
Les impressionnistes peignent la vie moderne, et s'intéressent aussi à la civilisation industrielle.
Claude Monet pose son
chevalet à la gare St- Lazare à de multiples reprises.
De même Pissarro (1830-1903) a renouvelé le répertoire de la peinture de paysage
avec des vues urbaines parisiennes comme L'avenue de l'opéra à Paris (1897-1898) où règne une circulation dense, et les vues comme La
gare de Lordship Lane L'art par le biais de l'impressionnisme se décide enfin à regarder du côté de l'industrie, et de la civilisation moderne.
Il représente les mouvements de la nature et de l'homme et sort de la représentation du statique.
Conclusion.
L'art dans un monde de machine sert avant tout à embellir une industrie qui ne peut avoir aucune visée esthétisante.
L'art à lui seul ne
peut repousser toute une civilisation basée sur l'industrie, mais il peut concourir à la rendre acceptable.
L'art combat l'uniformité grise des
villes modernes, tout ce qui est trop rectiligne.
L'art peut aussi récupérer l'esthétique industrielle et lui redonner une signification et un
sens pour la vie quotidienne, il peut aussi représenter les changements qu'à provoquer l'irruption de l'industrie dans un monde qui n'y est
pas forcément préparé.
L'architecture, le design tout comme la peinture participe à édifier le monde que l'on connaît..
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